D'abord, il faut convoyer le bateau de la Turballe jusqu'aux Sables-d'Olonne et après avoir remonté le légendaire (et interminable) chenal des sables, je me retrouve au non moins légendaire ponton Vendée Globe. Au lieu d'une vingtaine d'IMOCA, c'est maintenant 72 mini qui s'entassent à couple a deux, 3 voir quatre bateaux.
Un contrôle de la jauge stricte
Nous avons trois jours pour nous préparer pour le départ de la première manche. Nous devons passer nos contrôles sécurité, ou toute la checklist des éléments de sécurité et de jauge sont passés au peigne fin. Le but est que tous les bateaux soient "surs", mais aussi d'éviter les inégalités entre les coureurs. Par exemple ne pas embarquer certains matériels de sécurité permet de gagner du poids. Donc certains éléments sont plombés, comme le bidon d'eau de survie ou le radeau de sauvetage, pour s'assurer que celui-ci ne soit pas matossé et reste à sa place, juste à l'entrée de la trappe de survie, située sur le tableau arrière. La longueur du mouillage est contrôlée, etc.
Top départ, 72 voiliers sur la ligne…
C'est bientôt l'heure du départ. Nous sommes remorqués à l'extérieur du port (poids oblige, nous laissons nos moteurs hors-bord à terre) et le départ est donné. À 72 bateaux sur la ligne, tous manœuvrés en solo, c'est tendu. Mais il y a tout juste 7 nœuds de vent, ce qui évite les accrochages dans mon groupe. Je prends un départ médiocre, mais parviens à tirer mon épingle du jeu et arrive pas trop mal à la bouée de dégagement.
Une première option payante
Alors que tout le monde envoie le spi tribord amure, j'envoie avec un autre bateau sur bâbord. Le vent prend de la droite et on se retrouve pile layline pour passer la première marque 2 milles plus loin. Affalage du spi, je suis dans les 10 ou 15 premiers bateaux à passer la marque, et c'est parti pour une quarantaine de milles jusqu'au plateau de Rochebonne.
Chamboulement du classement
Très peu de vent, réglage fin et matossage à l'avant et sous le vent. Un groupe part à gauche du plan d'eau et un à droite, je choisis la première option… Pas de chance, le vent bascule de l'autre côté, je perds une dizaine de places. Passé la bouée de Rochebonne, je suis encore avec le groupe de tête, mais je fais ma seconde erreur. Je parie sur une bascule de vent dans la nuit et vais chercher trop loin une option trop extrême. Le groupe au large a plus de pression et je perds encore une dizaine de places.
Toujours à la bagarre dans un vent très faible
Je me bagarre dans la remontée vers le phare des Birvideaux que nous devons tourner pour repartir vers les Sables. Je passe la marque entre 35 et 40e position, le courant dans la tronche et dans un vent très faible. Le groupe de tête a bien avancé, je ne les rattraperais pas, il faut maintenant essayer de remonter le plus de place possible.
Le vent tombe encore plus pendant la nuit, tout le monde est plus ou moins à la dérive au nord de belle ile. Avec le courant, certains choisissent de mouiller pour ne pas être poussés vers les cailloux ou happés dans la passe de la Teignousse. Avec mon petit gennaker j'arrive à sauver les meubles, je reste manœuvrant et j'avance à 0,8 ou 1 nœud. Ce n'est pas vite, mais c'est mieux que zéro ou de reculer.
Ligne d'arrivée en vue
Quand le jour se lève, j'ai réussi à passer un gros groupe d'une quinzaine de bateaux pendant la nuit, quelques nœuds de vent s'invitent sur le plan d'eau en même temps qu'une épaisse brume, je passe certains bateaux encore endormis, mais rapidement tout le monde est sur le pont et les bateaux glissent sans bruit dans la lumière du matin.
Le vent s'établit et c'est parti pour la descente vers les sables, après un dernier passage de déventé/courant pas évident à gérer autour de l'Ile d'Yeu, j'arrive aux Sables en 19e position.
Envie de mieux faire dans la prochaine manche
Je suis un peu déçu, car j'aurais pu faire mieux, mais aussi content, car même si j'ai fait quelques grosses erreurs tactiques, je me suis bien battu pour revenir dans la course. Beaucoup de choses positives donc, maintenant il faut continuer à s'entrainer, bosser dur et surtout prendre du plaisir sur l'eau.
La prochaine étape part lundi 10 aout 2020 à 13 h. Elle va nous faire traverser la Manche jusqu'au sud de l'Angleterre pour finir à Roscoff. Je vous raconterai la suite.