Le 19 novembre 2020 sera célébré le 300e anniversaire du Dépôt des cartes et plans de la marine, dont le SHOM que nous connaissons aujourd'hui est l'héritier. Le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine est un établissement public administratif placé sous la tutelle du ministère des Armées. Peu le savent, mais il est aussi le plus ancien service hydrographique au monde.
C'est à la fin du 15e siècle qu'apparaissent, avec le travail des pilotes dieppois, les premières cartes marines formelles. En 1661, Jean-Baptiste Colbert, l'un des principaux ministres du roi Louis XIV et secrétaire d'État de la Marine du roi de France, crée d'autres établissements de formation et d'hydrographie dans différents ports du Royaume, s'inspirant largement du modèle Dieppois. En 1693 fut édité le premier atlas de cartographie Maritime, le Neptune François, sous la direction de Cartographes formés à Dieppe.
Brevet d'ingénieur créé en 1741
En 1741, le roi Louis XV signe un brevet d'Ingénieur en faveur de Jean-Nicolas Bellin qui deviendra, de fait, le premier ingénieur hydrographique de l'histoire. Plus tard, le 6 juin 1814 sera créé le corps des Ingénieurs hydrographes de la Marine, tous formés par Charles-François Beautemps-Beaupré. Appliquant de rigoureuses méthodes pratiques, il deviendra pour l'histoire le père de l'hydrographie moderne. Par la même occasion, le Dépôt des cartes et plans de la Marine devient Dépôt général de la Marine.
Au cours du XIXe siècle, le fond de documents nautique se développe et se diversifie. La première diffusion des avis aux navigateurs - nos AVURNAV actuels - remonte à 1818. En 1838, la bibliothèque du Dépôt compte déjà 18 000 ouvrages. C'est la mise en place d'un réseau de marégraphes par Antoine-Marie Chazallon qui viendra ajouter à ce catalogue les annuaires des marées, dont le premier exemplaire sortira en 1839. En 1842, apparition des instructions nautiques et, en 1847, la couverture de l'intégralité des côtes française est bouclée en 1 044 cartes originales.
Rattachement à la Marine en 1886
C'est le 13 janvier 1886 que le Dépôt général de la marine est transformé en Service hydrographique de la Marine (SHM), par décret. Il devient dirigé par un ingénieur en chef et est rattaché à l'état-major de la Marine. En 1921, le Bureau hydrographique international (BHI) est créé sur l'idée de l'ingénieur français Renaud. Il deviendra, en 1970, l'organisation hydrographique internationale (OHI).
En 1923, le Service hydrographique de la Marine devient le Service central hydrographique (SCH) qui dépend du Ministère de la Marine.
Un 20e siècle de progrès
Comme en de nombreux domaines, le XXe siècle sera marqué par de profondes évolutions techniques, les deux guerres mondiales auront laissé leurs traces. C'est en 1945 que les cartes commenceront à être imprimées en offset (elles étaient auparavant imprimées depuis des planches gravées en taille-douce). Au même moment, la radiolocalisation remplace le positionnement à vue et le sondeur à ultrasons remplace le fil à plomb pour mesurer les profondeurs. Gagnant en précision, la cartographie passera en couleur en 1970.
En 1971, le 25 mai, le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM) est créé. Il se décentralise et s'installe à Brest. Il est placé sous l'autorité du chef d'état-major de la Marine et reçoit de nouvelles attributions en matière d'océanographie physique. En 1990, un centre militaire d'océanographie (CMO) est créé avec pour objet de parfaire la connaissance des forces navales de l'environnement océanique. Les domaines couverts par le CMO sont particulièrement vastes, sédimentologie, hydrologie, gravimétrie, magnétisme, acoustique…
Révolutions technologiques
La fin du XXe siècle verra la technologie révolutionner une fois encore l'hydrographie. L'utilisation de sondeurs multifaisceaux, positionnement par satellites (GPS, Galileo …), imagerie spatiale, cartographie électronique…
En parallèle, le SHOM développe et étend ses activités aux besoins de nouveaux usagers et aux défis du XXIe siècle, risques de submersion marine, protection et aménagement du littoral, énergies marines du futur…
Dernière transformation majeure, en 2007. Le SHOM devient un établissement public administratif (EPA) sous la tutelle du ministère de la Défense, aujourd'hui le ministère des Armées.
Une exposition anniversaire virtuelle
Une exposition virtuelle (lien en pied de l'article) permet de retracer ces 300 années de cartographie dans la géo room du SHOM. Elle s'articule autour de 6 axes principaux :
- l'accompagnement hydrographique de l'exploration du monde,
- la sécurité de la navigation,
- les progrès des sciences et techniques,
- la prévention des risques,
- l'économie bleue,
- le soutien à la Défense et aux opérations navales.
Partenaire permanent des usagers nautiques
Le Service Hydrographique et Océanique de la Marine est un partenaire permanent et discret du monde de la plaisance. Il n'a eu de cesse de se réinventer tout au long de son histoire, passant de la carte dessinée à main levée à la création totalement informatisée, pour nous fournir en toutes circonstances la vision la plus précise de l'espace maritime que nous fréquentons. Cette vision n'est précise que par les relevés que réalisent les acteurs du terrain qui travaillent pour le SHOM d'une part, d'autre part par les remontées de l'ensemble des usagers, plaisanciers, marins professionnels ou militaires, car la mer évolue, les fonds changent et peuvent, dans certains cas, se déplacer.
C'est là l'intérêt de maintenir sa cartographie de bord aussi à jour que possible.