Figaro 3, on a gouté au plaisir des premières glissades


Depuis la rentrée 2019, les skippers du circuit Figaro découvrent leur nouveau monotype de régate, le successeur du Figaro Bénéteau 2. Le Figaro 3 — avec ses foils — a bénéficié d'une belle communication du groupe Bénéteau, mais qu'en est-il de ses qualités marines ? Nous avons eu l'occasion de réaliser la première nav' de l'un d'entre eux. Voici nos premières impressions.

Tu veux faire le convoyage de mon Figaro 3 ?

Lorsqu'on aime naviguer sur des bateaux performants, la découverte d'un racer de dernière génération est toujours attrayante. Mais quand il s'agit d'un monotype de régate innovant comme le Figaro3, c'est franchement excitant.

Quand Tom Dolan, le prometteur skipper irlandais, m'a proposé de faire le convoyage de son nouveau Figaro 3, je n'ai pas hésité un instant.

Le bateau est à l'eau depuis seulement 4 jours. Le gros de la préparation s'est fait en atelier. Pour Tom, le skipper, c'est un peu la course avant les courses. Pour être performant, il lui faut engranger un maximum de sensations et d'expériences avant le début de la saison.

Toutes les voiles ne sont pas livrées, la déco au nom du sponsor Smurfit Kappa n'est pas encore posée, mais qu'importe, les entrainements commencent alors il faut y être.

L'étrave volumineuse est caractéristique des bateaux de course de dernière génération.

C'est la toute première navigation du bateau

Rendez-vous matinal sur le Port de Concarneau, il y a quelques menus bricolage avant d'appareiller pour Lorient distant de 35 nm. Je retrouve Tom Dolan accompagné de Julien et Pierre, deux des indispensables copains capables de préparer un bateau de course en mode "commando". Julien a déjà travaillé sur deux autres Figaro3, alors il commence à connaitre la musique. Grâce à Tom, c'est aussi leur première navigation sur le Figaro3.
On parle un peu, et vite nous découvrons que nous trépignons tous d'impatience, comme des enfants devant leurs cadeaux.

Il faut dire qu'il est sexy ce Figaro3

Technique et sportif, le design évoque la course au large et les hautes performances. Amarré au ponton, il est bas sur l'eau et apparait face à moi avec son étrave joufflue prolongée par son bout-dehors aussi noir que son mât. Mais surtout ce qui interpelle, ce sont les foils visibles de chaque côté du Figaro 3. Ces appendices lui donnent un look de proto, mais c'est bien un bateau de série de chez Bénéteau.

Le grand cockpit ouvert, il est parfaitement encombré de bouts, un vrai bateau de course !

C'est parti pour 30 milles de portant

Nous installons la grand-voile et nous sommes prêts à sortir. Nous quittons le ponton et stoppons rapidement le moteur pour naviguer dans le chenal à la voile, travers au vent.

La première sensation qui s'impose c'est la légèreté et la précision de barre. Quel régal ! En affrontant le clapot typique d'un chenal, on mesure aux mouvements du bateau toute sa raideur.

Précision de direction et raideur de la structure, ce sont des caractéristiques prometteuses pour ce bateau de course.

Le vent d'ouest-nord-ouest est seulement de 10/12 nds, mais il devrait se renforcer au large. Le ciel nous offre quelques agréables éclaircies en ce début février. En sortant de la baie de Concarneau, nous ferons quelques milles au sud en direction des Glénan avant de faire de l'Est pour rejoindre Lorient soit un total de 30Mn.

On s'active sur le pont, en quelques instants les énormes pare-battages (pour protéger les foils) et les aussières sont matossées. Enfin, on peut y aller !

De la puissance des foils

Nous réglons la grand-voile et le génois pour un bord de travers un peu appuyé. Une risée arrive, le bateau accélère gentiment, mais il gite trop et nous devons choquer pour retrouver une assiette convenable. Je me retourne pour observer le sillage, et je constate que nous ne planons pas, nous naviguons à 7.5nds.

Bien que nous soyons encore dans le chenal, Tom Dolan décide de sortir intégralement les 2 foils. À la barre, je sens immédiatement que le bateau gagne en puissance. Grâce au foil, on peut border les voiles sans se vautrer à la gite.

