J'ai participé au Grand Prix Multi 50 de Brest, des bateaux sublimes à voir évoluer

Quelle chance de pouvoir naviguer sur ces voiliers d'exception qui excitent l'imagination comme au temps béni des trimarans ORMA  ! Ils ont tout de leurs prédécesseurs : rapides, nerveux, volages… idéals pour faire le spectacle. Comme durant ce Grand Prix Multi 50 dans la rade de Brest où nous avons embarqué pour une journée de régate sur 3 coques et 2 foils. 

Le GP Multi 50 c'est quoi ?

Le format est simple, des bananes et des parcours à proximité de la côte permettant aux plaisanciers sur l'eau ainsi qu'aux promeneurs à terre de profiter de ce spectacle incroyable durant un beau week-end de septembre. Et vu le regard aussi médusé qu'admiratif des promeneurs, les multicoques n'ont pas fini de faire rêver, rien de tel que de se rapprocher du public pour promouvoir notre sport.

Et puis la rade de Brest se prête merveilleusement bien à l'exercice des régates spectacles : une mer plate, du fond, des effets côtiers à n'en plus finir. Cette rade est pleine de pièges ou d'opportunité suivant la hauteur de l'eau dans le verre à moitié… Ici le tacticien est primordial, il doit analyser le courant, les effets de site, les nuages, le placement des concurrents, tout cela se déroule à des vitesses folles.

L'équipage est au plus haut niveau de concentration sur ces petits parcours où tout se joue sur le fil. La capacité d'accélération étant proportionnelle aux ralentissements, il suffit d'une molle ou d'une risée pour redistribuer les cartes. Les manches sont très ouvertes, le changement des places et les rebondissements sont nombreux. La victoire ne se joue pas seulement sur la vitesse, l'efficacité des manœuvres aussi est capitale. A ce niveau de performance, on joue aux échecs et les pions se déplacent entre 15 et 25 nœuds.

Durant le week-end du 5 et 6 septembre 2020, c'est l'équipage mené par Arthur Le Vaillant sur Leyton qui l'emportera avec 7 victoires sur 9 manches. Cependant, le team emmené par Sébastien Rogues sur Primonial lui a donné bien du fil à retordre. Sans compter les assauts de Thibault Vauchel Camus, sur Solidaires en Peloton - ARSEP, ceux des Ciela Village emmené par Erwan Le Roux et aussi Gilles Lamiré sur (Groupe GCA – 1001 sourires) toujours en embuscade, il faut avoir les nerfs solides. Le plateau du Grand Prix Multi 50 regroupent donc 5 teams. C'est relativement peu, mais le niveau est très qualitatif. On peut aussi compter sur Lalou Roucarol qui devrait rejoindre la flotte l'année prochaine.

Au coeur de l'action

Mathieu Souben, tacticien de haut vol ©Charly Fernbach
Mathieu Souben, tacticien de haut vol ©Charly Fernbach

Vue de l'extérieur, l'image de ces voiliers dansant sur trois pattes est magnifique, mais plongé au cœur de la symphonie où chacun joue sa partition au plus haut niveau, c'est une expérience hors nome. L'équipage est constitué de 5 à 6 personnes mêlant jeunes talents et coureurs inoxydables.

Aymeric Chappelier tacticien ©Charly Fernbach
Aymeric Chappelier tacticien ©Charly Fernbach

Le petit cockpit de ces trimarans de course au large est totalement dédié au piano et aux colonnes de moulin a café. C'est là que l'équipage va produire les kilowatts nécessaires à faire danser ces bateaux. Comme un orchestre lancé dans une musique folle, l'équipage mouline à n'en plus finir, actionne les bloqueurs et les renvois. À la bouée au vent, on pourrait voir l'évaporation s'échapper de l'échine des embraqueurs. Les voiles d'avant, gennaker ou le code 0 montent et descendent, pendant que le solent apparait et disparaît. À chaque virement ou empannage, le skipper lâche la barre franche et traverse le bateau de part en part. Une musique et un orchestre bien réglés.

Un bateau vivant qui se fait ressentir et entendre

Sur ces trimarans nerveux, on ressent physiquement les forces en présence, les accélérations sont aussi brutales que les décélérations. Le plus étonnant, c'est surement la force centrifuge qui nous entraîne et semble pousser dans le dos à chaque virement. Il faut dire que ces machines rentrent très vites dans le virage, mais ralentissent énormément face au vent alors pour traverser son lit, on n'hésite pas à pousser très fort sur la barre.

Sébastien Rogues à la barre de Primonial ©Charly Fernbach
Sébastien Rogues à la barre de Primonial ©Charly Fernbach

À haute vitesse, on entend les bruits sourds et profonds des écoutes qui couinent et s'éreintent autour ds winchs. Dès lors qu'on atteint les 16/18 nœuds, les vibrations des appendices se font entendre, en particulier les foils qui sifflent leur fréquence vibratoire. Avec seulement 15 nœuds de vent, la coque centrale ne demande qu'à se hisser hors de l'eau. 15 nœuds c'est d'ailleurs notre vitesse au près, et sur les bords de travers sous code 0, on touchera les 26 nœuds dans une risée à atteignant à peine les 20 nœuds. C'est tellement fascinant ! Sébastien Rogue avoue même : "je crois que je ne pourrais plus faire la course sur un bateau qui avance à 6 nœuds au près… " Effectivement on peut le comprendre.

Le cockpit est un piano géant ! ©Charly Fernbach
Le cockpit est un piano géant ! ©Charly Fernbach

Marins funambules, trimarans en équilibre sur un flotteur à pleine puissance, la surface de l'eau qui s'élève en une fumée d'écume jaillissant des flotteurs, voilà les belles images offertes aux promeneurs et plaisanciers de la rade de Brest tous devenus photographes pour l'occasion. Un grand prix, c'est l'occasion de montrer au public une des plus belles facettes de notre sport à la voile : les trimarans océaniques qui se livrent à des joutes au pied du public.

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Jean paul Pennec
Jean paul Pennec
J'ai suivi ce grand prix de divers endroits à terre du côté de Brest. C'est très difficile de profiter de l'évènement même avec des jumelles.
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