Rendez-vous à Lorient la Base
C'est à Lorient la base que nous avons l'opportunité de nous retrouver pour naviguer sur un semi-rigide équipé de foil. Ces appendices sont développés par l'entreprise bretonne SEAir depuis 2016. L'essai n'était pas gagné, les bateaux sont en tests, mais ce que nous voulons c'est surtout appréhender cette technologie et ressentir ces sensations offertes par un bateau en vol.
Nous embarquons à bord d'un Pro 5.5 de Zodiac avec 115 CH pour une balade sur le cours du Blavet et à la sortie du chenal de Lorient. Les conditions ne sont pas forcément propices, en ce début d'avril 2019, pour tester la capacité du bateau du bateau en mer formée. En effet, le soleil brille, le vent est faible et l'onde balaye doucement le plan d'eau. Qu'importe, nous voulons avant tout avoir une idée de la navigation en sustentation.
S'affranchir des vagues
L'idée de Betrand Castelnerac, l'un des fondateurs de l'entreprise bretonne, n'est pas la vitesse, mais la capacité à naviguer par mer formée sans le sentir. En somme, s'affranchir des vagues !
"Le concept de SEAir n'est pas d'augmenter la puissance moteur pour aller plus vite sur l'eau quand il y a de la mer. Il suffit de lever la coque au-dessus de l'eau pour aller plus vite en vitesse moyenne et peut-être aussi vite en vitesse de pointe. La façon normale de naviguer sur un bateau SEAir, c'est au-dessus de l'eau avec des moteurs moins puissants. Ça n'a pas de sens de surmotoriser les bateaux avec des gros moteurs et de rester sur l'eau" nous explique Bertrand.
Une main sur le volant, l'autre sur la manette des gaz, il est l'heure de voir ce que notre bateau a dans le ventre. Dès la vitesse de 15 nœuds, la coque se soulève. À 20 nœuds, il est sorti de l'eau et la coque plane à environ 20 cm au-dessus de la surface de la mer. Et nous, on hallucine ! La descente des foils est motorisée et il n'y a pas d'incidence à régler.
"Plus le fond de coque est haut par rapport au niveau de la mer, plus ça nécessite des compétences de pilotage, car le bateau est plus instable. Mais ça permet aussi de passer de plus hautes vagues" nous explique Bertrand.
Comme sur un tapis volant
Alors que les foils sifflent, on glisse sur l'onde, sans ressentir la moindre vaguelette. Ce n'est pas tant la sensation de voler que l'on ressent, mais cette incroyable sensation de sustentation. À 25 nœuds, nous atteignons notre vitesse normale de navigation.
Au cours de l'accélération et en fonction de l'état de la mer, il faut régulièrement ajuster le trim pour conserver l'assiette du bateau.
Dans plus de clapot, à l'extérieur de la rade de Lorient, nous découvrons ce qui fait toute la richesse du concept. Calé à 20 nœuds face au clapot, un semi-rigide standard enverrait ses chocs et ses secousses à l'équipage en tombant dans chaque vague. Le concept de SEAir permet de gommer la quasi-totalité des chocs. En effet, au lieu de retomber dans un violent fracas, les foils agissent comme des amortisseurs. C'est un confort littéralement exceptionnel et incomparable. J'ai la certitude de ne jamais avoir ressenti des mouvements aussi doux et fluides sur un semi-rigide.
Une stabilité à toute épreuve
Nous testons ensuite la stabilité du bateau en virage pour voir si on ne prend pas en défaut les foils qui pourraient caviter. Nous sommes encore une fois surpris du résultat. Si on ne force pas la machine au-delà d'une vitesse normale pour un virage serré, les foils jouent parfaitement leur rôle et nous virons presque à plat, légèrement au-dessus de l'eau.
Pour la consommation, nous nous baserons sur les chiffres donnés par SEAir. "Le gain de consommation est estimé à 10 % à basse vitesse et jusqu'à 30 % en vitesse moyenne. On peut atteindre 50 % de gain dans des conditions idéales de mer" conclut Bertrand.
Pour un semi-rigide de 5 m avec un moteur de 115 CH, il vous en coutera 50 000 €. Ce prix inclut le foil en carbone, le système électrohydraulique de réglages et l'intégration à bord du semi-rigide.
Crédits photos : Bateaux.com