Le magazine dans ce petit format qui forgea son identité (15,5 x 23 cm) a encre une reliure agrafée (on aura un dos carré par la suite). Le magazine de 60 pages, imprimé en noir et blanc, possède quelques pages en couleur, dont la couverture et une double page centrale en forme de poster. Même le tunnel de publicité au début du magazine est en noir en blanc ! Appréciez la remorque "Nulefort" dont le nom a sans doute été pensé par un professionnel de la communication…
Bateaux vous emmène naviguer sur le lac d'Annecy
Ce mois-ci, la célèbre rubrique "où naviguer…" va visiter le lac d'Annecy. Une navigation au milieu des montagnes qui rend l'auteur G. H. Lévêque très lyrique : "Une légère brume s'étirai à la surface de l'eau calme, comme jamais une eau peut l'être. La muraille édentée noire de la montagne qui me faisait vis-à-vis se perdait dans les flocons de nuages gris et blancs. Le soleil, dans un halo, semblait rouler de l'un à l'autre et folâtrer dans une rotondité fugitive…" S'en suit un reportage sur 7 pages avec la carte des lieux imprimée en bichromie jaune et bleue.
L'auteur découvre le plaisir de naviguer en eau intérieure et conclue sur ces lignes quand vient la tombée de la nuit sur le lac très calme : "A la mer c'est l'heure de l'allumage des feux et du compas. C'est l'heure de hisser un foc plus petit et de distribuer les quarts de nuit. Contraste de deux choses qui sont faites pour être aimées."
De la précision !
Dans ses rubriques la revue Bateaux n'hésite pas à rentrer dans les détails, même s'ils sont parfois difficilement compréhensibles. Ainsi les carènes des bateaux à moteur sont passées au cribles dans un sujet très technique sur la forme des vagues en fonction de la vitesse du bateau. Résistance de forme et résistance de friction sont ainsi opposées dans des graphiques.
La pratique de la voile est aussi détaillée avec des applications pratiques de l'action du vent sur une voile. Vecteurs et forces appliquées sont ainsi décryptés en fonction de la forme de la voile. Autant de notions qui restent tout à fait d'actualité et applicables sur nos voiliers modernes. Un sujet qui n'a (presque) pas pris une ride !
À la barre… du Mousse
Le voilier essayé ce mois de janvier 1960 dans la rubrique "à la barre…" est le mousse. Ce dériveur pour un ou deux équipiers, dessiné par l'architecte naval Eugène Cornu et construit en contre-plaqué mesure 3,91 m. On retrouve l'essai détaillé du bateau et un comparatif des données chiffrées avec le Vaurien et le 5o5.
Mais détail amusant, si la revue Bateaux a l'habitude de publier les plans de forme des bateaux essayés, cette fois, c'est une lettre de l'architecte qui est publiée à la place. Celui-ci refuse au nom de la notion de "droit d'auteur" que soit publié son plan. La revue s'en amuse en indiquant "Secret" sur le plan.