La Mini Transat est la course qui permet d'entrer dans l'univers de la course au large. Accessible à divers points de vue, elle se court sur les plus petits bateaux de course au monde, les Mini 6.50 (qui comme leur nom l'indique mesurent 6,50 m). Si elle a vu naitre de nombreux coureurs du large, elle est aussi la course des amateurs, qui ont envie de se mesurer à une traversée de l'Atlantique sur une coque de noix.
Mais ne participe pas à la Mini Transat qui le veut. En effet, avant de pouvoir traverser l'Atlantique, il faut d'abord se qualifier. Un sésame qui s'obtient à travers deux "épreuves" : une qualification en course de 1 500 milles et une qualification hors course de 1 000 milles, toutes deux effectuées sur le bateau avec lequel le skipper participera à la course finale.
1 000 milles à parcourir hors course
À l'origine de la qualif' hors course, une édition particulièrement difficile de la Mini Transat, qui poussa la classe à prendre les devants pour augmenter le niveau de préparation des prétendants à la course.
"Sur les 70 partants de la Mini Transat 1999, seuls 37 sont arrivés à bon port, les autres ayant abandonnés et 16 balises de détresse ont été déclenchées. La Classe Mini a alors décidé l'année suivante d'instaurer un processus de qualification, notamment hors course, pour valider la possibilité de participer à la Mini Transat" nous explique Fred Moreau, Rapporteur de la Commission de qualification de la classe Mini.
Deux parcours types en autonomie
Aujourd'hui, chaque prétendant doit donc réaliser un parcours type de 1 000 milles, en fonction de son lieu de navigation. Si le parcours est fixe, le skipper décide néanmoins de son lieu de départ et du moment où il effectuera ce parcours.
"On part d'où l'on veut et on l'effectue dans le sens que l'on veut. Il faut seulement déclarer le moment où l'on part. ça permet aux navigateurs de planifier leur navigation en totale autonomie. Contrairement à une course, personne ne vous dit quand partir, et s'il faut le faire. Les marins sont en autonomie, depuis la préparation jusqu'au départ et pendant la navigation. Les plus rapides peuvent mettre 5 jours. Ça peut aller jusqu'à 8/10 jours. En moyenne, la navigation dure 7 jours."
En Atlantique, la route compte trois passages clés : la Bouée Conningbeg en Irlande, le Plateau de Rochebonne et l'île de Ré.
"C'est un parcours technique en engagé, notamment avec le passage du raz de Sein, avec de la navigation côtière et du large" détaille Fred Moreau.
En Méditerranée, le parcours est composé de 4 marques de passages : Bouée Eaux Saines, Bouée météo ODAS, Ile Gorgona, Majorque – Ile de Cabrera.
"C'est un parcours entre les côtes espagnoles et italiennes avec la Corse au centre. Il faut passer les Baléares, le nord de la Corse, le Golfe de Gênes. Là aussi c'est technique" ajoute Fred Moreau.
Pour prouver la réussite de cette qualification hors course – qui doit être effectuée d'une traite, sans escale, excepté en cas de BMS (conditions météo qui permettent de faire escale) – chaque prétendant doit se prendre en photo devant la marque ou devant l'écran de son GPS.
Un rite initiatique
En dehors de l'objectif de qualification à la Mini Transat, ces 1 000 milles hors course sont un rite initiatique pour de nombreux marins. C'est bien souvent la première fois qu'ils partent naviguer en solitaire aussi longtemps sur leur bateau.
"On a l'habitude de dire que cette qualification hors course est initiatique. De retour, on est un marin différent. C'est très vrai pour la plupart, qui démarrent la course au large. C'est un moment où l'on est seul, on doit prendre la décision de naviguer au large. On se retrouve seul face à soi-même. Il faut temporiser, prendre les bonnes décisions. On est tous passé par là en Mini. C'est devenu non seulement un passage obligé mais aussi une tradition. Quand on voit quelqu'un partir pour sa qualif', on a une certaine forme de respect. C'est un chouette moment d'aventure. C'est aussi une garantie d'un niveau minium, notamment vis-à-vis des autorités qui nous aident à courir en solitaire. C'est un gage de sérieux" explique Jean Moreau.
Valider le couple skipper/bateau
À cette qualification hors course, s'ajoutent les 1 500 milles en course (dont une partie doit être effectuée en solitaire et dont au moins 500 milles doivent être parcourus sur une seule course).
"La qualification hors course est une première étape en termes d'expérience. Mais le principal critère restera les milles en courses. Certes la Mini Transat nécessite un sens marin, mais il ne faut pas oublier que ça reste une course. Tout le monde n'a pas l'objectif de gagner, mais au moins faire le meilleur résultat possible" conclut Fred Moreau.
Une fois ces deux qualifications effectuées, la classe valide le couple skipper/bateau et son inscription à la Mini Transat. Une course qui fait d'année en année de plus en plus envie, au vu de la liste d'attente qui ne cesse de s'allonger. Mais pour l'instant, personne n'a jamais été "recalé" du départ de la Transat !