Le Vert est à tribord, le rouge à bâbord. La cardinale nord-est noire vers le haut, tandis que la marque d'eau saine est rouge et blanc. Le Phare du Grand Jardin s'allume au coucher du soleil et s'éteint lorsque l'astre se réveille. Il faut aligner le feu des Bas Sablons avec celui de la Ballue pour rejoindre le port de plaisance sans encombre.
Héritage de la révolution Française
Jusqu'en 1791, il aurait été totalement impossible dans le Royaume de France d'entendre de tels propos. La raison ? Il n'existait aucun service en charge au niveau national de gérer, allumer ou éteindre, installer ou maintenir en état les feux de balisage maritime. Selon les guerres, les alliances ou les mésalliances, certains pouvoirs locaux décidaient, par opposition à l'un ou l'autre de leurs ennemis d'alors de mettre ou non en place ce balisage. C'est donc un des fruits de la révolution que cette possibilité de disposer, en tous lieux de la côte des eaux Françaises d'un balisage de qualité et fiable.
Officiellement instauré en 1805, le service des Phares et Balises a donc pris naissance, dans son fonctionnement, en 1791 lorsque fut créé le Service Unique de Signalisation Maritime National. En septembre 1792, l'organisation de ce service se précise. A la marine la surveillance et la gestion des installations de signalisation (allumage des feux, entretien des signaux …), au ministère de l'intérieur les travaux sur ces installations (réfection, édification …). Les prémices de la signalisation telle que nous la connaissons aujourd'hui étaient en place à minima.
Augustin Fresnel, premier directeur de l'administration
C'est en 1806 que Napoléon 1er crée le Service des Phares et Balises. Il le rattache à l'École Nationale des Ponts et Chaussées et en nomme le premier directeur, un certain Augustin Fresnel, qui ne fut rien de moins que l'inventeur du système optique des phares que nous utilisons en mer aujourd'hui encore. A dessein de tester et développer les systèmes de signalisation, il est installé en 1869 sur la colline de Chaillot, à Paris. Ce phare restera en place jusqu'en 1992, à proximité du musée de la marine, année où il sera détruit.
Gestion des Etablissements de Signalisation Maritime
La mission principale du service des Phares et Balises est de gérer les Établissements de Signalisation Maritime (ESM) que sont les phares, les feux, les bouées, les tourelles et les espars. Leur nombre s'élève à un peu plus de 6 100 : 135 phares à terre ou en mer (dont le plus ancien phare du monde qui soit encore en activité, celui de Cordouan, érigé en 1611), 1512 feux, 3 250 aides actives (moyens lumineux), quelques équipements audio (équipés de cloche ou de corne de brume), d'autres radioélectriques (transmission morse le plus souvent).
Les 1200 salariés des Phares et Balises réalisent 7 300 interventions par an, soit 20 par jours, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, qu'il s'agisse de nouvelles constructions ou de consolidation existante, il n'est pas un équipement de nos façades maritimes qui ne soit pas géré par cette administration.
Maintien d'une base de donnéess des ESM
Si l'AISM (Agence Internationale de Signalisation Maritime, International Association of Marine Aids to Navigation and Lighthouse Authorities pour les anglo-saxons) définit les caractéristiques de chaque balise (couleur, fréquence, forme …), chaque état membre de cette agence délègue à une autorité Nationale l'application de cette normalisation. C'est le rôle des Phares et Balises, donc, que de fabriquer ces équipements, en liberté de choix technique comme technologique, matériau, localisation, type de voyant et de maintenir, au niveau national, une base de données de tous ces signaux, nommée ALADIN, hébergée par l'IFREMER. Cette base de données, dont l'accès est soumis à autorisation, contient l'intégralité des ESM présents en France, métropole comme départements ultra-marins.
Parmi ses missions, les Phares et Balise a aussi la charge de participer au groupe de travail visant la coordination Internationale des normes signalétiques en étant membre de droit à la fois de l'OMI (Organisation Maritime Internationale) et de l'AISM.
Enfin, dernière des attributions de l'administration des Phares et Balises, et pas des moindres, elle a la gestion des matériels mis en œuvre dans le cadre du déclenchement du plan de lutte contre la pollution maritime POLMAR.
Une organisation par façade maritime
L'administration des Phares et Balises est organisée par façade maritime, avec une implantation principale au sein de chaque préfecture maritime (Le Havre, Nantes, Bordeaux et Marseille) et des implantations plus locales selon les besoins du service. Elle dispose pour son action de 36 navires : baliseurs océaniques, baliseurs côtiers, navires de travaux et vedettes.
L'APB est membre du "Centre d'Étude et d'Expertise sur les Risques, l'Environnement, la Mobilité et les Aménagements", au sein duquel elle représente les besoins des utilisateurs de la mer, dans la recherche de nouvelles solutions ou stratégies de balisage ou d'orientation, telle que, par exemple, les balises AIS qui permettraient, à l'instar des navires que nous croisons, d'être reconnues de manière formelle et certaine par un simple récepteur de cette technologie.
L'Administration des Phares et Balises gère le balisage des routes maritimes, les espars, les entrées et sorties de ports ou, encore, les zones dangereuses à la navigation. C'est grâce, notamment, à son action au quotidien sur l'une des plus larges façades maritime au monde que nous pouvons, plaisanciers comme marins professionnels naviguer, tous les jours de l'année en sécurité. Elle travaille actuellement au renouvellement de sa flotte, vieillissante et peu adaptée aux nouveaux besoins des Directions Inter Régionales de la Mer au service desquelles elle œuvre.
Un musée à visiter
Enfin, l'Administration des Phares et Balises anime le Musée des Phares et Balises, situé à Ouessant et installé dans l'ancienne centrale électrique du phare. Une visite à prévoir pour se rappeler comme la signalisation maritime est un élément clé de notre navigation.