Les Canadairs : comprendre et anticiper leurs manoeuvres sur le plan d'eau

Ça y est ! C'est l'été, vous allez pouvoir profiter de vos vacances et votre bateau. Mais avec la saison des fortes chaleurs, il arrive que certains plans d'eau soient fréquentés par des Canadairs, les bombardiers d'eau de la Sécurité Civile. Comment plaisanciers et pilotes doivent-ils cohabiter ? Entretien avec Pierre Chicha, le chef de secteur Canadair de la base de Nîmes.

Un Canadair, un aéronef indispensable dans la lutte contre le feu

Le Canadair CL 415 est un avion bimoteur bombardier d'eau. Il constitue un allié indispensable dans la lutte contre les feux de végétation qui ont souvent lieu durant l'été. La base opérationnelle des Canadairs est située sur l'aéroport de Nîmes, et deux autres appareils sont basés en Corse.

Mais il est possible de les projeter dans d'autres régions, et même à l'étranger si le besoin s'en fait ressentir. En cas d'alerte feu, un Canadair doit procéder à un écopage sur un plan d'eau, et devra réitérer la manœuvre jusqu'à ce que l'incendie soit circonscrit.

Une procédure facile à comprendre pour les plaisanciers

Avant d'écoper, l'équipage d'un Canadair va respecter une procédure afin de s'assurer que toutes les conditions de sécurité sont remplies. Idéalement, la manœuvre doit avoir lieu face au vent et parallèlement à la houle. Le pilote va d'abord effectuer un 360° à moyenne altitude pour avoir une vision périphérique du plan d'eau et s'assurer que celui-ci remplit tous les critères d'écopage.

L'équipage va ensuite faire un passage bas sur l'axe d'écopage pour signifier ses intentions aux autres pratiquants présents sur le plan d'eau. Ce passage bas se fait à une altitude comprise entre 30 et 50 m. Le plaisancier doit alors comprendre qu'il faut s'éloigner de cet axe à une distance d'au moins 500 mètres.

Passage bas / © JeanbaptisteM / Flickr
Passage bas / © JeanbaptisteM / Flickr

Après cette deuxième reconnaissance, le Canadair se présente à nouveau sur le même axe pour procéder à l'écopage. Celui-ci se fera sur une distance d'environ 400 m, effleurant la surface de l'eau en hydroplanage, tout en continuant de voler.

L'écopage
L'écopage

Attention, ça va très vite ! Un Canadair en manœuvre d'écopage évolue à près de 80 nœuds ! Il embarque près de six tonnes d'eau en une dizaine de secondes par des petites écopes situées sur le ventre de l'appareil.

Une écope de Canadair
Une écope de Canadair

Il faut rester éloigné de l'axe d'écopage près d'une heure après le premier passage des Canadairs. En effet, le traitement d'un feu nécessite plusieurs bombardements et les Canadairs devront procéder à plusieurs passages.

Plusieurs centaines de plans d'eau répertoriés

Les zones d'écopage des Canadairs sont très variées : mer, fleuves, lacs et même parfois dans les ports de commerce, afin de se protéger de la houle. Les équipages s'entraînent hiver comme été afin de maintenir un haut niveau de compétence, et de mémoriser les spécificités de chaque plan d'eau.

Un axe d'écopage idéal nécessite une longueur disponible de 2000 mètres, une largeur de 100 mètres pour une profondeur minimum de 2 mètres.

Du bon sens pour la sécurité de tous

Outre le risque de poursuites judiciaires si vous entravez la manœuvre d'un Canadair, il va de votre bon sens de laisser les équipages travailler et de vous maintenir à l'écart de leur axe d'écopage. Les pilotes sont parfois confrontés à des engins fortement motorisés, jet ski, offshore, qui font la course avec le Canadair en pleine manœuvre. Il est évident que ce type de comportement est à proscrire pour la sécurité de tous.

De plus, les interventions de Canadair sont amenées à s'intensifier dans les années à venir, et pas seulement sur le littoral méditerranéen. Du fait de la mutation de la végétation, la limite des feux remonte vers le nord chaque année, et il n'est pas rare que les Canadairs interviennent en Bretagne ou dans le Centre de la France.

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