Les grands défis de la plaisance selon la Fédération des Industries Nautiques

A la veille de l'ouverture du Salon Nautic, Yves Lyon-Caen, président de la Fédération des Industries Nautiques, nous a présenté les grands défis que devra relever l'industrie nautique lors de la prochaine décennie.

Une industrie nautique en ralentissement

À la clôture de l'année 2019, la filiale nautique représente 5,3 milliards de chiffres d'affaires (services, grande plaisance, location, etc.) au sein du paysage économique français. La filière emploie 44 000 salariés en CDI et CDD, sans compter les emplois intérimaires liés notamment aux activités saisonnières, fortes créatrices d'emploi.

L'export représente 76,8 % de la production française, un chiffre en progression d'année en année. En effet, 9 bateaux sur 10 sont destinés à l'international. "Un chiffre qui s'explique par la qualité des produits, mais aussi par un marché français peu tonique par rapport au marché international", explique le président de la FIN.

Yves Lyon-Caen ajoute que "l'industrie vit au rythme de ces salons et qu'il y a d'assez fortes continuités des tendances antérieures. Ainsi, l'Europe continentale est bien orientée, la tendance britannique souffre du stress que représente le Brexit et le continent nord-américain ralentit. Le paysage tend à s'incliner vers un certain ralentissement avec des segments de marché qui peuvent être plus impactés que d'autres (voile, moteur, monocoque, multicoque…)."

Les 3 grands défis de l'industrie nautique

"Ce sont des sujets sur lesquels se joue notre futur industriel et la future compétitivité de notre filière" introduit Yves-Lyon Caen.

1 — Piloter la transition écologique tout en restant compétitif par l'innovation

L'idée est de créer des éco-organismes et de mettre en place de nouvelles approches en réponse à la transition écologique :

Matériaux et économie circulaire. Ce sont des enjeux qui touchent les résines et les fibres et qui exigent une collaboration étroite avec la plasturgie et la chimie. "Quels seront les matériaux que nous mettrons en œuvre dans 5 ou 10 pour l'économie circulaire ? Personne ne le sait".

Propulsion: "On peut saluer le retour de la propulsion vélique, le retour aux sources de notre industrie avec l'utilisation de kite, de foil, de moteur à hydrogène et hybrides". C'est un domaine très important pour la FIN, qui n'imagine pas comment apporter des réponses innovantes et compte sur le milieu automobile qui a "la responsabilité majeure d'être en tête de cordée". C'est d'ailleurs en ce sens que la Fédération des Industries Nautiques a développé des collaborations avec la filière automobile pour le stockage et la gestion de l'énergie.

Du respect de l'environnement naturel dans lequel se pratique la plaisance. On parle ici du "défi que représente le fait de traiter l'enjeu des mouillages et répondre à l'exigence du non-rejet (eaux usées, déchets…)". Pour ce faire, la FIN souhaite développer en collaboration avec les ports de plaisance une économie circulaire.

2 — Conquérir de nouveaux clients

"Nous devons reconquérir et conquérir ces nouvelles générations à travers l'économie du partage, du service, de l'offre digitalisée sous toutes ses formes et avec ambition que nos produits évoluent."

La problématique du renouvellement de la population de plaisanciers est toujours au cœur des missions de la FIN. Aujourd'hui, la pratique évolue et de nouvelles manières de "consommer" le nautisme voient le jour pour séduire "une nouvelle cible jeune, festive et versatile qui représente les nouveaux clients de demain."

"Les formes d'accueil se diversifient", à travers des locations à la journée ou des systèmes de Boat Club. "Dans ces derniers, il y a généralement une phase d'accueil, d'initiation ou d'apprentissage pour les non-initiés." À travers les offres de location classique, il est aussi possible de louer les services d'un skipper ou de se former via un moniteur. En 2019, la location a crû de 10 %, ce qui montre clairement que "la consommation du nautisme n'est plus la même."

"Il y a une dimension du nautisme plus festive que ce nous avons connu. Le bateau étant une plateforme d'évasion pour les jeunes. Si certains ont une expérience de navigation, les autres viennent participer à une évasion festive. Ça se développe d'ailleurs dans l'économie de partage, avec la possibilité de faire appel à un skipper ou un accompagnant pour une traversée commune et ce manque d'expérience ne présente donc pas de risque de sécurité supplémentaire."

Pour autant, Yves Lyon-Caen n'est pas inquiet sur l'évolution de la plaisance et ses pratiques. "Les plaisanciers réguliers propriétaires sont moins nombreux, mais ça ne veut pas dire que la pratique plaisancière ne continue pas de se développer, mais différemment (location, boat-club). Ceux qui vont faire du bateau de temps en temps seront un jour des plaisanciers réguliers s'ils ont le temps et l'argent pour pratiquer régulièrement ? Tout est une question de disponibilités de temps, d'argent, de culture et de comportement."

De la plage à la voile

Pour la Fédération Industries Nautiques, tout se passe sur la plage. C'est en fréquentant les plages que naitront les futurs plaisanciers. "Pour beaucoup de jeunes, la plaisance passe par la plage. En pratiquant des activités nautiques, comme le paddle ou le kite… ils se tournent ensuite vers une pratique plaisancière."

Cette affirmation demanderait néanmoins à être appuyée par des chiffres. "Nous n'avons pas de taux de conversion de la pratique initiatique nautique à partir des activités de plage, mais ce serait intéressant de travailler avec des organismes comme les Glénans ou l'UCPA pour en obtenir."

3 — Emploi : gagner la bataille de l'attractivité et des nouvelles qualifications

Les métiers manuels attirent de moins en moins de jeunes et près d'une quarantaine de chantiers et d'entreprises ont du mal à recruter, aussi bien des métiers classiques – électricien, mécanicien… – que des métiers plus spécifiques — stratifieur…

"Nous devons assurer la relève générationnelle qui touche tous les industries et départs en retraite de tous ceux qui sont rentrés dans nos industries dans les années 70/80."

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