C'était comment lorsque les bateaux allaient dans l'eau ?
C'était il y a bien longtemps. Quand les bateaux allaient dans l'eau, c'était pour eux comme nager dans du beurre de cacahouette, ça colle...
Puis les bateaux sont allés sur l'eau plutôt que dedans, ça colle moins dessus que dedans, c'était l'époque du planning. Les bateaux de course océanique furent de vrais conquérants du planning et les minis en tête d'escadron.
Et puis un jour, les bateaux se sont mis à sortir de l'eau, ce sont les foiler. D'abord timidement, puis tout c'est emballé et l'on voit apparaitre simultanément des foiler de partout, des Moth, les bateaux de la Coupe, des catas de sport, des surfs, des Zodiacs, des SUP, des Imoca et les Ultims.
À l'aube d'une nouvelle génération de minis
Le foil est donc une nouvelle révolution nautique, et si c'est encore très expérimental il ne faut pas rater le tournant de l'histoire.
Ainsi le chantier Pogo Structures, en partenariat avec Guillaume Verdier, ont gagné le pari de faire entièrement voler un Mini 6.50.
Le foiler, ce n'est pas tout à fait une première en mini. En effet, il y a 4 ans Arkema avait déjà réussi ce pari, cependant en dehors des conditions idéales de vol ce proto se faisait déboiter par la plupart des bateaux de série.
Aujourd'hui, avec le Pogo foiler la grosse différence, c'est la polyvalence. En effet, on a constaté lors des 2 courses suivant la mise à l'eau que le Pogo Foiler est aussi très performant dans le petit temps.
À n'en pas douter, Guillaume verdier a réussi à limiter la trainée en mode archimédien et les constructeurs de chez Pogo ont fabriqué un bateau très léger.
Comment ça marche ?
Lorsque la vitesse du bateau est suffisante (aux alentours de 12nds), les plans porteurs dégagent suffisamment de puissance verticale pour extraire la coque de l'eau. Il s'appuie alors totalement sur ses appendices : le foil sous le vent, la quille basculée au vent et le ou les safran(s) à arrière.
L'idéal est de voler en reposant à l'arrière, sur les deux safrans afin de gagner en stabilité. On connait tous l'instabilité d'un tabouret à trois pieds...
Tanguy Bouroullec nous explique " Il y a un gros travail sur l'apprentissage du vol à faire. On casse les codes et il faut tout réapprendre. Pour maintenir le vol, ça demande beaucoup de pilotage pour générer ou régénérer la puissance. Et puis il faut régler l'assiette pour peu giter et avoir les deux safrans dans l'eau."
Connaissant la nervosité des minis, il semble évidant pour l'instant que le vol stabilisé en solo demandera des conditions particulières.
Ici,lors des prises de vue, on voit que la mer est plate, un vent de nord souffle sur le pays Bigouden. La présence d'un ris dans la grand-voile montre qu'on doit être assez proche des 20nds réels. Donc par 20nds de vent au travers et sur une mer plate il vol, bravo Pogo !
Et sur la Minitransat ?
Grâce à une dérogation tout juste accordée par la classe Mini, Tanguy Bouroullec sera donc au départ de la Minitransat La Boulangère sur son proto CerFrance.
On sait d'avance que le parcours, plutôt vent arrière, n'est pas particulièrement favorable a un foiler. On sait aussi qu'en plein océan Atlantique, l'état de la mer ressemble rarement à celui d'une baie.
Mais imaginons un instant que les conditions idéales soient réunies pendant quelques heures, allez, disons pendant 10 heures... Si le Pogo foiler affiche à son compteur NKE, 4nds de plus que ses concurrents directs, il prendra 40 milles d'avance, et ça sur les pontons de La Rochelle c'est peut être le pire cauchemar de ses concurrents.