Jean-Yves chauve est toubib. Un docteur un peu particulier, car il s'est spécialisé pour porter assistance aux coureurs à la voile au large. Vendée Globe, Route du Rhum, Figaro… il transmet ses soins à distance. La course en mer avec ses événements et ses rebondissements, il connait le sujet par cœur. Mais Jean-Yves Chauve est aussi un marin skipper et moniteur de voile. La croisière il l'a aussi beaucoup pratiqué.
Si ce docteur nous a plus habitués à rédiger des ouvrages sur la médecine en mer à distance, le voilà qui signe ici son premier roman. Une histoire dans laquelle il fait rencontrer ses deux mondes : la course et la croisière. Ajoutant par-dessus une intrigue.
Après une tempête dans le golfe de Gascogne, un marin solitaire inscrit dans une course autour du monde voit son voilier (un IMOCA ?) perdre sa quille et coller sous ses pieds. À proximité, passe un voilier de croisière avec son skipper et une fille nouvellement embarquée aux Açores. Ce voilier, un Océanis 430 fait route vers la Bretagne Sud navigant avec beaucoup de soupçon et dissimulation entre les personnages de l'équipage.
Jean-Yves Chauve utilise toutes les phases de son récit pour glisser des épisodes de mer. Cela va du grain qui s'annonce, aux dauphins qui crient, en passant par la chasse de thon ou le coucher rougeoyant du soleil. Avec un tel marin à la barre du récit, les descriptions sont précises et peuvent rarement être mises en défaut. L'auteur s'applique d'ailleurs à banaliser le texte en n'employant que très peu de termes nautiques, ou les expliquant à chaque fois. Pour preuve, chaque fois qu'une distance ou une vitesse est exprimée en milles ou en nœuds, elle est tout de suite traduite en kilomètres.
Les rebondissements du récit nous présentent différents accidents ou situations psychologiques qui laissent alors le docteur reprendre le dessus et expliquer les situations sur le plan de la médecine. C'est suffisamment clair et court pour ne pas perdre le lecteur. Mais aussi très précis montrant bien la connaissance de l'homme.
La première moitié du roman, alternant le récit du skipper en course aux prises avec la tempête et celle du voilier de croisière revenant vers la France forme un beau récit maritime mettant aussi en place les tenants de l'intrigue. La seconde partie est plus rocambolesque, mais l'auteur nous tient en haleine jusqu'au dénouement, sans doute un peu rapide et simpliste, mais qui a le mérite de se lire avec plaisir.
L'Atlantique en eaux troubles - Jean-Yves Chauve
- Édition Glénat
- 408 pages
- 14x22,5 cm
- 19,95 €