A l'origine dédié au transport de marchandises
Historiquement, les ice-boat répondaient au besoin de transporter des marchandises quand les lacs étaient gelés. Face à l'impossibilité d'utiliser leurs péniches à voiles, des transporteurs américains ont développé des barges sur patins afin de continuer à assurer leurs rotations durant l'hiver. Le premier ice-boat a été développé sur l'Hudson new-yorkais à la fin du 18e siècle. Des modèles identiques furent construits aux Pays-Bas et sur le lac de Riga, en Estonie.
C'est vers la fin du 19e siècle que les premiers ice-boat de plaisance furent construits. La démesure étant la norme à cette période, les régates se couraient sur des monstres comme le Icicle, qui mesurait 21 m de long, et nécessitait un équipage de 6 personnes.
Réservés à la haute bourgeoisie new-yorkaise, ces duels sur glace étaient l'antichambre des régates maritimes opposant différentes jauges métriques. Comprenant que la vitesse n'était pas proportionnelle à la longueur, la taille des ice-boats est par la suite revue à la baisse. Ils n'embarquent plus qu'entre 1 et 3 équipiers.
Certains modèles d'époque continuent de tirer des bords grâce des propriétaires passionnés, qui jouent les équilibristes sur ces engins qui ressemblent davantage à un Stradivarius qu'à un à char à glace.
A 60 nœuds sur la glace
De nos jours, l'ice-boat est un support de régate très prisé en Hiver sur les grands lacs américains et dans les pays d'Europe du Nord. Il existe environ six classes d'ice-boat dans le monde, définis par leur surface de voile.
Les « DN » (pour Detroit News, du nom du journal à l'origine de cette jauge) est la classe la plus répandue sur les plans d'eaux gelés. D'un déplacement d'une vingtaine de kilos pour une longueur de 3.7m, ils sont construits en bois et en composite. La construction est assez basique, mais la classe encadre très fermement la conception et la fabrication des DN afin de limiter une inflation des coûts.
D'une grande souplesse, le mât de 4.9m se twist et épouse la forme de la GV afin de s'adapter aux importantes variations de vent apparent.
Ces engins sont capables de filer à 4 fois la vitesse du vent, du fait de la très faible résistance qu'offre la glace sur les patins
Ceux-ci font l'objet de toutes les attentions, car ils sont un facteur déterminant dans la vitesse de l'iceboat. Les meilleurs régatiers disposent d'une trentaine de patins différents, à choisir en fonction des conditions de glace rencontrées
Un très haut niveau
La ligne de départ d'une régate de DN a de quoi décontenancer le plus averti des sportifs. Un départ de DN s'effectue sur une ligne où les engins sont à l'arrêt, à l'image d'un départ de 24h du Mans dans les années 70
Il faut s'imaginer courir sur la glace pour lancer son engin par un froid polaire, sauter dans le cockpit pour se retrouver lancé à 35 nœuds à 20 cm d'une surface dure comme du béton. Le parcours matérialisé par des bouées et les règles de course sont sensiblement les mêmes que pour les régates de voile "traditionnelle".
Toute la difficulté réside dans le fait que la glace transmet beaucoup moins d'informations qu'un plan d'eau. Pas de vagues pour définir un cap ou un axe, ni de risées perceptibles. Avec une vitesse moyenne en régate de plus de 40 nœuds, le pilotage d'un DN est un art où l'expérience prime. Le pilote, casqué et à chaussures cloutées, ressemble plus à un skieur qu'à un régatier. Les concurrents partagent les mêmes valeurs que les hommes de mer ou de la montagne, et se retrouvent fréquemment au sauna pour refaire le match.
