Quel est ton premier souvenir en mer ?
Mon souvenir le plus lointain c'est ma première régate de club en Optimist. Je devais avoir 8/9 ans et c'était des conditions rocambolesques. C'était à Granville et on avait force 5 et 1,5 m de clapot. C'était compliqué de voir où était le parcours et de tourner autour des bonnes bouées. Mais je m'en suis bien sorti puisque j'ai fini 5e sur 50 bateaux.
C'est mon premier souvenir vraiment marquant de ce qu'est une régate. C'était impressionnant, pour un petit bonhomme comme ça ! C'était sport, il y avait beaucoup de vent et de mer.
Quel est le déclic qui t'a donné envie de te lancer dans cette carrière ?
C'est ma première course au large en double en 2001 — la course des Lions — avec Ghislain Gendron sur mon Mini proto. Je savais que ça m'attirait de faire de la course en Mini 6.50, et j'avais envie de faire la Mini-Transat. À l'arrivée de cette double, où l'on est passé par toutes les conditions de vent, je me dis que c'était un projet pour moi.
Je voulais monter mon projet dans la foulée, mais je n'ai pas trouvé de financement ni de partenariat. Après avoir essayé vainement pendant 2 ans, j'ai continué mon travail de charpentier de marine par passion. Je faisais de la construction moderne.
N'ayant pas les moyens d'acheter un bateau pour traverser l'Atlantique, j'ai symboliquement traversé la France à pied, avec un sac à dos. J'ai ensuite continué de travailler, de faire de la régate en 470 et finalement, en 2007/2008 j'ai pu acheter un bateau de série — un Pogo 2 — pour faire la Mini. J'avais 27 ans, j'y suis allé par passion, sans me dire que ça serait le début de ma carrière professionnelle.
Je me suis vite rendu compte que je faisais de bonnes performances. J'ai obtenu 6 victoires sur le circuit en 3 ans et une place de 3e sur la Mini-Transat. Je suis ensuite passé au Figaro, circuit plus professionnel, avec des petits sponsors puis des plus gros. J'ai eu de bons résultats jusqu'à participer au Championnat de France Élite de Course au large en Méditerranée, dans l'Hérault. J'ai été Champion de France 2015 et obtenu 2 podiums sur la Solitaire du figaro. C'est le summum de mes résultats en Figaro.
Puis j'ai trouvé d'autres sponsors, Chemins d'océans et Groupe Snef, avec qui je suis aujourd'hui. On continue sur les courses en Figaro et le championnat de course au large, avec potentiellement un Figaro 3. Et l'espoir à long terme de faire un Vendée Globe.
Est-ce que tu as eu un mentor ou un autre skipper qui t'a marqué ?
J'ai l'image de quand j'étais jeune, des skippers qui participaient à la Solitaire du Figaro, au Vendée Globe, et à la Route du Rhum. Quand j'étais petit, je ne m'imaginais pas participer à des courses comme ça, et me batailler aux avant-postes.
J'ai surtout eu la petite phrase d'un ami qui m'avait dit : "3e sur la Mini transat, c'est bien, mais il faut que tu ailles chercher plus loin tes limites. Sur le circuit Figaro, si tu es 15e, ce sera tes limites. Lance-toi sur un circuit pro."
Ça m'a beaucoup guidé dans ce que j'ai fait ces dernières années. Aujourd'hui, je n'ai toujours pas trouvé mes limites et je continue d'aller les chercher en allant gagner la Solitaire du Figaro par exemple et en participant au Vendée Globe.
Quel bateau t'a laissé le meilleur souvenir ?
Ils m'ont tous laissé de très bons souvenirs. Les bateaux et les marins sont très liés. Il y a beaucoup de sentiments et d'attachement. D'ailleurs, les Anglais disent "she" pour parler de leur bateau…
Il y a bien sur le bateau de mon père sur lequel j'ai découvert la voile quand j'étais gamin ou mon Mini avec lequel j'ai traversé l'Atlantique et j'ai passé des supers moments. Mais aussi mon Figaro 2 que j'ai vendu pour passer sur le 3.
Quelle est ta plus belle réussite de marin ?
Je pense que ce sont mes 2 podiums sur la Solitaire du Figaro. C'est sûr que de traverser l'Atlantique pour la Mini est aussi une réussite. La Mini Transat est dure, mais ce n'est pas un niveau aussi exigeant que pour monter sur un podium sur la Solitaire du Figaro.
Au quotidien, quelle est ta pratique de la plaisance ?
Peu malheureusement, car j'ai peu de temps pour faire de la plaisance. J'aime faire des croisières en famille, que ce soit en Bretagne ou en Méditerranée. C'est toujours un plaisir.
Si tu n'avais pas été skipper, qu'aurais-tu fait ?
Je suis très manuel et passionné par la fabrication et l'entretien de bateaux. J'ai fait des études de menuisier/charpentier de marine et j'aurais continué dans la construction ou l'entretien de bateaux et surtout monté mon chantier naval. Ma première photo de gamin, j'avais déjà un petit voilier à la main…