Le Windelo 50 vient d'être mis à l'eau, quels sont les premiers enseignements ?
À l'eau depuis 1 mois, nous avons pu faire environ 10 sorties. Ce sont avant tout des sorties de mise au point pendant lesquels nous avons privilégié des conditions de vent pas trop fort pour tester tous les équipements. Les résultats sont très positifs.
Dès la mise à l'eau, nous avons pu valider notre devis de poids. Nous avons respecté celui annoncé par les architectes Christophe Barreau et Frédéric Neuman. Nous voulions un voilier qui pèse 11,2 t à vide et nous avons mesuré 12,8 t en charge, prêt à naviguer. C'est exactement dans notre cahier des charges. Nous avons aussi validé que le dessin des coques supporte bien la charge sans enfoncement excessif.
C'est une victoire pour nous, car nous avons été vigilants durant toute la construction en pesant chacune des pièces. Par exemple, nous avons refusé l'installation de la plateforme arrière qui pesait 30 kg de plus que le devis calculé. Nous l'avons reconstruite plus légère. Dans une construction, la difficulté est d'estimer le poids de tous les collages, que ce soit celui des cloisons comme celui des vaigrages. Mais nous sommes restés du bon côté de la balance.
Quels sont les premiers ressentis des essais en mer ?
Nous ne prenions pas trop de risque en faisant appel à Christophe Barreau et Frédéric Neuman pour le comportement et les performances. Ces deux-là savent dessiner des catamarans ! Cela s'est confirmé pendant les premières sorties ou nous avons eu jusqu'à 18 nœuds de vent réel. Le Windelo 50 à un passage très doux en mer. Il ne lève qu'une petite vague d'étrave ce qui est bon signe, montrant qu'il ne prend pas un appui fort sur la coque sous le vent. Idem pour la faible trainée au niveau du tableau arrière qui nous présente un voilier bien dans ses lignes. Mais le plus agréable est la faible propension au tangage. Ce voilier est vraiment confortable en mer.
Et quid de ce fameux cockpit avant ?
La position du cockpit en avant du rouf, juste au pied de mât, change toute la perception de ce catamaran. Cela redistribue totalement les espaces. Au port, pour les manœuvres, on a l'impression de piloter un bateau beaucoup plus petit qu'un 50 pieds. Avec les barres au centre du bateau, on se trouve très proche des étraves. La vue est superbe sur l'avant et l'on peut facilement faire sa manœuvre le long d'un quai. Pour un amarrage cul à quai, on a une vision sur la jupe depuis la barre en regardant à travers le carré. C'est certain que l'on se trouve plus loin que sur les modèles avec les barres à l'arrière. Mais il suffit de placer une personne dans la jupe pour apprécier la distance.
En mer, la situation de ce poste de barre avec toutes les manœuvres qui reviennent devant soi est vraiment magique. Le cockpit devient un lieu de vie où l'on a une vision très large sur la route et sur les voiles. L'ouverture avant permet d'accéder directement sur le pont. Et si la mer devient plus forte, ou si l'on remonte au vent, on peut fermer facilement cette ouverture avant.
C'est Christophe Barreau qui a proposé d'installer ce cockpit à l'avant et l'on ne regrette pas du tout ce choix. Cela change totalement la perception du catamaran et ouvre de grands aménagements sur l'arrière. Nous avons aussi demandé aux architectes de "gommer" la poutre arrière pour créer une immense plateforme de plain-pied une fois au mouillage. Ce choix est aussi une belle réussite.
Et la propulsion électrique ?
En effet, ce catamaran est livré avec 2 moteurs électriques (2 x 20 kW en standard et 2 x 24 kW en option), un générateur 18 kW (et un second en option) et un parc batterie lithium de 560 Ah en standard. Nous avons aussi une très grande surface de panneaux solaires même si le propriétaire du premier exemplaire a choisi de ne pas couvrir tout le rouf, préférant réserver une partie en bain de soleil. Mais nous avons aussi des panneaux sur les passavants soit un parc total de 3500 W.
Nos premiers essais nous ont montré qu'il faut 10 kW (2x5kW) pour avancer à 6 nœuds, mais que cette consommation double presque si l'on veut atteindre 7 nœuds (18 kW) et la courbe augmente exponentiellement (28 kW pour 7,5 N et 48 kW pour 8,5 N).
Pour la recharge, nous avons en plus des panneaux solaires, la possibilité d'éoliennes et surtout l'hydrogénération. En navigation sous voile les hélices tournent et nous pouvons choisir entre 3 positions de d'hydrogénération en fonction du frein que nous acceptons de supporter. En effet, en rechargeant, les hélices créent obligatoirement un ralentissement du voilier.
Nous sommes très fiers de notre Boat Management System. C'est une appli que nous avons développée en interne et qui gère la consommation de tous les équipements électriques du bord. Les données sont affichées près de la barre sur l'écran Garmin. À terme, cette application gérera la navigation, on pourra lui donner le parcours souhaité et en fonction du vent et de l'ensoleillement et du choix d'arriver avec un parc de batterie vide ou plein, le logiciel va nous conseiller sur les possibilités de recharge.
Quel est le programme par la suite ?
À cause de la crise sanitaire, le premier Windelo 50 qui navigue devrait rester 6 mois au chantier avant d'être remis à son propriétaire. Cela va nous permettre de le tester à fond et aussi de le présenter à la presse et aux prospects. Aujourd'hui nous avons lancé la production du Windelo 54. Ce sera le grand frère du 50 avec des coques et une nacelle plus longues. Et pour compléter la gamme, nous avons bien avancé sur le dessin du Windelo 47 pour lequel nous avons déjà quelques touches intéressantes. L'aventure continue donc même s'il faut bien avouer que le COVID ne nous simplifie pas la vie.