Anthony n'en est pas à son premier bateau. Le précédent était un Cranchi 34 avec deux gros diesels de plus de 300 chevaux. Devant les factures d'entretien qui tombaient, il a voulu passer à plus raisonnable. Il a trouvé sur Leboncoin un Searay 220 Sundancer (7,50 m) avec sa remorque. Le moteur Mercruiser essence ne démarre plus, mais cela ne fait pas peur à Anthony, mécanicien de métier.
Une achat à zéro euro !
L'ancien propriétaire lui livre le bateau directement dans sa cour. La transaction est prévue pour 1000 €, mais finalement, c'est un échange avec un Quad (en panne de surcroit) qui finalisera la vente. Aucun euro n'est changé !
Anthony se met en tête de redémarrer le moteur. Ce sera chose vite faite puisqu'il s'agit juste d'un coupe-batterie qui est défectueux… Le moteur tourne, mais pour autant Anthony entreprend de le rénover. Le V6 Mercruiser de 4,3 litres à carburateur va être déposé. Il sera rincé, sablé et repeint avec les couleurs d'origine de Mercruiser : noir et rouge. Tous les joints sont changés pour l'occasion. Malgré la remise à neuf de la motorisation, Anthony imagine de pouvoir naviguer sans bruit, ni vibration, ni fumée. Il met en place une sorte de motorisation hybride.
Ce projet commence par couvrir le bateau de 4 panneaux solaires de 435 W chacun (1740 W en tout). Il commande aussi 2 batteries dites de 2eme génération, des batteries recyclées de Renault Twizy. Leur capacité est de 2 x 9000 W. Ce sont des batteries Lithium Manganèse qui fonctionnent en 48 V. Il leur ajoute un chargeur convertisseur et un régulateur MPPT. Il trouve tout ce matériel dans les solutions terrestres, du matériel pour les maisons.
Un premier essai en propulsion hybride
Pour la propulsion, il imagine fixer les 2 moteurs électriques directement sur la plaque antiventilation de l'embase du Z-drive (agrandie pour l'occasion). Des sortes de pod que l'on peut utiliser une fois le moteur thermique coupé. Mais la poussée de ce montage est un peu faible. En motorisation électrique, il ne dépasse pas 4 à 5 km/h. Même si le marin est adepte de la "slow life", ce n'est tout de même pas rapide. Pour autant, les moteurs ne gênent pas quand on démarre le thermique. Une fois le bateau déjaugé, ils restent au-dessus de l'eau sans trainer. Mais ainsi chargé, avec les panneaux solaires, les batteries et le moteur thermique, le bateau a le cul dans l'eau. Il penche fortement. Son assiette sur l'arrière rend inutilisable la plateforme arrière. Il faut trouver une autre solution.
Abandon du moteur thermique
De retour à la maison, il va choisir d'abandonner la propulsion thermique pour passer au tout électrique. Ainsi le Mercruiser d'origine, son embase et tous les accessoires vont être mis en vente. Trois jours plus tard, le moteur complet est vendu pour 3500 €. Ce budget va être réinvesti dans 2 hors-bord électriques : des ePropulsion Navy 3, des moteurs de 3 kW chacun soit l'équivalent d'environ 2 x 8 ch en thermique, selon l'équivalence de couple des constructeurs. Les 2 moteurs sont simplement installés sur la plage arrière. Le reste de l'installation électrique ne change pas, même si Anthony teste de nouvelles batteries pour augmenter l'autonomie.
Doucement mais sans carburant
Avec cette nouvelle installation, les performances sont meilleures. La vitesse maxi atteint presque 11 km/h (6 nœuds). En navigation de croisière, en mettant les moteurs à 2 x 1300 W, le bateau navigue à 9,3 km/h (5 nœuds). Reste la question de l'autonomie qu'il estime à environ 10 h sans s'appuyer sur la charge des panneaux solaires (navigation de nuit par exemple).
Le 220 V pour tous les appareils du bord
Côté confort, Anthony a fait le choix de tout passer en 220 V. Ainsi, son bateau est équipé d'une climatisation, d'un frigo, d'une cafetière, d'un micro-onde… Même le chauffe-eau est en 220 V. Tous ces appareils sont alimentés par le convertisseur qui produit 5000 W. Et pourtant, Anthony ne branche jamais son bateau à la prise. Les panneaux solaires suffisent pour recharger le parc batterie après l'utilisation.
Naviguant à Port la Nouvelle (11) où il est stocké au port à sec, le bateau ainsi couvert de panneaux solaires déclenche l'intérêt des plaisanciers alentour. Chacun y va de son commentaire et des liens se créent. Et Anthony est heureux de pouvoir profiter de son installation sans jamais passer à la pompe…