Première participation sur la Route du Rhum 2018 et première victoire en Class40. Quel est ton ressenti ?
Je suis forcément satisfait parce que le résultat ne pouvait pas être meilleur. C'est l'aboutissement d'un projet pour lequel on a construit le bateau, démarché le sponsor pour trouver des partenaires pour la suite. C'est très satisfaisant ! Ça a marché ! J'ai fait un pari sur l'avenir, en misant tout sur cette Route du Rhum pour écrire la suite. J'ai tout mis dedans, mon énergie, ma famille… C'était un gros projet pour nous.
Peux-tu nous parler de ton bateau, de ses spécificités ? Il n'y a que deux exemplaires sur le marché c'est bien ça ?
Louis (NDLR : Duc) a acheté le même en 2017 et j'avoue que c'est en le voyant s'engager sur la Route du Rhum en Class40 que ça a commencé à tourner dans ma tête. J'y ai beaucoup réfléchi pendant la Jacques Vabre que j'ai faite en IMOCA en 2017.
J'ai trouvé le bateau joli et j'ai rencontré le chantier Gepeto Composite à Lorient. J'ai beaucoup aimé leur mode de travail. On a eu de très bonnes relations et on s'est engagé. J'ai rapidement pu revoir le bateau de Louis pour valider mon choix et choisir les modifications que je souhaitais. Veedol-AIC est une version modifiée de Carac, surtout au niveau du cockpit.
C'est un dessin Lombard, avec une grosse étude hydrodynamique. Il y a eu beaucoup plus de moyens que dans aucun autre Class40. C'est un très beau projet et le chantier qui l'a construit est magique, d'une précision redoutable. Tous les spécialistes du composite ont trouvé le travail réalisé remarquable.
Le bateau est solide et a été vite d'entrée de jeu. À peine mise à l'eau, on participait à la Drheam Cup, que l'on remportait. J'avais bien étudié le modèle, parce que j'hésitais aussi avec un Mach 40 V3 JPS. Je trouvais le profil rapide, et il l'a d'ailleurs démontré sur le début de la course, au reaching et au portant. Il va très vite !
Alexis Loison qui avait fait le début de la Jacques Vabre avec Louis Duc m'avait aussi conforté dans mon choix en me disant "Vas-y c'est sûr, c'est un avion !"
Même si le bateau est une fusée, il ne fait pas tout… C'est l'alliance d'un bon skipper et d'un bon bateau qui mène à la réussite non ?
Le bateau joue beaucoup. Je viens d'un circuit difficile et dans les conditions compliquées du départ, j'étais presque content. C'est ce que j'aime, je sais gérer. Je suis aussi celui du plateau qui avait le plus navigué.
C'est donc l'alliance des deux. Je suis fier de mon bateau. Il faisait mal aux autres, il est plus clean, plus dépouillé — il n'y a rien dedans c'est de la pure performance —, plus soigné aussi. Je sentais bien qu'il y avait un impact psychologique sur les autres concurrents, même au ponton. Les gens le trouvent "dur", rien qu'en le visitant ! Je l'ai mis à ma pâte et on a réussi à faire ce dont je rêvais.
J'ai beaucoup souffert pendant la course, mais c'était la vision que j'avais du bateau. Il est dur à vivre, vibre beaucoup, fait beaucoup de bruits. C'était vraiment dur, j'avais du mal à dormir, chose que j'ai rarement rencontrée. J'étais obligé de mettre un casque antibruit et mes coussins de billes ne suffisaient pas, il faut des matelas. C'est la découverte et sur ce point, c'était un peu le raté.
Le confort a vraiment manqué, il y a eu un gros impact du bateau sur mon physique. Il faut être gainé et avoir une solide préparation physique pour supporter ces conditions, ce que je n'avais pas forcément parce que je n'ai eu que peu de temps. J'ai rapidement senti que j'étais à la peine, parce que je suis plutôt du genre à faire les choses à la cool.