La première planche à voile débarque en France au début des années 70. En 1984, alors qu'elle fait son apparition aux Jeux olympiques, elle est déjà ultra populaire ! Facile à transporter, abordable, elle garantit frissons et sensations et a déjà été vendue à 120 000 exemplaires !
Pourtant, il faut remonter quelque vingt années auparavant pour qu'émerge l'un des loisirs les plus populaires de son temps.
Quand un gamin s'amuse
Peter Chilvers n'est qu'un enfant lorsqu'au début des années 60, il développe un concept de planche à voile pour s'amuser. Le jeune anglais est un adepte du dériveur et son invention est purement ludique. Sa planche est dotée d'une sorte de wishbone en teck, d'un joint universel au pied du mât et d'un safran manœuvrable au pied, qu'il n'utilisera finalement pas, lui préférant le vent pour choisir son cap. Cette invention tomba aux oubliettes et personne n'en entendit parler.
Une porte et une voile
Quelques années après, en 1964, l'américain Newman Darby qui pratique la plaisance sur un lac de Pennsylvanie cherche à créer une embarcation "à bras" propulsé par la force du vent. Lui vient l'idée de créer la première planche à voile en associant une voile carrée et un mât sur une planche aux faux airs de porte en bois rectangulaire qui fera office de flotteur.
Ce modèle de 3 m de long et 90 cm de large dispose d'un mât avec rotule qui ne s'oriente que latéralement et d'une voile qui se trouve dans le dos du pratiquant. Pendant deux ans, aidé de sa femme et de son frère, il va travailler sur son concept dans l'idée de déposer un brevet. En 1964, il crée sa société, la Darby Industry et lance le "sailboard" sur le marché. La planche est produite à plus d'exemplaires qu'elle n'est vendue et la société court à sa perte. Fin 65, le brevet est abandonné et le concept est oublié.
La naissance de la "windsurf"
Quatre ans plus tard, en 1968, deux Californiens Jim Drake et Hoyle Schweitzer développent la windsurfer telle qu'on la connait aujourd'hui. Cette planche à voile est déjà très aboutie car ils ont résolu les principaux freins techniques. Ces deux pratiquants de sports nautiques — la voile pour le premier et le surf pour le deuxième — mettent au point le système de joint universel baptisé diabolo, qui permet de relier la planche à la voile.
L'ingénieur aéronautique et le businessman imaginent ce système alors qu'ils travaillent sur le principe du basculement d'avant en arrière d'une voile indispensable pour diriger la planche à voile. Et grâce au système de diabolo, le gréement s'oriente ainsi en tous sens.
Les deux amis développent aussi le wishbone, la double bôme qui entoure la voile et permet de la tendre, mais aussi de la maintenir debout et de l'orienter pour se diriger. Il tire d'ailleurs son nom de l'os qui a inspiré son design, le "furcula" l'os en forme de V que l'on trouve sur les poulets par exemple.
Le brevet de la windsurfer est déposé le 27 mars 1968 et accepté en 1970. Il s'agit donc d'une planche (un flotteur) sur laquelle est fixé un gréement articulé via un système de diabolo avec une voile et un wishbone. Une dérive rétractable est installée sous la planche, en son centre, pour remonter au vent de manière efficace. Enfin, pour facilement relever la voile tombée dans l'eau, les inventeurs ajoutent un bout qui s'appellera par la suite le "uphaul" ou "tire-veille".
Les deux associés créent l'entreprise Windsurfing International. C'est l'émergence extraordinaire du windsurf (inspiré du nom de la célèbre planche). La société souhaite s'exporter et dépose également des brevets en Europe. Mais faute de moyens suffisants, elle choisit l'Angleterre et l'Allemagne pour leurs relations commerciales avec les États-Unis, au détriment de la France.
Il faudra donc attendre 1973 et le salon nautique de Paris, au CNIT pour y découvrir la première planche à voile en France et 1974, pour que démarre son importation dans notre pays. Si c'est sur nos côtes que ce sport se développera le plus rapidement, c'est un breton — Patrick Carn — qui l'importera pour la première fois en France.