Au port des Minimes, à La Rochelle – qui est au passage le plus grand port d'Europe – ils sont entre 160 et 170 bateaux (sur 5000 places de port) à vivre à l'année sur les pontons. "C'est comme un petit village, il y a des familles, des couples, des gens tous seuls… On connait bien certains d'entre eux et on essaye de les choyer" nous explique Philippe Rouger en charge de la communication du port des Minimes de la Rochelle.
Même son de cloche au port de Bormes-les-Mimosas, qui compte 1 000 anneaux et seulement 2 résidents à temps plein. "On fait attention à eux, on surveille que tout se passe bien, d'autant plus que ce sont des personnes âgées", indique Mr Gastaud, capitaine de port.
Il ne faut par contre pas oublier de prévenir la capitainerie de votre installation à l'année, comme le détaille le chargé de communication du port des minimes. "Les plaisanciers ont toute la liberté de vivre à bord de leur bateau. Par contre il faut qu'on soit au courant, pour prévoir les gros coups de vent ou les tempêtes. Pour Xynthia par exemple, on avait prévenu les résidents pour les évacuer. Il faut qu'on les connaisse pour leur apporter de l'aide ou les prévenir de quitter leur bateau et de se mettre à l'abri."
Trouver la place de port
Avant de pouvoir vivre au port dans son bateau, il faut d'abord trouver l'embarcation adéquate, mais surtout la place de port ! Et pour ce faire, deux options s'offrent au plaisancier, comme nous l'explique Philippe Rouger.
"Les ports proposent des places à l'achat ou en location annuelle, c'est cette dernière offre que nous présentons à La Rochelle." À Bormes-les-Mimosas, un des résidents est en contrat de location annuel et l'autre est un cas un peu différent. "L'autre est amodiataire, il a acheté des actions de notre société qui lui donne la jouissance d'une place de port", explique le capitaine de port, Mr Gastaud.
Pour un contrat de location annuel, il faudra compter environ 3 000 €/an intégrant l'eau, l'électricité et le Wi-Fi à La Rochelle pour un bateau d'environ 9,50 m. Sans contrat, considéré donc comme visiteurs, le tarif augmente de 60 %.
À Bormes-les-Mimosas, pour un bateau de même taille, le tarif d'une place est de 5 400 €, eau et électricité incluses.
Si le port des Minimes a tendance à regrouper les plaisanciers résidants, on ne leur assigne pas de place particulière. "Les gens expriment leur souhait sur un ponton ou un bassin en particulier. Certains veulent être proches de la capitainerie ou des sanitaires, d'autres ont des problèmes de mobilité…" explique Philippe Rouger.
Assurance plaisance obligatoire
Lorsque l'on vit à bord de son bateau, les obligations légales sont les mêmes que pour tous les plaisanciers. Le bateau doit être assuré au minimum en responsabilité civile. "On demande à ce que le bateau soir assuré pour toutes les activités qui auront lieu à bord. Après à chaque plaisancier résident et compagnie d'assurance de prendre des garanties adaptées en prenant les différents risques en compte, notamment les risques électriques" explique le chargé de communication du port de La Rochelle.
"Ils doivent nous fournir une attestation d'assurance et de responsabilité civile comprenant le renflouement. Finalement, c'est similaire à ceux qui viennent passer une nuit, mais il y a quand même plus de risques que celui qui reste à l'année" ajoute Mr Gastaud.
Respecter la réglementation du port
Que ce soit à La Rochelle, comme à Bormes-les-Mimosas, les plaisanciers résidants doivent respecter la réglementation du port. "Quand ils sont domiciliés à bord, ils doivent suivre les règles de courtoisie et d'usage du port : tri des déchets, ne pas encombrer les pontons avec les vélos, laisser les unités de passage libre, respecter la tranquillité des autres à bord. Il faut suivre l'étiquette maritime, pour ne pas perturber tout le monde" détaille Philippe Rouger. À Bormes-les-Mimosas, par exemple les barbecues sur les pontons sont interdits, même quand on vit sur place.
Quid de l'assurance habitation ?
Contrairement à la résidence en habitation terrestre, la résidence au port n'est pas soumise à une taxe d'habitation. En effet, les propriétaires ne payent pas de taxe locale pour le fait de vivre à l'année dans une commune, mais certaines discussions sont en pourparlers sur la mise en place d'une taxe de séjour, à la manière de la redevance que l'on peut payer lorsqu'on passe une ou plusieurs nuits dans un hôtel ou une résidence.
Le cas particulier de l'électricité
Une défaillance électrique peut vite arriver à bord, d'autant plus quand on utilise beaucoup l'électricité. Ainsi, les ports ont mis en place certaines obligations.
"On les oblige à ne pas laisser brancher plus de 24 h consécutive le bateau à une prise. Il y a un temporisateur qui oblige à réenclencher tous les 24 h le courant à bord pour prévenir les risques d'accident qui sont essentiellement liés sur un bateau, à l'incendie dû à une panne moteur ou électrique."
Une obligation préventive demandée également par le capitaine de port de Bormes. "Quand ils ne sont pas là, ils ne doivent pas laisser leur bateau branché sur la prise du port."
Le cas particulier des eaux usées
Que ce soit à La Rochelle comme à Bormes-les-Mimosas, il est possible d'utiliser les sanitaires du bord, même si certains préfèrent utiliser les sanitaires du port pour plus de confort. "La plupart des bateaux ont à minima des toilettes et maintenant très souvent des douches. Les plaisanciers disposent de containers à bord pour stocker les eaux usées et vont les vider sur un ponton de service équipé d'une pompe fixe, de la même manière que l'on va vider ses poubelles" détaille Philippe Rouger.
À Bormes-les-Mimosas, la politique est un peu différente.
"Ils peuvent utiliser leur sanitaire sur leur bateau, mais ne sont pas autorisés à vider les cuves dans le port. Ils doivent aller soit au large soit de manière gratuite, vider leurs eaux noires ou grises dans un bloc spécial. Mais nos deux résidents utilisent le bloc sanitaire de la capitainerie, car c'est suffisamment prêt. Ils n'ont pas 500 m à faire. Ça permet de les inciter à utiliser nos installations."
Comment recevoir son courrier ?
Les ports peuvent délivrer des certificats de résidence, qu'il faudra ensuite transmettre à la préfecture, qui délivrera ainsi des certificats d'habitation. Ainsi domicilié au port, le plaisancier résident pourra recevoir son courrier directement à la capitainerie, dans une case courrier à son nom.