François Jaubert est architecte. Autant il est diplômé pour construire des bâtiments, autant il s'est formé aussi à l'architecture navale. Dans le cadre de son projet de fin d'études, il a dessiné un trimaran de 7 m. Une idée qu'il avait pour lui.
Un trimaran écoconstruit
Mais cet amoureux de la nature avait envie de montrer que l'on pouvait faire de la construction navale écoresponsable. Pour ce jeune diplômé, construire des bateaux produit trop de déchets : perte de résine et de tissus, mais aussi trop de consommables comme les bâches utilisées pour l'infusion ou les tissus d'arrachage pour les finitions. Pour son trimaran, il a décidé de réduire ces déchets au maximum et surtout d'utiliser des circuits courts d'approvisionnement. Ainsi ce Méditerranéen a décidé que tous les composants de son multicoque proviendront des pourtours de la Grande Bleue.
Un chantier à taille humaine
Avec un point de chute dans un chantier naval en Tunisie, il a commencé par aller chercher le bois en Espagne directement dans une plantation. Il lui faudra 250 kg de bois pour construire les 3 coques et les aménagements intérieurs. Une fois ce bois sur le toit de la voiture, il passe à Barcelone récupérer les bidons de résine biosourcée.
L'entrée en Tunisie n'a pas été simple pour expliquer à la douane à quoi aller servir ce chargement bizarre. Finalement le chantier naval peut débuter et les coques sont construites à l'envers en strip planking sur un mannequin. Le résultat est tellement léger que le bateau peut être retourné avec quelques personnes. Un simple tissu de verre de 200 g (très fin) est juste là pour protéger le bois.
Léger et performant
Son trimaran est ultra léger puisqu'il pèse 600 kg finis. Si les coques sont en stip planking, les couples sont en contreplaqué. C'est un modèle repliable en levant les bras de liaison (comme les Farier). Avec ce bateau, François aimerait traverser la Méditerranée pour revenir en France et ainsi boucler la boucle. Mais avec ses formes de coques très travaillées et la complexité de réaliser des bras de liaison repliables, François ne conseille pas ce type de plan pour une construction amateur.
Un an pour un trimaran de 7 m
Il aura fallu 1 an de chantier à François pour réaliser les 3 coques de son bateau. Pour cela il a juste utilisé une visseuse, une scie sauteuse et une ponceuse (qui vient de rendre l'âme…). S'il est impressionné par les conditions de travail dans ce pays, il reste aussi perplexe : "En Tunisie, on fait tout avec rien, mais souvent il n'y a rien…" Aujourd'hui, il doit revenir en France pour se procurer de l'abrasif et de l'enduit pour terminer totalement ses coques. Il faut dire que le COVID ne l'a pas aidé pour les approvisionnements. "J'ai l'impression d'avoir fait mon bateau avec un couteau et du bois…"
En manque de finance
Le projet arrive à un stade bloquant. En effet, François n'a plus les finances pour se procurer un mât (environ 4000 €) et les voiles (GV + foc=2500€ et gennaker = 1800€). Pour l'instant en comptant les déplacements les coques lui sont revenues à 13 500 € soit un bateau qui sera navigable aux alentours de 21000 €. Les 3000 € qu'il dû abandonner au douanier pour faire entrer la marchandise dans le pays n'avaient pas été réellement budgétés… Il cherche donc un ou deux partenaires qui adhèrent à son idée et soutiendrait sa démarche.