L'association Patrimoine Maritime et Fluvial conserve l'histoire de la navigation

Louis Valentin, ketch aurique labellisé par l'association en 2012

Fondée en 1992 et dirigée par le navigateur Gérard d'Aboville, l'association Patrimoine Maritime et Fluvial est habilitée par l'Etat français à décerner le titre de bateau d'intérêt patrimonial. Elle oeuvre à préserver la mémoire des bateaux qui ont imprégné l'histoire maritime tout en permettant à leurs propriétaires de bénéficier de certains avantages fiscaux.

La préservation des patrimoines meubles comme immeubles représente une préoccupation majeure dans la conservation de l'histoire. Un pays comme la France possède un passé de navigation important. Les bateaux qui ont pris part à cette histoire risqueraient de sombrer dans l'oubli sans concours des pouvoirs publics, sans structure d'accompagnement, de labellisation et de reconnaissance.

Préserver la mémoire de la navigation

L'ancre du Brunec
L'ancre du Brunec

C'est la raison qui a amené à la création, en 1992 par le sénateur Louis de Catuelan et par Jean-Yves Le Drian, alors Secrétaire d'Etat à la Mer, Patrimoine Maritime et Fluvial. Présidée par le navigateur Gérard d'Aboville, cette structure s'est forgée autour de 3 missions essentielles :

  • Inventorier les bateaux exceptionnels qui ne bénéficient pas d'un classement par l'Etat (monument historique, patrimoine de l'UNESCO…)
  • Mobiliser et Fédérer les acteurs en mobilisant de concert l'ensemble des structures (associations, état, collectivités locales, mécènes…) autour des actions de défense du patrimoine
  • Attribuer le label "Bateau d'Intérêt Patrimonial" (BIP) qui offre notamment des avantages fiscaux au propriétaire du navire

Quel intérêt à labelliser son bateau ?

Un bateau labellisé par la structure bénéficie d'un certain nombre d'avantages, au premier lieu l'exonération du droit annuel de francisation et de navigation. Les bateaux voient leur péage plaisance bénéficier d'une ristourne de 90 %. Les propriétaires de ces bateaux bénéficient par ailleurs de conditions privilégiées dans l'accès à certains ports (tarifs préférentiels, pontons d'honneur…)

Mais l'intérêt à distinguer son bateau ainsi labellisé n'est pas que matériel. C'est la double reconnaissance des faits historiques du bateau labellisé. En outre, c'est la reconnaissance de l'engagement du propriétaire dans les efforts qu'il a réalisé et qu'il réalise de nouveau de conservation de ce navire. Enfin, plus symboliquement certes, c'est la permission d'envoyer le pavillon BIP qui est accordée au navire en question.

Des conditions strictes de reconnaissance

Bien sûr, il n'est pas question de labelliser n'importe quel bateau, qu'il soit original ou reproduit. Au moins un critère parmi les 3 suivants doit être rempli pour pouvoir prétendre à ce titre :

  • Constituer un témoignage humain
    bateau témoin d'un homme et/ou de son « oeuvre »
  • Etre un témoignage conceptuel ou technique
    bateau témoin d'un concept architectural particulier, d'une évolution technique remarquable
  • Avoir été partie prenante d'un événement particulier
    bateau au palmarès sportif exceptionnel, ou ayant pratiqué une activité révolue ou selon des techniques révolues

Condition remplie, il faut à dessein soumettre une demande auprès de l'association qui instruira chaque demande.

Un label vivant

La frégate Hermione
La frégate Hermione

Pour éviter de créer une niche purement fiscale, le label n'est assigné que pour 5 années. C'est la garantie de maintenir un patrimoine actif, fait de bateaux entretenus et maintenus en état de labellisation. Il incombe donc aux propriétaires de renouveler la demande de reconnaissance, de la même manière que la demande initiale, à l'issue de chaque période de 5 années.

Un soutien financier

Kaneveden, Cornu de 1958, restauré avec le soutien de l'APMF
Kaneveden, Cornu de 1958, restauré avec le soutien de l'APMF

L'association attribue chaque année un prix couronnant la meilleure restauration, au cours des Voiles Latines de Saint-Tropez. Elle organise par ailleurs des souscriptions en faveur de projets de restauration proposés par des associations.

La structure s'enorgueillit, à juste titre, d'avoir été à l'origine du retour sous Pavillon tricolore du Marité, dernier voilier terre-neuvas et plus grand voilier français en bois. Ce navire est aujourd'hui connu des Français, car il a servi de support itinérant à l'émission Thalassa.

Un support de communication

Pour exister et manifester le patrimoine, l'association est présente dans les événements nautiques de première importance. C'est l'occasion de parler de ses activités, des bateaux labellisés et aussi d'exhiber des bateaux locaux et raconter le résultat du travail d'associations locales ou de propriétaires individuels.

La raison d'être de ce label n'est pas triviale de premier abord. On pourrait croire qu'il ne s'agit, là, que d'un énième label de reconnaissance sans peu d'intérêt pour le public. Au contraire d'un bon point poussiéreux et encaustiqué dans le passé, la reconnaissance attribuée par l'association encourage les tenants de cette reconnaissance à naviguer et à présenter leurs bâtiments.

Lady Maud, cotre aurique de 1907
Lady Maud, cotre aurique de 1907

Un effort particulier est mis sur le maintien en conditions de navigation des bateaux labellisés, par le conseil, le réseau d'artisans et les échanges offerts entre les membres. C'est tant sur le site internet de l'association qu'à l'occasion des événements au cours desquels elle est présente, que l'association Patrimoine Maritime et Fluvial, présidée par Gérard d'Aboville, promeut son existence et celle de ses membres. Et porte la mémoire de ses presque 1 000 bateaux labellisés aujourd'hui.

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