François aime la mer et les bateaux. Habitant en Charente, il navigue à la voile sur le First 31.7 de son papa au départ de La Rochelle. Mais quand il se marie, avec sa femme ils font le choix d'une vedette à moteur, un Quicksilver 705. Pour François, même si le plaisir reste d'être en mer, l'attrait de la voile est fort. Mais pour madame, impossible d'imaginer vendre le bateau à moteur pour le remplacer par un voilier. Devant ce dilemme, François se résigne et cherche un petit voilier qui n'amputera pas trop le budget familial.
Il découvre au hasard d'un passage à La Rochelle à l'occasion du Grand Pavois 2019, un Mini stocké dans le parc d'un concessionnaire sur la zone technique. Ce Mini porte le numéro 365 et semble à l'abandon. Renseignements pris, il appartient à un brésilien qui ne l'a pas refait naviguer depuis qu'il a démâté en 2005. Le bateau attend sans aucun entretien.
François prend contact avec le propriétaire Roberto Holzhacker. Cet architecte naval brésilien a travaillé dans le cabinet Finot. C'est d'ailleurs un plan Finot qu'il décide de construire en 1991 pour participer à la Mini Transat. Le bateau voit le jour dans un chantier brésilien. Il est très bien construit en carbone imprégné sous vide cuit à l'autoclave. Il est donc très léger. Même la quille est du carbone massif avec un bulbe en plomb de 250 kg. C'est une quille fixe sur ce modèle (et non pendulaire comme cela s'est fait ensuite). Depuis sa construction, ce Mini n'a connu qu'un seul propriétaire. D'ailleurs Roberto rechigne à s'en séparer. Il n'accepte qu'à condition que le voilier navigue à nouveau. Sans doute que la noble cause de François a aussi joué dans la balance pour aider à la vente.
Un Mini pour aider les blessés de guerre
En effet, si ce Mini 365 a une belle histoire, François en écrit une tout aussi belle. Il est aussi membre actif d'une association qui aide les blessés de guerre, et qui s'intitule joliment : "30 jours de mer… après ça ira mieux". Cette association veut aider par la pratique du nautisme et de la voile, au parcours de reconstruction des militaires blessés en opération, en service ou victimes du terrorisme. Le Mini pourra donc participer à cette belle cause.
1500 € pour un proto sans son mât
François et Roberto se mettent d'accord sur un prix de vente : 1 500 €. Si la coque semble propre, le bateau n'a plus de mât ni de voile… Ce Mini entre dans la catégorie Prototype. Il n'a pas beaucoup navigué et n'a même jamais couru la Mini Transat. Pourtant ce dessin du Cabinet Finot a de belles réussites à son actif et d'autres bateaux construits sur ces mêmes plans continuent encore de naviguer actuellement.
Première nav' en remorque
Ce petit budget permet à François d'accéder à son rêve. Le voilà propriétaire d'un Mini. Pour le convoyer à Port des Barques, son port d'attache, il le remet à l'eau à La Rochelle et le tracte avec son bateau à moteur. L'aventure commence par un naufrage ! En effet, les tuyaux des ballasts sont tout pourris et fuient à tout va. Après avoir fermé la vanne, François écope une centaine de litres d'eau avant de pouvoir sortir du port…
Arrivé à Port des Barques, le voilier est sorti de l'eau à nouveau. La rénovation peut commencer.
Une rénovation en configuration de course
L'objectif est de remettre ce Mini dans la configuration de course de l'époque en respectant les surfaces de voiles notamment. Heureusement Roberto a fourni les plans du bateau à François qui a pu ainsi demander des devis aux fabricants de mâts. En effet, si le budget pour la rénovation est étroit, François n'a pas voulu partir sur l'achat d'un mât de Pogo d'occasion. Cela aurait facilité la tâche, notamment en trouvant une garde-robe parmi de nombreuses voiles qui existent sur le marché de l'occasion. Mais il manque 1 m au mât de ce Mini de Série. Trop dommage de lui amputer les performances ainsi.
Le système D
Le mât (en aluminium) et le gréement seront donc achetés neufs (budget d'au moins 3500 €). Mais aujourd'hui François n'a pas le budget pour les voiles (un jeu de voile de Mini coute entre 15 et 18 000 €). Qu'à cela ne tienne, il piste une grand-voile sur LeBonCoin est dégote celle d'un Océanis 321. Avec un guindant et une bordure à la côte. Cela conviendra parfaitement pour l'apprentissage et la mise en main. Et si le programme de course se profile, il sera toujours temps de couper de belles voiles neuves.
Vidé pour mieux l'équiper
De formation électronicien, François débarque le faisceau électrique tout pourri et se lance dans le dessin d'un nouveau circuit. Il le fait valider par un électricien de marine pour plus de sureté. L'accastillage est aussi débarqué. En effet, le pont demande un bon coup de peinture. Ce sera aussi l'occasion de changer les winches. À l'origine, ce sont des winches énormes, des Harken 40. Sur les Mini d'aujourd'hui, les Winches sont des 20. François va les changer pour ces modèles plus petits.
Si le 365 a une électronique NKE en place, le pilote n'est pas relié à la girouette (pas de mode vent). Ce sera désormais le cas avec une nouvelle girouette achetée d'occasion au retour des concurrents de la Mini 2019.
Pourquoi pas former une classe "oldschool" ?
À bord de son "vieux" Mini François sait qu'il ne va pas pouvoir rivaliser en course avec les bateaux actuels. Mais vu le nombre de bateaux de cet âge qui naviguent encore, les ministes imaginent organiser des rassemblements sous forme de confrontation entre ces "anciens" bateaux. François regarde cela de très près. Et puis si l'envie continue de le titiller, pourquoi pas s'aligner au départ de la Mini Transat 2023 avec le 365 ?