Les bateaux amphibies pourraient avoir le vent en poupe. Ils proposent aux plaisanciers un accès sans couture à la mer, depuis son domicile jusqu'à sa cale de mise à l'eau. Avec quelques restrictions légales toutefois. Par exemple que la distance parcourue ne soit pas supérieure à 10 kilomètres et que le pilote ait pris soin de déclarer ces différents trajets auprès des autorités.
Bruyant sur route, le Tringaboat consomme environ 16 l aux 100 kilomètres. Il faut effectivement déplacer la tonne et demie du bateau, d'autant plus qu'il est équipé de pneus basse pression (bien pratique pour rouler dans le sable) qui ont la tendance naturelle à faire grimper la consommation de carburant.
A propos de carburant, le réservoir est mixte pour la motorisation terrestre et marine. D'une capacité initiale de 100 litres, il peut être étendu par deux nourrices de 30 litres chacune disponibles en option (et dont l'emplacement est prévu à bord du bateau).
En mer, le T650 est plus sobre. A 4 500 tr/mn, lancé à sa vitesse de croisière de 20 nœuds, le 4 temps Honda de 150 cv VTEC consomme 1 litre de carburant au mille nautique. Propulsé par le 175 cv V6 (la puissance maxi), la consommation passera à 1,2 litres au mille nautique. A noter que la coque est aussi disponible avec un moteur de 115 ou 135 chevaux. Même si ces deux motorisations nous semblent légères.
Expérience routière globalement positive, niveau sonore à réduire
Sur route, l'expérience est attrayante. Le bateau est souple et les équipements de sécurité classiques d'un véhicule routier (4 ceintures de sécurité, essuie glace notamment) sont présents et procurent un sentiment de sécurité. Les trois roues motrices de ce bateau sont indépendantes et équipées d'un système antipatinage (Grip Control) qui réduira la motricité d'une roue au bénéfice des autres en cas de difficulté.
Le rayon de braquage de 7,50 mètres permettra au T650 de se manœuvrer aisément, à une vitesse n'excédant pas 16 km/h. Il est capable de franchir des pentes de plus de 30%, donc d'utiliser la plupart des cales de mise à l'eau.
Seul bémol à l'expérience, le bruit élevé de son moteur de 25 ch. Il est placé dans la carène en aluminium au niveau de la console et tend à transmettre ses vibrations à l'ensemble du bateau. Une motorisation plus musclée pourrait s'avérer plus silencieuse, au détriment d'une consommation plus importante. Nous parlons d'un bateau amphibie, pas d'une voiture, il est donc normal que les efforts soient centrés sur les capacités nautiques du véhicule.
Passage entre les mondes rapide et sans à-coup
Le passage du monde terrestre au monde aquatique se fait en moins d'une minute, 44 secondes exactement. Du reste, peut-on parler de passage ? Il est presqu'impossible de différencier les ressenti physique entre le milieu marin et le milieu routier. Le transfert est doux, les 3 roues remontent par un système de vérins hydrauliques dans leur soute et le T650 se transforme en un bateau une fois que les soutes sont fermées et vidées de l'eau qu'elles auront embarquée. Ceci terminé, les roues viennent en appui sur les cloisons des soutes, pour en augmenter l'étanchéité.
Étonnant poste de pilotage surélevé
Si la météo ventée du jour de ce test ne nous a pas permis de faire de folies sur l'eau. La coque en aluminium dessinée par Pierre Delion (une carène en V) déjauge assez rapidement (aux alentours de 15 nœuds) et une fois revenue à plat, propose une stabilité et un confort appréciables. Les francs-bords sont hauts et sécurisants (84 cm jusqu'à la main courante) et le passavant permet de faire le tour complet du poste de conduite, placé en hauteur par rapport au reste du pont.
Choix surprenant d'ailleurs que cette surélévation d'une vingtaine de centimètres du poste de pilotage, assurément dûe à la présence de compresseur et autres pompes en cale. Cette position va au détriment de la gite du bateau, plus la superstucture est élevée, plus le bateau aura tendance à giter.
Un tableau de bord spécifiaque
L'ensemble des fonctions terrestres du bateau (motorisation et relevage des roues) se réalise par l'intermédiaire d'un écran dédié. Il vient en complément du traceur qui retransmet toutes les informations de navigation (cartographie, sondeur...).
Le T650 que nous avons testé était présenté en finition Armoric. Il s'agit du modèle de base, auquel il conviendra d'ajouter un assez grand nombre d'options, dont certaines sont disponibles en pack, pour disposer du niveau d'équipement de son choix.
Le T650 est proposé avec le système audio "Tringa Sound System", qui se connecte au téléphone du propriétaire pour diffuser la musique incluse, par exemple.
Avantageusement pour les revendeurs de bateaux, des packs d'options permettent cette personnalisation. Une offre pour chaque segment est prévue (plongée, pique-nique, pêche, bain-de-soleil ou promenade).
Données techniques
Donné pour une vitesse maximale de 38 noeuds, sa vitesse de croisière se situe à 20 nœuds. Classé en catégorie C, il est capable d'un emport de 6 adultes en mer (seulement 4 personnes sur la route). Il dispose d'un tirant d'air de 2,48 m et un pont de 2,07 m de large. La coque a un tirant d'eau de 43 cm, le moteur de 69 cm. Disons donc 1 m, pied de pilote compris.
Des dispositifs de sécurité sont mis en place pour éviter les fausses manipulations. Ainsi, il est impossible de remonter les roues si le bateau ne flotte pas, par exemple.
Une expérience singulière
Se déplacer à bord d'un bateau amphibie modifie inévitablement l'expérience nautique. C'est la possibilité de faire le plein de carburant dans une station de ville, de charger la glacière et le pique-nique à la maison et de déplacer son bateau sans remorque ni place de parking à trouver pour la voiture. Il est aussi rassurant pour les passagers d'éviter à passer sur un ponton ou sur une cale glissante.
En mer, le T650 est un bateau agréable à manier et à vivre. Il se comporte calmement et efficacement sur l'eau. Il ne fait aucun doute que le V6 175 ch proposé par ailleurs apporte une touche bien plus sportive à ce bateau qui n'est pourtant pas prévu pour cette usage à la base.
