Accueillir des jeunes en difficulté lors de séjours éducatifs en mer
Cédric Bar a fondé l'association Vent du Large en 2005 avec pour idée de proposer des sorties en mer de plusieurs jours à des jeunes en difficulté. En collaboration avec des clubs de prévention, des centres sociaux, des services d'aide à l'enfance et ces dernières années en partenariat avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse du sud-est, il réalise plusieurs séjours par an sur son First 35 au départ de Sormiou (Marseille) pour une navigation jusqu'en Corse.
À son bord, il accueille des mineurs sous main de justice qui proviennent soit d'Unités Éducatives de Milieu Ouvert, les jeunes sont à domicile suivis par des éducateurs, soit de Centres Éducatifs Fermés, sorte d'alternative à la prison pour mineurs, où ils sont encadrés par des éducateurs.
"Je suis militant et porte-parole de ce projet. J'adore travailler avec des jeunes. Au fil du temps, on a développé des séjours plus longs, plus ou moins engagés en fonction des profils des jeunes et des éducateurs, jusqu'à la conclusion qu'il fallait de l'intensité dans les séjours. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on passe au moins une nuit en mer. En 2021, on a organisé 5 séjours de ce type" explique Cédric Bar.
Une semaine de navigation entre le continent et la Corse
Ces séjours sous forme d'aller-retour (avec échange de groupe) entre Marseille et la Corse se déroulent sur une durée d'entre 7 et 10 jours avec plusieurs escales au mouillage sur le continent et l'île de beauté avant une arrivée programmée à Ajaccio.
"Ce séjour d'une semaine se déroule sur 3 temps. Les jeunes embarqués n'ont jamais fait de bateau avant. Il y a 2/3 jours de mise en place avec une prise en main et l'apprentissage des règles de navigation et de sécurité. Puis 24 à 36 h de navigation pour effectuer la traversée, temps fort de ces séjours éducatifs. Le bateau n'est pas équipé de pilote, ainsi, tout le monde barre et prend son quart. On les implique dans la navigation. Enfin, on reste sur place 2 à 3 jours pour visiter la côte Nord-Ouest de la Corse. Ce programme peut varier en fonction de la météo" détaille le fondateur de l'association.
Leur faire vivre une expérience exaltante et valorisante
Les embarquements se font en moyenne à 6 personnes : 4 jeunes accompagnés d'un ou deux éducateurs pour les milieux ouverts et 3 jeunes et 2 éducateurs pour les milieux fermés. À chaque fois, ces groupes sont accompagnés de Cédric qui joue le rôle de skipper et encourage ces jeunes moussaillons d'une semaine.
"J'encadre la navigation, mais j'ai l'habitude de gérer ces groupes. J'ai déjà fait 35 traversées sur la Corse avec des jeunes. L'objectif c'est d'impliquer les jeunes au maximum suivant leurs capacités. On les motive tout le temps. Ce sont toujours les jeunes qui tiennent la barre. J'interviens pour les manœuvres. Certains jeunes s'y intéressent aussi et participent également. Mais l'objectif est que les jeunes assurent cette traversée. Une fois arrivés, en ressort un sentiment de fierté et d'accomplissement. Coupés du monde, sans téléphone, les jeunes réfléchissent et vivent une expérience exaltante et gratifiante" ajoute Cédric Bar.
Outre l'aspect navigation, la vie à bord est également importante. Chacun se charge de la cuisine, du ménage ou encore du rangement.
Un des autres objectifs de ces séjours est la portée éducative.
"On développe la relation entre éducateurs et jeunes. Cette expérience commune, cette tranche de vie quand on n'est pas marin permet de tisser des liens et de faciliter le lien au retour en structure. Les éducateurs travaillent différemment avec les jeunes à leur retour et gagnent des mois sur le travail de confiance" développe Cédric Bar.
Organisation et réassurance, clé de la réussite
Pour organiser ces séjours, plusieurs mois de préparation en amont sont nécessaires. Cédric se déplace au contact des éducateurs puis des jeunes pour leur présenter le projet et répondre à leurs questions. Rien ne doit être laissé au hasard.
"C'est un vrai défi ! Jamais deux séjours ne se ressemblent. On leur explique la manière dont ça va se passer et où on les emmène. On leur explique aussi la vie à bord – pas de douche, eau limitée. Les jeunes ont l'occasion de poser leurs questions pour lever les doutes et qu'il n'y ait aucune incompréhension dans la préparation. Quand on peut, on essaye aussi de leur proposer une ou deux séances de voile légère. Ça leur permet de s'initier, mais aussi d'instaurer un lien et de se connaitre, notamment pour ceux qui sont en structure ouverte. Du côté des éducateurs, ils ne sont pas parachutés et sont très motivés."
Des projets à venir
L'association vient d'acheter un Sunkiss 47 avec la même capacité d'accueil, mais dans un bateau plus grand et envisage de nouveaux projets comme une transatlantique.