Ta dernière Figaro était en 2003 - il y a 15 ans - pourquoi revenir cette année sur le circuit Figaro ?
Principalement pour le nouveau bateau. Ma dernière Figaro date de 15 ans, et la précédente 12 ans plus tôt. En Figaro je n'ai fait que les premières éditions avec des nouveaux bateaux. La première fois en 1980, il y a 40 ans, c'était la première année où il y avait des bateaux de série. Je l'ai fait une fois en half, une fois en Figaro 1, une fois en Figaro 2 et enfin en Figaro 3. C'est d'une logique implacable !
Qu'est-ce qui t'attire dans cette classe ?
Ce qui m'intéresse c'est de partir à armes égales avec des spécialistes. Je ne suis pas un, mais c'est pas mal d'essayer de niveler un peu ; de réapprendre ensemble à essayer de maîtriser un petit voilier. Ce n'est pas grand, et c'est ça qui est joli dans ce sport-là. Il y a des talents monstrueux qui ont couru sur d'autres supports et qui reviennent pour se mesurer armes égales tous les ans.
Est-ce que ton expérience sur d'autres bateaux - on te surnomme monsieur multicoque - va pouvoir te servir sur ce nouveau support ?
Ce sont des bateaux à voile, mais c'est une découverte pour tout le monde. Les spécialistes de cette discipline resteront des spécialistes. Il y a plein de micros détails, de management à bord, de timing, de rythme, de chorégraphie qui sont entretenues au fur et à mesure des années de travail. Au moins la moitié de la flotte maîtrise très bien toutes ces choses.
Mon expérience des foils n'a rien à voir. C'est comme des ailes sur un oiseau. Entre un albatros et un pingouin il y en a un qui vol mieux que l'autre. Ce n'est pas parce qu'on met des foils sur une baignoire ou des ailes sur un vélo que ça va forcément faire un avion. Le Figaro 3 n'a pas un foil fait pour voler, c'est juste une dérive inclinée.
Que penses-tu de ce nouveau bateau que tu découvres ?
J'en pense beaucoup de bien, il est beaucoup plus complexe que le précédent. Parce qu'il est un peu plus compliqué avec ses 2 voiles de plus, l'utilisation des voiles d'avant est plus précis. La flotte a du coup moins tendance à se suivre. C'est qui referme le jeu, c'est la technologie embarquée depuis quelques années ; comme l'AIS qui permet de savoir où sont les autres. Pour les cheveux blancs, c'est chiant, mais les autres sont habitués. On a bien vu sur les précédentes épreuves que le jeu est très ouvert.
Selon toi, est-ce une bonne évolution pour la classe Figaro ?
Il y a un bon sentiment initial qui a envie d'être respecté par tout le monde. Il faut absolument préserver la monotypie et pour cela il faut que la base de départ ne soit pas trop mauvaise et c'est le cas. Il y a eu quelques soucis de jeunesse, mais qui n'en a pas. Il y a un élan commun de tous les acteurs pour éviter les délires des années précédentes. C'est un peu ce qui m'avait freiné à revenir sur le Figaro. C'est pour ça que je n'ai fait que de première année. La première année, personne n'avait le temps de bidouiller. Les suivantes, c'était la porte ouverte à beaucoup de dérives.
Tout cela semble être du passé ce qui est une très bonne nouvelle pour les futures générations qui vont continuer, ce qui ne sera pas mon cas. Je n'ai toujours fait qu'une seule saison et ça me suffit.
Vous n'avez pas eu beaucoup de temps entre la réception des bateaux et les premières courses. Comment as-tu organisé ton planning ?
Je suis beaucoup mieux préparé que les précédentes éditions. Il y a 15 ans j'avais reçu mon bateau la veille du départ de l'équivalent de la Solo Maître Coq - que j'avais gagné… À cette époque cela suffisait. Maintenant ça ne suffit plus du tout. Nous avons tous été livrés à peu de chose près en même temps et nous avons eu deux voire trois épreuves préparatoires. Je ne m'étais jamais autant entraîné sur un Figaro. On n'a jamais assez de temps, mais c'était déjà beaucoup trop. Quand tu n'as pas le temps au moins tu as un alibi alors que cette fois-ci je n'ai plus d'excuses.
Ton bateau et son skipper sont-ils prêts ?
Tout est prêt. C'est la première fois que j'ai mis autant de temps dans la préparation. Les autres participations en Figaro il y a 15 ans, je finissais la course et je repartais sur autre chose. J'étais plus occupé que maintenant. Pour cette édition 2019, je me suis consacré qu'à elle. C'était une préparation avec des copains, très agréable.
Quel sont tes objectifs sur cette course ?
Essayer de ne pas trop se faire mal, ce qui sera compliqué à respecter. Et apprendre. Ce n'est même pas "réapprendre", parce qu'il y a plein de choses qu'on imaginait avoir oubliées, mais qu'en fait je ne sais pas. C'est une spécialité et je ne suis pas un spécialiste de ce bateau. Ça reste du bateau à voile, mais il y a un niveau exceptionnel !
Quel sera ton programme après la Figaro ?
J'embarque immédiatement pour la Transpac, une course de multicoque en Mod 70. Avec des Anglais et des Américains pour défendre le record que je détiens toujours depuis 2 ans avec l'ancien Groupama de Franck cammas.
Après j'espère pouvoir partir un peu en croisière avec ma famille.
Puis je retourne bosser avec Outremer et Gunboat pour faire des petites choses marrantes sur des catas de croisière. On finira ensuite la saison de Figaro avec Amélie Gracie sur le Tour de Bretagne.