Un changement de parcours bien tombé
Au lieu de monter vers l'île de Man pour un parcours de 630 milles, ce dernier avait été raccourci à 535 milles, avec une descente dans la Manche jusqu'à l'île de Wight et un retour dans la baie de Morlaix.
Un changement de parcours bien tombé au vu des conditions météo très variée rencontrées par les skippers : traversée de la mer Celtique un peu poussive avec une sorte de "Pot au Noir" avant d'atteindre les îles Scilly, un coup de vent le long des côtes anglaises, une bouée au large de l'île de Wight en plein courant de marée, une descente rapide sous spinnaker vers la pointe bretonne pour finir par un débridé modéré jusqu'à l'arrivée en baie de Morlaix.
Les leaders se détachent
C'est entre le phare de Bishop et celui de Star Point que les écarts ont commencé à se creuser. Yoann Richomme (HelloWork-Groupe Télégramme) prenait ainsi les commandes, suivies par un petit groupe constitué de Morgan Lagravière (Voile d'engagement), de Gildas Mahé (Breizh Cola-Equi'Thé), d'Armel Le Cléac'h (Banque Populaire) et d'Adrien Hardy (Sans nature, pas de futur).
Une violente dépression devait balayer les côtes anglaises avec des rafales à plus de 35 nœuds de secteur Nord. Des conditions qui avaient d'ailleurs incité la direction de course à réduire le parcours. Si le vent venait de terre, il a néanmoins fait quelques dégâts au sein de la flotte au point que Cécile Laguette (Eclisse), Martin Le Pape (Skipper Macif 2017) et Thomas Ruyant (Advens-Fondation de la mer) étaient contraints de jeter l'éponge.
Adrien Hardy, skipper de Sans Nature pas de Futur © COURCOUX Alexis
Une option fructueuse
Au passage de la bouée Needles Fairway, les cinq leaders avaient près de dix milles d'avance sur le peloton. Restait ensuite une longue traversée de la Manche de 180 milles avec deux options possibles pour éviter le DST des Casquets au large des îles anglo-normandes. Au choix donc, une route assez directe vers Portsall, ou se recadrer avec un double empannage pour passer par le Sud de cet obstacle.
C'est cette dernière option que choisissait Adrien Hardy, suivi par Gildas Mahé et Jérémie Béyou (Charal). Une option victorieuse.
À une dizaine de milles de la bouée Grande Basse de Portsall, Adrien Hardy bénéficiait de la marée montante dès le passage de la bouée. Après avoir réussi à contrôler Yoann Richomme, le solitaire franchissait la ligne d'arrivée mouillée devant Roscoff à 16 h 05' 13", suivi à 6'19" par HelloWork-Groupe Télégramme.
Yoann Richomme, skipper de Hellowork-Groupe Telegramme © COURCOUX Alexis
" J'ai un peu l'impression de débarquer… C'est dur, dur pour tout le monde ! En partant de Kinsale, je parlais avec Yann Éliès comme quoi cette étape n'avait pas l'air trop dure et qu'il n'y aurait pas trop d'écarts. Mais en fait, c'était compliqué : j'ai été toujours dans les cinq premiers à toutes les marques et puis les deux dernières nuits, j'ai réussi à grappiller des places. Dans l'ensemble, je ne vais pas trop mal… Assez vite et en général au bon endroit. Ça me permet d'oublier un peu la déception de la première étape, parce que je l'avais un peu en travers ! Là, c'est un grand bonheur : c'est très rare de gagner, même si c'est ma cinquième victoire d'étape.
Maintenant, on ne voit plus trop les bateaux qui sont un peu éloignés à l'AIS et c'est plutôt bien : on navigue plus pour nous que par rapport aux autres. J'ai attendu le dernier bulletin météo d'hier pour opter vers le Sud et passer sous le DST des Casquets. Et ça a marché. Le souvenir marquant de cette deuxième étape ? Le passage sous les côtes anglaises avec beaucoup de vent sous gennaker avec 25-30 nœuds : je n'avais qu'un objectif, faire du cap à l'Est. Et puis un bon moment aussi au passage des Scilly : si la nature commence à gagner…" s'est exprimé Adrien Hardy à son arrivée.
Une place confortée au général
Avec cette 2e place sur l'étape Kinsale-Roscoff, Yoann Richomme conserve son statut de leader au classement général. Mieux, ses poursuivants les plus dangereux comptabilisaient bien des dizaines de minutes de retard.