L'Hynova fait son Sea Show. Il va de Marseille à Monaco, s'arrêtant de port en port. L'objectif n'est pas de vendre cette coque open de 40 pieds, mais bien de démontrer que la propulsion hydrogène n'est plus un mirage, mais bien une réalité en 2021.
Chloé Zaied, fondatrice d'Hynova, possède des bateaux pour accompagner des touristes dans les calanques. Elle est bien consciente que pour préserver ce bel environnement, il faut changer, arrêter la motorisation diesel. Elle pense à l'électrique, mais se rend rapidement compte que ce n'est pas possible par manque d'autonomie. Elle cherche donc du côté de l'hydrogène. Faute d'avancée suffisante dans le domaine, elle se transforme en maître d'œuvre, devient créatrice d'une marque de bateau et assure sa promotion.
L'Hynova est donc un bateau à moteur de 40 pieds propulsé par 2 moteurs électriques de 220 kW chacun en ligne d'arbre. Pour les alimenter un parc de 3 batteries de 44 kW en 615 V. Avec ces moteurs et ces batteries, l'Hynova est capable de naviguer à 25 nœuds, mais seulement 45 minutes. Pour la suite c'est une pile à hydrogène qui prend le relais.
C'est une pile Toyota. Celle-ci fournit 60 kW. Elle est alimentée par 3 bonbonnes (réservoirs) d'hydrogène construites en carbone. Pleines, celles-ci sont chargées à 350 bars (7,5 kg d'hydrogène par bonbonne). Avec pareille alimentation la pile est capable de produire ses 60 kW pendant 12 h.
Les fans des chiffres noteront que 60 kW que produit la pile ne suffisent pas à alimenter les 2 x 220 kW des moteurs. En effet, uniquement avec la pile, l'Hynova navigue à 10 nœuds. Mais avec cet ensemble pile + batterie, on peut donc naviguer à 20 N pendant une heure sur les batteries, atteindre son mouillage et tranquillement demander à la pile de recharger les batteries (environ 1 h de charge) avant de revenir au port à pleine vitesse.
La pile produit de la chaleur, de l'électricité et de l'eau. Aujourd'hui EODev le partenaire qui s'est occupé de l'installation technique propose même de récupérer l'eau comme le ferait un dessal. En effet la pile produit de l'eau distillée (environ 45 l/h).
Et pour faire le plein ?
Aujourd'hui toute la question demeure quant à l'avitaillement en hydrogène. En effet, pour réaliser son Sea Show, Chloé Zaied a réussi le tour de force d'installer des stations éphémères le long de la cote. Nous avons pu assister au plein d'hydrogène à la Tour Fondu. L'Hynova est venu se garer au pied d'un camion transportant des bonbonnes d'hydrogène. Moins de 30 minutes plus tard, le bateau pouvait repartir les pleins faits. Cette solution est encore unique, mais cette démonstration prouve bien que la technologie est disponible et qu'il ne manque que de bonne volonté pour que des stations définitives trouvent place sur les ports.
Et demain ?
Aujourd'hui l'Hynova est un prototype. Il n'a été construit que pour démontrer la faisabilité de la propulsion hydrogène. En l'état il ne sera pas commercialisé. L'équipe travaille déjà sur la version 2 qui sera réalisée à La Ciotat, nouveau berceau de la start-up. La nouvelle pile que va livrer Toyota est annoncée comme 25% plus petite, plus légère et surtout plus puissante (on parle de 100 kW).
Garantie pour fonctionner 15000 h (3 fois la durée de vie d'un diesel…) et sans aucune maintenance (pas de vidange…), la pile à hydrogène risque fort de faire des émules. L'Hynova est là pour prouver le bienfait du concept.