Battre un nouveau record de vitesse
C'est par le biais d'un ami commun – Olivier Ponrouch, figure des débuts du windsurf dans le circuit vitesse – qu'Antoine Albeau a fait la connaissance de Marc Amerigo. Ce dernier est le créateur du concept de "l'UltraPerformance par l'Épanouissement Humain" et le détenteur de nombreux records de vitesse.
"Marc cherchait un windsurfeur pour un projet de vitesse dans l'optique de battre un nouveau record. Il a déjà organisé plusieurs projets de ce type, notamment dans le snowboard. J'ai bien aimé le regard qu'il porte sur ces projets. Il est très professionnel et ambitieux. On a commencé malgré tout dans une année difficile, mais on a bien avancé en 2020, avec pas mal de monde et d'entreprises qui nous accompagnent" nous explique Antoine.
Un pôle d'experts et d'entreprises de divers domaines
L'idée de ce projet est de voler au ras de l'eau à de très grandes vitesses, avec un minimum d'efforts et d'énergie, et un maximum de sécurité et de dépasser les 65 nœuds.
Mais pour monter un tel projet, les deux hommes se sont entourés d'une équipe d'expert, provenant de différents domaines. Cette équipe internationale est composée de 80 experts et 50 sociétés issues du monde de la voile de compétition (America's Cup, Volvo Ocean Race, Vendée Globe…), mais aussi de la F1, de l'aéronautique et spatial, de la modélisation 3D, du design, du cinéma ou encore de l'intelligence artificielle…
"Je fais de la vitesse depuis pas mal d'années. Ce n'était pas amateur, mais il n'y a pas vraiment de recherche. On faisait de la R&D, mais pas de manière très poussée comme dans d'autres sports. J'étais très pris dans mon circuit coupe du monde et mes partenaires m'aidaient pour gagner cette coupe du monde de slalom. On s'est quand même entouré, car le matériel évoluait chaque année, mais pas énormément."
Des essais en soufflerie
Pour ce nouveau record, il va falloir "réinventer la planche à voile", repenser le support par le biais de calculs.
Et pour débuter, le véliplanchiste a passé 4 jours en soufflerie pour comprendre les phénomènes aérodynamiques à haute vitesse (efforts générés, déformation des voiles, traînée du pilote, gains potentiels, aide aux simulations numériques 3 D...). L'équipe a analysé et optimisé la trainée d'Antoine Albeau en conditions de record du monde (visualisations d'écoulements, en particulier avec des jets de fumées et des particules fluorescentes qui permettent de comprendre l'écoulement de l'air autour du corps d'Antoine et des voiles).
"On pensait avoir trouvé des résultats lors de nos navigations, mais en soufflerie on va au-delà. On a des résultats de calculs que l'on ne pensait pas. C'est vraiment de l'ingénierie. Finalement, on travaille plus ou moins de la même manière qu'une écurie de voiture de sport ou de moto pour des recherches de vitesse. On s'est vraiment aperçu que le rider a une très grosse influence pour la vitesse. C'est un gros frein. Du coup, on va développer une combinaison aérodynamique pour améliorer la vitesse."
Développer une nouvelle planche à voile
Ce premier semestre 2021 sera consacré à la conception et la réalisation des premiers prototypes de voiles/ailes du futur.
"On a déjà pas mal d'idées pour les voiles, on a d'ailleurs développé des voiles que j'ai testés et qui sont mieux. On développe de nouveau une nouvelle voile et on travaille sur le flotteur. On collabore avec Martin Fischer - co-responsable du design team de Luna Rossa – qui travaille notamment sur les foils du défi de la Coupe de l'America. C'est lui qui va nous dessiner la planche, que l'on va construire puis tester.
Avec notre matériel actuel, pour atteindre les 100 km/h, il faut 100 km/h de vent. Nous on aimerait atteindre cette vitesse déjà par 35 nœuds de vent, comme le font les bateaux de la Coupe de l'America, mais dans des zones protégées avec très peu de clapots. C'est très difficile d'évoluer par 100 km/h, le plan d'eau se dégrade rapidement."
Une nouvelle base de vitesse homologuée en France
C'est en France que se déroulera le record puisque l'équipe a trouvé une nouvelle base de vitesse homologuée.
"Il y a une base de vitesse près du canal de Sainte-Marie, à proximité de Gruissan, mais il n'a pas vraiment été creusé au bon endroit et date des années 80. Il y a également ce spot en Namibie, découvert par un français et qui offre des conditions très ventées en octobre/novembre. Mais pour ce projet, on a trouvé un autre endroit basé vers La Palme, à côté de Narbonne."
Ainsi, ce spot a été homologué à la fois pour un run de 500 m et pour un run de 1,852 km, soit 1 mille nautique.
Ce projet devrait voir le jour dans 3 ans, mais des étapes intermédiaires sont prévus tout au long de cette préparation. Pour l'instant, l'équipe cherche des financements et des partenaires pour pouvoir mettre en place le projet.
"C'est un super beau projet qui va nous prendre du temps", conclut Antoine Albeau.