Il y croyait dur comme fer et ces 26 minutes d'écart qui le séparaient d'Axel Tréhin sur la première étape n'étaient qu'une formalité. François Jambou nous avait confié à son arrivée à Las Palmas de Gran Canaria : "Je suis venu pour gagner et c'est encore possible. J'ai la niaque et je reste motivé. La victoire je peux l'avoir."
C'est donc en vainqueur de cette 2e étape que le skipper du prototype 865 Team BFR Marée Haute a franchi la ligne d'arrivée au Marin. Arrivé ce jeudi 14 novembre à 18 h 00 min 07 secondes (heure de métropole) en Martinique, il aura mis 12 jours, 02 heures, 27 minutes et 07 secondes pour traverser l'Atlantique avec une vitesse moyenne de 9,22 nœuds. Au cumul des deux étapes, son temps de parcours est de 20 jours, 20 heures, 31 minutes et 57 secondes, à une moyenne de 8,02 nœuds.
François continue d'écrire l'histoire victorieuse de son bateau, tenant du titre skippé par Ian Lipinski en 2017. S'il avait les pieds sur le frein au départ de la course — les conditions ont malmené de nombreux concurrents — il a pris les rênes de la flotte dès le 2e jour pour ne plus jamais les lâcher.
Arrivé avec 12 heures, 51 minutes et 47 secondes d'écart sur François Jambou, Axel Tréhin, vainqueur de la première étape prend la 2e place de cette 2e étape. En ayant rattrapé ses 26 minutes de retard sur Axel, François s'assure la victoire au général.
Il s'est confié sur sa course à son arrivée :
"Je suis très ému et j'ai du mal à réaliser. J'ai fait beaucoup de sacrifices qui ont du sens aujourd'hui avec cette victoire. Toute ma vie a été tournée autour de ça, pour pouvoir en arriver là. Je n'ai pas de salaire depuis un an et demi, car j'ai arrêté de bosser. Dernièrement, je n'ai pas été très présent pour mon fils de 3 ans. Ma compagne a été derrière moi, je la remercie, car sans elle je n'aurais jamais pu faire ça. Cette victoire va changer ma vie, il y aura un avant et un après."
"Je ne me sentais pas de faire le fou"
"J'étais dans un mode où il ne fallait pas casser le bateau, j'avais les pieds sur le frein au début, peut-être que les autres ont voulu aller trop vite dès le départ et ont cassé. J'étais vraiment en mode vitesse moyenne, il y avait plein de moments où j'aurais pu tirer davantage sur le bateau, mais dès que ça tapait, dès qu'il y avait un bruit étrange dans le bateau je calmais un peu, tout en surveillant bien le classement. Je ne me sentais pas de faire le fou, car ce n'est pas dans ma nature. Au GPS quand on voit qu'il reste 1 500 milles à parcourir, on n'a pas envie de les faire sous gréement de fortune. Nous sommes des marins avant d'être des régatiers."
"Une navigation formidable"
"On a eu des conditions funs, toujours au portant. J'ai mis un spi au départ et je l'ai affalé juste là, j'ai fait seulement 1 mille de près. C'était une navigation formidable. Le bateau planait tout le temps. Il y avait des superbes paysages, des soleils rasants, on ne pouvait pas rêver mieux. Mentalement c'était plus difficile, j'ai eu du mal à gérer le stress de la compétition. C'est une sacrée expérience, j'ai l'impression d'avoir énormément progressé, d'avoir compris plein de choses et ça, c'est gratifiant aussi. Je n'avais pas la prétention d'être sûr de pouvoir gagner, car il y avait des super marins, des supers bateaux et sur la première étape j'ai manqué d'un peu de réussite à la fin."
"Un brin de réussite"
"Il fallait réussir à rentrer dans le match dès le départ ce qui n'était pas évident, car on s'est fait cueillir directement avec du vent fort. J'étais juste derrière Marie Gendron quand elle a cassé, j'en ai vu d'autres partir au tas. Il faut quand même un brin de réussite, car la connerie nous pend au nez à tous : l'objet qu'on va taper, la bascule de vent qui n'est pas annoncée. Des emmerdes, il peut en arriver un tas et à tout le monde."
"La Mini-Transat, la course de ma vie"
"La Mini-Transat est la course de ma vie. Je n'ai jamais rêvé de faire la Route du Rhum ou le Vendée Globe. Je suis arrivé à la voile sur le tard, vers 16 ans. Pour moi la Mini-Transat était la course de Mr Tout-le-monde et je pensais y avoir accès un jour. Gagner cette course, c'est extraordinaire !"
"Impressionné par Ambrogio Beccaria"
"Il y a un marin qui m'a impressionné, c'est Ambrogio. Je pense que c'est le meilleur marin que je n'ai jamais vu. Il est impressionnant. Se tirer la bourre avec des bateaux de série comme si c'était les meilleurs protos, cela a été un fait marquant de la course. J'ai complètement halluciné. Forcément quand le vent a un peu molli, avec mon bateau plus puissant, plus léger, je me suis échappé, mais néanmoins il y a un sacré niveau en Mini et c'est bon pour la classe, c'est bon pour le sport."