La genèse du projet
C'est en participant aux régates du circuit GC32 que l'idée vient à Bertrand Castelnerac, l'un des fondateurs, de créer SEAir. "Le coach n'arrivait pas à suivre les bateaux, obligé d'attendre au vent, sur un semi-rigide qui tape", commence Bertrand.
À l'aire où le foil se démocratise et que naissent des projets industriels, le fondateur de l'entreprise bretonne décide de monter un projet de Mini à foil dans le domaine de la voile. Finalement, l'idée est abandonnée et Bertrand se tourne vers ses actionnaires pour leur proposer un autre projet. Il leur explique alors les problèmes rencontrés par les semi-rigides accompagnateurs des GC32 et son idée pour y remédier : des foils spécialement adaptés aux bateaux à moteur.
"L'idée est bien reçue puisque 80 % de la flotte française est composée de bateaux à moteur, parmi lesquels 80 % sont des semi-rigides" étaye Bertrand.
Bertrand Castelnerac, l'un des fondateurs de SEAir © Bateaux.com
En 2006, les brevets sont déposés et l'entreprise se dote de services mécanique, ingénierie, contrôle de foils et de fabrication 3D. "On réalise des foils en kit à base de pièces plastiques ou carbones imprimés en 3 D.".
C'est ainsi que SEAir lance son premier bateau à foil. Sur un semi-rigide Zodiac, il vient installer ces grandes dérives qui permettent au bateau de se sustenter. "Ce sont des foils non volants, sortes de dérives non archimédiennes".
C'est un tournant pour le domaine du bateau à moteur et plus particulièrement du semi-rigide. Et si d'autres projets continuent de voir le jour, SEAir est le précurseur du bateau volant.
"La position normale de navigation du bateau c'est au-dessus de l'eau. C'est gracieux et on ressent tous les mouvements" s'exclame le fondateur de SeAir.
L'imprimante 3D © Bateaux.com
Le foil pour s'affranchir des vagues
"Dans le bateau à moteur, nous avons des phénomènes à prendre en compte qui sont différents de ceux de la voile" explique Bertrand. Ainsi, atteindre la vitesse maximale n'est pas l'objectif. "On pense que le foil permet d'atteindre des vitesses extrêmes. On pourrait bien sûr, mais d'une part ce n'est pas l'objectif et d'autre part ça pourrait être dangereux. En pratique on atteint facilement les 30 nœuds en vol, mais on recherche l'optimisation du vol aux vitesses moyennes."
L'idée du foil de SEAir, c'est de réduire l'effet de la hauteur des vagues et de pouvoir naviguer même quand il y a de la houle. Car une fois le bateau levé, il glisse sur l'eau et s'affranchit totalement de l'état de la mer. Et si l'on aurait tendance à lever le pied lorsque les vagues arrivent, bien au contraire, il faut éviter de ralentir quand le train de vagues se présente.
"Le foil casse beaucoup d'aprioris. En dehors de l'idée de la vitesse et des vagues, les gens pensent que le bateau ne tourne pas. Or, il tourne à plat sans problème" étaye Bertrand.
Gabarit de foil © Bateaux.com
Un ajustement du vol nécessaire
Pour fonctionner, le semi-rigide à foils nécessite des réglages. En effet, il ne suffit pas de mettre les gaz pour décoller. "C'est un design de foil assez basique, qui nécessite des réglages de trim. L'assiette longitudinale doit être réglée pour des réactions plus franches."
Avec ses foils, le bateau prend un peu plus de dérive et de mouvement latéral, qui vient remplacer le mouvement longitudinal.
Si au lancement de sa technologie de foil, SEAir veut rendre le foil "facile" et accessible à tout le monde en le démocratisant, aujourd'hui, la demande s'oriente vers un marché haut de gamme.
Les foils en attente d'être installé © Bateaux.com
Une gamme en développement
Si pour l'instant SEAir travaillait avec Zodiac — les bateaux sont vendus à l'entreprise bretonne, qui les préparent ensuite dans ses ateliers — d'autres constructeurs s'intéressent à cette technologie. C'est le cas de Bénéteau, qui a également développé en collaboration avec l'entreprise un prototype de bateau à moteur à foil ou encore de Sillinger ou de Highfield intéressés pour doter leurs bateaux de ce système de vol.
Un semi-rigide équipé de foils © Bateaux.com
À quand un bateau SEAir ?
"Ce qui coute cher, ce sont les moules de coques. Il faut faire de la production en série pour rentabiliser" explique Bertrand. "Si on créait notre propre bateau, tant architecturalement qu'au niveau du design, on fabriquerait un pneumatique. Ce serait un bateau de moins de 10 m, mais haut de gamme, car on s'est spécialisé dans ce milieu" conclut Bertrand.
Installation de plan porteur sur l'embase © Bateaux.com