La naissance du Platypus Craft, un proto pour naviguer sur et sous l'eau
Il y a 12 ans, François-Alexandre Bertrand dépose un brevet et développe un prototype de catamaran électrique pour 2 personnes équipé d'une sorte de pédalo sous-marin. Après de nombreuses améliorations architecturales et techniques, naissait en 2014 le Platypus Blue Ocean.
"Nous avons beaucoup appris avec le développement de ce prototype. C'était un véritable laboratoire flottant. Nous avons été confrontés à des difficultés techniques difficiles : rigidité totale, cadre en aluminium sur les flotteurs, stabilité sous-marine, solidité des bras…" nous explique le fondateur de Platypus Craft.
Plusieurs années de développement pour aboutir au Platypus Blue Ocean en 2016
Le Platypus Blue Ocean est signé VPLP Design est homologué comme bateau de plaisance. Son design s'apparente à celui d'un trimaran en aluminium de 7 m de long et de 2,50 m de large. La coque centrale est flottante est équipée de ballasts pour descendre sous l'eau. Avec 2x50 CH, le bateau peut atteindre la vitesse de 22 nœuds et de 7 nœuds sous l'eau.
Pour autant, la vitesse de croisière recommandée est de 14 nœuds et la vitesse sous l'eau de 2 à 3 nœuds ; le moteur a d'ailleurs été bridé à 1000 tours/minute pour ne pas être trop rapide.
"Ce premier exemplaire que nous avons livré à Nouméa nous a permis de montrer que le concept de semi-submersible avait de l'avenir et une application commerciale tangible. On a réussi à avoir un bon bateau et un sous-marin stable, la partie centrale agissant un peu comme une quille en position immergée, capable de tenir des vagues de 1 m et une petite houle. C'est un immense progrès par rapport à la version de base" explique François-Alexandre Bertrand.
Si les problèmes techniques ont rapidement été résolus, l'homologation était une autre paire de manches. Car sur le Platypus Blue Ocean, le pilote est sous l'eau. Or il doit avoir une visibilité à 360° sur son environnement. Il a donc fallu installer un périscope digital et un petit moniteur lui permettant de voir ce qui se passe à la surface de la mer. Le bateau obtient ainsi une homologation C en surface et B en sous-marin.
Rebondir avec la crise sanitaire du Covid-19
Alors que ses 10 ans d'aventure vont enfin se concrétiser par une importante commande d'un acteur touristique français, François-Alexandre Bertrand est stoppé net – comme de nombreux acteurs du nautisme et du tourisme – par la crise sanitaire liée au Covid-19.
Il fait alors la rencontre d'Alain Grandjean, fondateur de la société française L2concept, spécialiste du design et de l'ingénierie de concept cars, et basée à Sophia-Antipolis. Pourtant, son dernier projet interpelle le fondateur de Platypus Craft. En effet, l'entreprise a mis au point un sous-marin de luxe baptisé SeaMagine Aurora, d'une valeur de 7 millions de dollars.
Au début, les deux hommes ont beaucoup tâtonné pour savoir quel look donner à leur nouvelle version luxe du Platypus : design automobile, bateau très classique, vaisseau spatial… Ils optent alors un compromis de bateau fortement inspiré des codes automobiles.
Le Platypus Swordfish, un tender de luxe pour admirer les fonds marins
Le Platypus Swordfish est une sorte de trimaran de 40 pieds doté d'un flotteur central submersible. Mais cette fois-ci, une bulle de plexiglas recouvre le flotteur, évitant ainsi le port de masque et de tubas. La coque centrale sera ballastée et équipée d'un système hydraulique pour s'immerger à 3 m de profondeur. À l'intérieur, confortablement installé dans la bulle, les passagers profiteront d'un grand salon avec table pour admirer les fonds marins. Il sera même possible de passer la nuit à bord.
"À l'inverse d'un avion ou d'un sous-marin où il y a besoin de pressurisation, le Platypus Swordfish sera connecté à la surface grâce à des grilles de ventilation installées dans les bras, qui apporteront de l'air dans la partie immergée" détaille François-Alexandre Bertrand.
Pour l'architecture, le passionné de plongée est en discussion avec un cabinet français de renommée mondiale. "Aujourd'hui on trouve des monocoques ou des catamarans à moteur pour la vitesse, mais aucun trimaran. Nous allons proposer un bateau à l'architecture unique, doté d'une coque planante, au croisement entre un monocoque et un trimaran" détaille le fondateur de Platypus Craft.
Ainsi, il sera possible de naviguer soit en version bateau de plaisance avec un bateau confortable et agréable à conduire jusqu'à 40 nœuds, soit en version semi-submersible, à une vitesse de 5/6 nœuds.
Les deux associés étudient encore les matériaux de construction – fibre de carbone ou fibre de verre avec âme en liège. Pour la motorisation, le bateau sera équipé d'une motorisation hybride avec des moteurs électriques Torqueedo d'une puissance de 500 kilowatts. D'autres systèmes de propulsions sont à l'étude comme l'hydrogène.
Les deux hommes croient fort au concept de Platypus dans le monde du yachting, qui même en cette période de crise, ce secteur continue de croitre.
Un concept fort dans le yachting
"Dans le marché du yachting, le secteur des toys et tender est un marché très fort. Aujourd'hui, ces bateaux sont de véritables extensions des superyachts et tout le monde cherche à se distinguer avec des tenders ou des toys différenciants. Avec son look à la James Bond, on a tout de suite vu le potentiel que pouvait avoir le Platypus" raconte François-Alexandre Bertrand.
Ce projet dont le coût est estimé à 4 millions de dollars attend désormais de trouver son propriétaire pour voir le jour. Il sera également possible d'opter pour une version simple un moteur essence standard et coque en fibre de verre pour un coût de 2 millions d'euros. François-Alexandre Bertrand espère que le premier exemplaire du Platypus Swordfish touche l'eau en 2022.
"Je suis convaincu que le futur du bateau se passera sous l'eau. J'imagine que mon concept de bateau semi-submersible est l'avenir. Ce qui se passes sous l'eau c'est magnifique, et je trouve ça dommage qu'un concept comme le Platypus n'ai pas été pensé avant" conclut François-Alexandre Bertrand.