Dans les ports, la vitesse de circulation est généralement limitée à 3 nœuds. Si la recherche de la réduction du bruit est une des motivations à cette limitation, la diminution de hauteur des vagues d'étrave que génèrent les bateaux à moteur en représente une autre.
Une vague inévitable
La vague d'étrave se forme lorsqu'un bateau pénètre dans l'eau. Il pousse de l'eau pour avancer, quel que soit le type de carène. Bien que les ingénieurs s'évertuent à diminuer cette poussée (dépense superflue d'énergie) en réduisant l'angle d'entrée dans l'eau, elle ne sera jamais inexistante, aussi longtemps que les bateaux resteront en contact avec l'élément liquide. Même l'utilisation de bulbes d'étrave ne remédie pas au problème - Il crée une onde décalée d'un demi-temps pour théoriquement annuler l'onde suivante. Certaines caractéristiques de carène influencent directement le volume d'eau déplacé à un instant T.
La vague d'étrave est le résultat de deux ondes distinctes. La première onde d'établit à l'angle de la carène dans l'eau. La seconde se crée au niveau du maitre-baux de la superstructure.
Formée à la surface de la mer, cette vague d'étrave se déplace selon le même angle que celui de pénétration du bateau dans l'eau. Elle embarque avec elle l'énergie de poussée du bateau. Elle peut aisément représenter une hauteur de plusieurs dizaines de centimètres ce qui, à distance respectable (plusieurs centaines de mètres) représente un danger réel pour les baigneurs, pour les personnes en déplacement par exemple sur les pontons ou, encore, pour les bateaux amarrés.
Une vague de plus d'un mètre de hauteur...
La hauteur de la vague d'étrave peut se calculer, par cette formule :
Zb g V 2 s ≈ (tan α + tan α0 ) 1, 1 1 + F ςb(F, β, ϕ) (1.1)
avec F = Vs √ g D et ϕ ≡ tan α − tan α0 tan α + tan α0
Les passionnés de science trouveront leur compte. À titre de démonstration en attendant d'achever les calculs, pour un navire dont la coque forme un angle de 25° à l'étrave et qui avance à 8 nœuds, la vague possèdera une hauteur de 90 centimètres environ. Autrement dit, tout élément présent à portée de cette vague se déplacera verticalement de près d'un mètre.
Les risques pour les autres usagers
Ces éléments incluent les passerelles d'embarquement comme les annexes d'autres bateaux ou les tenders de bateaux de croisière, tous subiront ce déplacement. Les nageurs aussi, pour lesquels le phénomène ne sera pas synonyme d'un déplacement vertical dans l'eau, mais d'une élévation rapide du niveau de l'eau.
Plainte de baigneurs à Nice, une navette en cause
Dans le port de Nice, il y a quelques années, les parents se plaignaient que l'eau monte brusquement de près d'un mètre, alors que la mer était d'huile et le vent absent. Les études réalisées alors ont montré que ces vagues étaient le fait d'une navette desservant une île proche qui croisait à presque 500 mètres de la plage. Il a suffi de réduire la vitesse de cette navette pour que sa vague disperse suffisamment d'énergie au fur et à mesure de son déplacement. Et qu'elle ne représente ainsi plus de danger pour les enfants.
Le plaisancier responsable
C'est le plaisancier qui est à l'origine de cette vague qui sera responsable, au plan légal, des dégâts occasionnés par celle-ci. Car c'est à lui de réduire la vitesse de son bateau en fonction de l'environnement dans lequel il évolue.
Il nous incombe donc, plaisanciers responsables, de respecter et de limiter notre vitesse aux endroits où une limitation existe et, en tous cas, y compris si aucune limitation n'est en place, à l'approche de zones de baignade, d'embarquement ou de débarquement de passagers, pour éviter inconfort et dégradation, voire pire dans certains cas.