Une mécanique rustique
À l'origine de la saga British Seagull, on trouve deux ingénieurs de la firme Sunbeam, qui était un fabricant anglais de motos. John Way-Hope, qui avait travaillé pour Evinrude, et l'ingénieur Bill Pinniger, rachètent des brevets à leur entreprise puis créent la firme Marston Seagull en 1934.
Après plusieurs années de recherche, ils sortent en 1938 leur premier hors-bord, qui fût aussitôt proclamé "moteur de l'année". Rebaptisant leur société British Seagull, John et Bill conçoivent des moteurs innovants et très faciles d'accès pour les néophytes.
Cette rusticité, gage d'une certaine fiabilité (ce qui n'existe pas ne peut pas tomber de panne) a inspiré le subtil slogan publicitaire : "The best outboard motor for the world" (et non pas in the world) ! [le meilleur moteur hors-bord POUR le monde (et non pas le meilleur hors-bord DU monde)]...
Le débarquement de 1944 lui assoit sa réputation
Peu de temps après le lancement du British Seagull, la 2e guerre mondiale éclate et l'industrie britannique se mobilise en vue d'un débarquement naval. Le British Seagull est choisi pour équiper l'armada alliée.
Du fait de sa grande simplicité, il a été produit en très grand nombre en vue du débarquement de juin 1944. Au même titre que les Harley-Davidson ou le Coca-Cola, une nuée de British Seagull ont débarqué sur les plages de Normandie et n'ont plus jamais quitté la France.
Moche et bruyant, mais plein de charme
Le British Seagull n'est pas destiné à faire de la vitesse. Inadaptés aux carènes planantes, les Seagull étaient conçus pour déplacer des navires de fortes charges sur de petites distances. Son hélice à pales rectangulaires était conçue pour labourer la mer, pas pour faire déjauger un dinghy.
Mais cette mécanique à la fois fiable et capricieuse trouve parfaitement sa place sur un bateau traditionnel. Son mélange essence/huile variant entre 4 et 10 % lui apporte un haut niveau de lubrification, mais est loin des standards environnementaux actuels.
Une production étalée sur presque 60 ans
La gamme déclinée en douze modèles de 3 à 10 ch, a peu évolué tout au long de sa carrière commerciale. La production connaît son apogée dans les années 60, avec l'essor de la navigation de plaisance. Se refusant à évoluer face à la concurrence des motoristes américains (Johnson, Evinrude, Mercury) et japonais (Yamaha, Suzuki et Tohatsu), British Seagull voit ensuite ses ventes s'effriter au fil des années.
Le développement de la concurrence met en avant les défauts du Seagull : pas de réenroulement automatique de la corde de lanceur, pas de carénage de la tête motrice, certains modèles sans point mort ni marche arrière, pas de réservoir d'essence déporté et alimentation du carburateur par gravité, pas de système autolube de mélange essence / huile. On ne compte plus les utilisateurs qui se sont brûlés sur la tête motrice ou sur l'échappement apparent.
Se limitant à une niche commerciale composée d'une clientèle traditionaliste, les ventes s'effondrent et British Seagull devra stopper sa production en 1996. Mais la firme continue de produire les pièces nécessaires à la maintenance des centaines de milliers de moteurs fabriqués depuis les années 1930. De nombreuses associations de propriétaires ont vu le jour aux Royaume-Unis, aux États-Unis , au Canada et en Australie. De nos jours, un grand nombre de British Seagull sont encore en circulation.
D'une faible valeur marchande, les Seagulls dénotent au milieu des hors-bord électriques ou des 4 temps aseptisés, mais continuent de garder une cote d'amour auprès des amateurs de plaisance traditionnelle.