À l'aide des nombreux réglages disponibles, nous tendons encore les chutes des voiles. Le Figaro 3 accélère, il prend plus d'un nœud, par réflexe je tourne encore la tête vers le sillage et je m'aperçois que nous planons. Nous naviguons travers au vent et la rafale n'a pas excédé 15nds. Il en a sous le capot ce petit Bénéteau, les courses vont être palpitantes.

Les premières sensations de glisse

Après quelques minutes de navigation au travers nous sommes assez dégagés de la côte pour abattre. Car, cerise sur le gâteau, c'est au portant que nous allons à Lorient. Il est temps d'envoyer le spi : alors tous à genoux ! Et oui, en envoyant la toile on découvre que les winchs sont trop bas pour travailler debout sans se casser le dos.

En sortant de son sac, le spi produit ce bruit si caractéristique d'une voile neuve, celui d'un paquet cadeau le jour de Noël.

Le bateau est réactif et je sens immédiatement l'accélération. Chaque consigne donnée aux safrans se traduit par un placement de l'étrave. On va pouvoir s'amuser dans les surfs.

J'ai de la chance, je barre et le vent monte, les rafales atteignent les 20nds. Avec juste 1 mètre de houle, on joue sur chaque vague à plus de 12nds. À la manière d'un Mini6.50, le bateau ne surf pas seulement, il plane de vague en vague. Les visages sont tous souriants et chacun y va de son commentaire de joie.

Sillage tendu, vitesse à 2 chiffres sensations garanties. Crédit photo Julien Heureu

Le Figaro 3 est vraiment performant et donne beaucoup de plaisir.

La barre passe entre toutes les mains, on enchaine quelques empannages. Avec plus de 110 m2 de toile, il n'est pas si facile de faire passer le spi sur l'autre amure. À l'embraque, Tom pense déjà aux futurs empannages dans la brise.

On teste des réglages de foils, un bout revient au cockpit et permet de modifier l'incidence du foil. Au portant, on essaie de trouver un réglage neutre. Au près, le réglage d'incidence permettra d'augmenter la force antidérive. Au travers, on pourra obtenir plus de portance.

On découvre l'équilibre longitudinal, le vent assez instable (de 8 nds à 20nds) nous permet de remarquer que la carène est sensible au déplacement des masses. Pour garder un sillage tendu, l'équipage s'avance dans le cockpit quand le bateau ne plane plus et inversement, il recule dans les filières arrière pour soulager l'étrave à haute vitesse.

Nous sommes conquis, mais le plaisir est trop court, nous avons déjà rejoint les Courreaux de Groix. Sur ce plan d'eau, face à Lorient nous rencontrons essentiellement des figaristes qui font aussi leurs premiers bords. Chaque croisement est l'occasion de mille observations, commentaires et supputations sur les foils, les voiles ou la gite de la concurrence.

C'est passionnant de découvrir un nouveau bateau, particulièrement un voilier de course. Tous les sens sont en éveil, le mode d'emploi est à inventer, et il faut solliciter toute son expérience pour identifier les bons réglages qui se traduisent en gain de vitesse.

L'avenir de la course au large

À l'évidence, le Figaro 3 est plus fun que son prédécesseur. Ce monotype est puissant, le gennaker et le spi asymétrique laissent envisager de hautes moyennes dans la brise. La série va probablement attirer de nouveaux profils de régatiers, avides des sensations fortes autant que de courses tactiques.

Avec l'arrivée du Figaro 3, il n'y aura jamais eu autant de skippers bizuths issus de la classe mini. Ce bateau colle à son époque et séduit une nouvelle vague de coureurs. Et par ailleurs, les grands noms de la course au large s'y retrouveront aussi, à l'image de Loïck Peyron,Michel Desjoyeaux, ou Armel le Cléac'h…

Le Figaro 3 attise les passions et commence à dessiner un nouveau paysage de la course au large.

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Figaro 3 La fiche technique
10.85 mLongueur hors-tout
3.47 mLargeur - Bau
2 900 kgDéplacement lège
Voir la fiche technique du Figaro 3

Beneteau Découvrir

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