La mise à l'eau d'un Pogo est toujours un événement. En général un nouveau Pogo, c'est l'annonce d'une nouvelle génération de bateaux. Le dernier né, est une machine à faire rêver les amateurs de glisse et de sensations fortes, c'est le Pogo Foiler.
Un projet ambitieux
Le talentueux Guillaume Verdier est l'architecte de ce bateau, il travaille sur ce projet depuis plus d'un an, en parallèle du développement des foilers de la future coupe de l'America pour le défi Team New Zealand.
Au bureau d'études du chantier Structures c'est Erwan Tymen, vainqueur de la mini transat, qui est en charge du projet en étroite collaboration avec l'architecte.
Le skipper n'est autre que le jeune et talentueux Tanguy Bouroullec (4e en série lors de la dernière Mini-Transat en Pogo3), et pour l'occasion il a participé à la construction de son proto tout carbone.
Un proto High Tech et raffiné
Ce petit bijou de technologie espère être le premier foiler à performer en Classe Mini.
Il est pourvu de foils - à la cinématique très sophistiquée - ressemblant à ceux développés pour les bateaux de la Coupe de l'America. À l'inverse des voiliers de la Coupe, en Mini, la quille est nécessaire. Alors elle est télescopique et servira également de plan porteur une fois amenée au vent.
Les safrans aussi sont équipés de foils, ce qui démontre bien la volonté d'un vol stabilisé et pas seulement d'alléger le voilier ou de gagner en puissance.
Enfin, la forme de coque en scow permet d'obtenir plus de couple de redressement lorsque le bateau ne vole pas encore.
Christian Bouroullec explique : "C'est un foiler complet, c'est-à-dire que l'objectif est de véritablement décoller et maîtriser le vol. Nous sommes vraiment allés à fond dans ce sens-là. On pourra régler le vol grâce aux foils qui bougent dans tous les sens. Ils pivotent de haut en bas, s'enfoncent plus ou moins profondément et bougent même d'avant en arrière. Cependant, nous demeurons prudents, car il reste à prouver que ça fonctionne."
Le Pogo3 est actuellement la référence en mini de série et d'un autre côté les foilers sont un micro marché, alors qu'est ce qui motive Structures à développer un tel bateau ?
"Un pareil projet crée une émulation interne très positive, il y a une forte mobilisation du chantier autour de ce projet. Par ailleurs, travailler des systèmes sophistiqués et de nouveaux matériaux ne peut être qu'enrichissant. Enfin, développer et construire ce proto foiler nous permet aussi d'assoir notre position en course au large et de rester à l'avant-garde technologique".
Un programme chargé
Le bateau est on ne peut plus neuf, alors il faudra naviguer avec précaution durant la phase de mise au point. Car l'objectif est de participer à la Mini-Transat 2019.
Pour cela il doit réussir le test de jauge. Ainsi, le comité de la classe mini passera le Pogofoiler au peigne fin de la jauge pour s'assurer de sa conformité.
Il faudra ensuite qualifier le Pogo Foiler en course. Le skipper Tanguy Bouroullec prendra donc le départ du Trophée Map mi-juin 2019. Accompagné d'Erwan Tymen, il s'alignera ensuite au départ du Mini Fastnet, fin juin. Enfin, restera la Transgascogne en juillet pour espérer qualifier le Pogofoiler pour la Mini-Transat 2019.
D'un point de vue de spectateur, espérons qu'il sera qualifié. Et si 2019, était l'an 1 des vols océaniques pour les minis ?