C'est un équipement que l'on espère ne jamais utiliser, mais que l'on se félicite d'avoir à bord en cas de détresse : le radeau de survie. Depuis son 1er radeau en 1979, Plastimo reçoit les témoignages des des plaisanciers ayant du percuter leurs radeaux. Responsable de la communication de la marque lorientaise de 1985 à 2021, Cathy Millien nous rapporte le récit qui l'a le plus marqué et les leçons pour Plastimo.
Quel est le récit de naufrage qui t'as le plus marquée ?
Chez Plastimo, nous recevons 2 à 3 témoignages par an. Il y a évidemment ceux qui montent à bord pour le transfert vers un autre bateau. Mais dans les naufrages, celui qui m'a le plus marqué est celui d'Alain Delord. Nous sommes restés très proches. Il avait entrepris un tour du monde, âgé d'environ 60 ans, sur son voilier baptisé Tchouk Tchouk Nougat. Il fait naufrage au large de la Tasmanie en 2012. Son bateau coule et il percute son radeau Plastimo. Un vendredi après-midi, je reçois un appel du Cross qui relayait les autorités australiennes pour avoir des informations à partir du numéro du radeau. Comme il l'avait bien enregistré et fait réviser avant de partir, je suis en mesure de leur indiquer qu'il s'agissait d'un modèle moins de 24 heures et qu'il n'avait donc pas de vivres à bord. Les conditions étaient trop dures pour le sauvetage. Il a été retourné 5 fois et a du le remettre à l'endroit. Il a passé 55 heures sur le radeau, mais heureusement, grâce à l'information les autorités australiennes lui ont largué des vivres par avion. Il a fini par être secouru. De mon côté, j'ai eu sa femme au téléphone plusieurs fois dans le week-end pendant qu'Alain était dans son radeau... Ca crée des liens !
Quelles leçons a pu tirer Plastimo de cette expérience de sauvetage ?
Alain Delord est un monsieur discret. Il s'est racheté un bateau et est toujours attentif à ce qui se passe. Il est venu à l'atelier pour faire un retour d'expérience très utile, dire ce qui était bien et moins bien. Il est toujours prêt à témoigner. Par exemple, il n'avait pas de lunettes à bord du radeau et hésitait à tirer son feu de détresse, de peur de trouer le radeau car il ne pouvait pas lire le sens de la fusée. Penser à mettre des loupes ou une paire de rechange à bord peut être intéressant !
L'autre coïncidence de ce sauvetage est que la personne de la Marine Australienne qui l'a secouru n'est autre que Don McIntyre, l'organisateur aujourd'hui de la Golden Globe Race (NDLR : course autour du monde à la voile à la façon du Golden Globe en 1968). Lorsqu'il a créé la course, je ne me souvenais pas de son nom et pourtant, il avait aussi secouru VDH qui avait démâté en 2003 au large de l'Australie. Et il nous a soumis énormément de questions et de demandes supplémentaires pour nos radeaux en vue de la course. Et j'ai ensuite compris pourquoi il connaissait aussi bien nos radeaux. Résultat, nous sommes aujourd'hui partenaire-sécurité de ses 3 courses (GGR, Ocean Globe Race et MiniGlobe 580). Le monde est petit ! et un sauvetage crée des liens très forts. Dans le même ordre d'idée mais à usage professionnel en course, Kevin Escoffier a pu nous faire part de ses commentaires que notre Bureau d'Etudes examine actuellement pour améliorer encore notre produit. Enfin, dans tous les cas de naufrages, le retour d'expérience a une autre vertu : motiver nos équipes constamment, rappeler à nos opérateurs combien chaque soudure, chaque valve, chaque couture, chaque opération est importante. Sur le nombre de radeaux qui sortent de l'usine de Lorient, un faible pourcentage sera utilisé. Mais quand un naufragé vient à l'atelier vous en parler, ça vous rappelle votre responsabilité et ça fait drôlement chaud au cœur de l'avoir en face de vous !
Verna systeme de repérage de personnes tombées en mer
Inventions brevetées et déposées par Monsieur Christophe Verna