Incidents en mer, qui contacter pour les secours selon ma zone de navigation ?

Où que vous soyez en mer, vous pouvez demander de l'aide en cas de besoin : avarie, blessure, naufrage, etc. Mais le contact sera différent en fonction de l'endroit où vous vous trouvez. Il est donc primordial de bien se renseigner avant son départ pour éviter d'aggraver la situation en perdant du temps. Voici comment est organisé le sauvetage en mer dans le monde.

13 zones maritimes mondiales

L'Organisation Maritime Internationale (OMI) a découpé l'espace maritime mondial en 13 zones, chaque état signataire de la convention de Hambourg (ou SAR) obtenant une responsabilité avec une zone de sauvetage dédiée. Ainsi, 111 États Parties ont signé la Convention sur la recherche et le sauvetage maritime.

En fonction des zones géographiques de recherche et de secours, appelées région SAR, les États ont créé un ou plusieurs centres de coordination des opérations de sauvetage (Maritime Rescue Coordination Centre, MRCC). Pour être reconnu au niveau international, chaque MRCC doit posséder certaines capacités de base, parmi lesquelles :

  • une disponibilité 24 h/24,
  • un personnel avec une connaissance de l'anglais,
  • des cartes marines qui s'appliquent à la zone SRR (région SAR),
  • la faculté de recevoir des alertes de détresse,
  • la capacité de fournir un avis médical ou une assistance et une évacuation.
Sauvetage en mer
Sauvetage en mer

Le CROSS Gris-Nez, référent mondial pour la France

En France métropolitaine, on dénombre 6 MRCC baptisés CROSS (Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage). Mais un seul a été désigné comme point focal français par le réseau international des MRCC. Il s'agit du CROSS Gris-Nez (Manche Est – Pas-de-Calais).

"Tous les CROSS français sont des MRCC, mais ils assurent également d'autres missions que le sauvetage en mer. La particularité du CROSS Gris-Nez est d'être le point focal français désigné auprès du réseau international des MRCC. On reçoit chaque déclenchement de balise de détresse de navire français ou chaque alerte Inmarsat française" explique Marc Bonnafous, directeur du CROSS Gris-Nez.

Ainsi, dès qu'une alerte concernant un navire français survient – balise, appel ou iridium – ou directement depuis la terre par une personne inquiète de ne plus avoir de nouvelles d'un navigateur – le CROSS Gris-Nez est directement averti. Il en va de même pour les autres pays du monde, dont le pavillon d'un bateau lui est rattaché.

"Dans le cas d'un signal de détresse, le plaisancier peut contacter directement le MRCC étranger en fonction de la zone de navigation dans laquelle il évolue. Il peut également nous contacter directement par un autre moyen de communication s'il ne s'agit pas d'un danger immédiat. Il n'a pas forcément sur lui toutes les coordonnées. Pour les balises de détresse, il y a un maillage au niveau du centre de traitement des alertes. Le MCC (Mission Control Center) possède un plan de distribution des alertes avec des points focaux, et redistribue les alertes en fonction du code pays de la balise. Il y a donc une double distribution. Une distribution sur la zone d'émission de la balise et une diffusion à l'état du pavillon de la balise."

En France, c'est donc le CROSS Gris-Nez qui reçoit l'alerte et se met en relation avec le MRCC compétent.

Phare du CROSS Gris-Nez
Phare du CROSS Gris-Nez

Deux cas de figure pour la prise en charge du sauvetage

"Selon le manuel international de recherche et de sauvetage, toute alerte de sauvetage émise, quelle que soit la position, est prise en compte par le premier MRCC qui la reçoit et qui la transmet au MRCC compétent. On peut être amené en tant que premier MRCC à la conserver et assurer la coordination des opérations par défaut", explique le directeur du CROSS Gris-Nez.

Deux cas de figure se présentent ensuite dans le cadre d'un sauvetage international.

"S'il s'agit d'une zone de responsabilité étrangère, c'est le MRCC de la zone qui prend en charge l'opération et le signifie aux autres MRCC. Il engage des moyens de sauvetage et nous tient informé de l'opération. On fait ensuite le lien avec les familles, les autorités diplomatiques françaises. On assure le suivi et on leur communique parfois des renseignements sur le bateau et ses passagers. On peut également faire le lien en cas de difficultés de traduction, que ce soit par mail, téléphone…" détaille Marc Bonnafous.

S'il n'est pas en mesure de le faire pour différentes raisons, où qu'il s'agisse d'une zone avec des moyens limités ou avec une barrière de langage – Corne de l'Afrique, golfe de Guinée, certains états d'Amérique latine par exemple, ou que le MRCC compétent ne donne pas de réponse ou ne répond pas dans un délai satisfaisant, alors c'est le MRCC du pays d'appartenance qui gère les secours.

"On peut être amené à utiliser les moyens des armées françaises, à dérouter des cargos au large, à contacter n'importe quel navire de commerce via une base internationale."

Différents réseaux sont mobilisés dans le cadre d'un sauvetage en mer. Si le MRCC n'a aucune information sur l'emplacement d'un navire disparu ou sur la composition de son équipage, c'est un véritable travail d'enquête qui attend les sauveteurs.

"Quand on reçoit une alerte, ou en cas d'inquiétude d'une personne qui n'est pas à bord et qui n'a plus de nouvelles sur une durée significative, on mène une véritable enquête policière. Que ce soit à l'international, comme en côtier. On interroge les ports, on réalise un routage météo pour essayer de recréer la traversée. On mobilise différents réseaux comme l'association Sail the World, le réseau social Facebook, on cherche des informations sur les blogs, on échange avec des partenaires" détaille Marc Bonnafous.

Transbordement de victime
Transbordement de victime

Des contacts permanents entre MRCC

"On a coordonné pas mal d'opérations aux quatre coins de la terre. Ce sont parfois des opérations au long cours, qui durent plusieurs jours pour trouver un moyen de rejoindre le milieu de l'Atlantique par exemple. Pour la disparition de Jean-Jacques Savin, qui a déclenché ses deux balises de détresse alors qu'il était parti traverser l'océan Atlantique à la rame, nous avons pris contact avec le MRCC Ponta Delgada, MRCC portugais basé sur l'archipel des Açores et qui couvre une grande zone de l'Atlantique. Ils ont d'énormes moyens de sauvetage : aéronef, avion, hélicoptère, bâtiment de la marine… Ils ont coordonné l'opération de sauvetage en lien avec nous. Chaque MRCC est en contact permanent. On se rend des services, notamment pour des traductions. On se connait bien."

Après chaque sauvetage, le MRCC qui a coordonné l'opération établit un "Situation Report", un récapitulatif normalisé formaté au niveau international pour le MRCC compétent (de la balise du pays).

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