Livraison de Puck, notre Privilège Euphorie 5
Vendredi 8 juin 2018, nous rejoignons Les Sables-d'Olonne sur le coup 11H00, nous arrivons au chantier Privilège. Nous n'avons que l'après-midi pour déballer le strict nécessaire : faire un petit avitaillement pour le petit déjeuner et les lits.
Les jours suivants ont été consacrés au déballage et à s'organiser.
Depuis, nous sommes gentiment envahis par les ouvriers qui viennent travailler à bord pour terminer notre Puck et ce n'est pas le travail qui manque. Le principal consiste à installer les équipements dont les livraisons tardives n'ont pas pu être réalisées en atelier, les contrôles de qualité et les contrôles de bons fonctionnements. L'équipement du bateau est très sophistiqué et par exemple, les électriciens ont travaillé près de deux semaines rien que pour contrôler et tester tous les circuits et d'une manière générale l'ensemble du cahier des charges.
Une équipe présente et efficace
Au bilan, nous avons passé presqu'un mois au ponton Privilège et au cours de ce temps, des liens se créent avec l'équipe qui chaque matin embauche sur le PUCK. Mathieu le chef d'équipe, bon psychologue, anime et dirige calmement son petit monde. Clarisse la responsable des travaux minutieux. Pas la peine de vérifier son travail, il est toujours parfait. Baptiste de ECCS (ils sont les sous-traitants attitrés pour toute l'électricité du bord) qui est un homme précis. Son schéma, il le connait par cœur et servit par son expérience, il règle les défauts en deux coups de cuillère à pot.
Un départ en fête
Samedi 14 juillet 2018, pour les Français, c'est le jour de la fête nationale. Ce soir, le ciel de la France sera en feu. Pour nous, c'est aussi la fête. Notre premier pas vers la méditerranée. Pour ce galop d'essai, nous avons débuté par la station-service de la capitainerie pour faire le plein de gasoil.
Avec 620 litres, les réservoirs sont pleins et nous sommes délestés de 1040€. Vers 10h00, Cap sur Port Médoc à l'entrée de la Gironde. La distance à couvrir est de 71 Nm depuis Les Sables-d'Olonne.
Il est 18h00 lorsque notre Puck accoste le ponton. C'est l'heure de l'apéro et de profiter de notre cockpit et de la fraicheur de la brise qui nous vient du large.
Des étapes raisonnables
Demain, ce n'est pas le coq qui nous réveillera, mais le réveille-matin qui est réglé sur 05h00. Eh oui, pour l'étape suivante nous sommes tombés d'accord pour une journée pas trop longue en rejoignant Irun plutôt que Bilbao. En clair cela revient à dire que nous aurons 142 Nm à parcourir au lieu de 189. Sans le dire, je commence à espérer pouvoir voir la finale de la coupe du monde qui débute à 17h00.
Dimanche 15 juillet 2018, le jour ne s'est pas encore montré qu'à bord l'on s'active. Un petit déjeuner et ensuite c'est la promenade du chien. Pendant ce temps, je prépare le bateau pour décoller dès que Chantal sera de retour. En dernière minute, Chantal s'inquiète de la quantité de fuel qui sera nécessaire. Soit : la station-service nous tend les bras, elle est juste en face de notre ponton et à cette heure il n'y a pas affluence. Quoique !
Le ciel s'illumine doucement. Il est teinté de rouge et lentement nous glissons vers le gasoil pour compléter nos réservoirs. À 06h30, nous décrochons et si tout se passe bien, ce soir nous coucherons en Pays basque espagnol.
Une finale de mondial en plein golfe de Gascogne !
La mer est très convenable et la moyenne se situe dans les 11 kN. Vers midi, le vent se lève légèrement dans le nez du courant ce qui donne une mer moins calme. À 17h00 j'abandonne le fly bridge et je descends allumer la télé pour voir la finale de la coupe de foot. Regarder un match au milieu de l'atlantique est assez surréaliste, mais cela confirme la qualité de ces antennes motorisées qui se calent sur un satellite et ne le lâche pas. Enfin presque jamais car sur Puck, il y a un angle mort causé par le mâtereau.
Je ne verrai pas la deuxième mi-temps, car nous approchons de la marina de Fontarrabie. Elle est installée juste en face d'Hendaye et elle a l'avantage de vendre son gasoil 30 ct moins cher qu'en France. Sur 600 litres, cela en vaut la peine.
Orages pour une première nuit en Espagne
Le bateau est monstrueusement salé de partout et sans attendre, je mets tout en batterie pour le rincer. Si j'avais connu la suite, je ne me serais pas donné cette peine. À peine étions-nous à l'apéro que le ciel s'est démonté. Nous étions entourés par un nombre impressionnant d'orages. Je n'avais encore jamais vu un phénomène aussi violent. Le plus beau restait à venir. Une pluie diluvienne et en final nous avons vu la boule de feu tombé pas bien loin du port. Pour l'étape suivante, nous avons choisi Bilbao. Les bassins intérieurs qui jouxtent les trois marinas sont hyper protégés et nous espérons pouvoir mouiller l'ancre.
Mardi 17 juillet 2018, nous entrons à Bilbao. Il y a toute la place nécessaire pour s'ancrer et passer notre première nuit au mouillage. Le calme et le confort sont au rendez-vous, mais le panorama est celui d'un port de commerce.
Mercredi matin, nous sommes en mer sur le coup des 09h30 et nous mettons le cap sur Santander. Sur place, il faut décider si l'on reste au mouillage ou demander une place à la marina. Il est temps de prendre du fuel et se faisant il nous propose une place visiteur. Nous l'acceptons, car j'ai un souci avec le groupe Onan. Bien qu'il démarre, il tourne quelques instants et ensuite il se met en défaut. Je connais bien ce genre de problème. Chantal parle de mon souci lorsqu'elle est occupée à remplir les documents à la capitainerie et immédiatement ils m'envoient quelqu'un pour m'aider. Dés que la pompe est démontée, on voit clairement que le rouet de pompe est explosé et ce qu'il en reste se résume à un petit peu de caoutchouc et d'une bague en bronze.
L'importance du groupe électrogène sur un bateau suréquipé
La réparation du groupe électrogène a été facturée 40€ pour faire le travail et franchement je ne regrette pas de l'avoir fait. Car pour cuisiner sur notre Euphorie tout nécessite du 220V. Et quand on est branché au quai, il faut que la puissance électrique disponible soit suffisante pour tenir la charge du four ou de la plaque à induction. Ce n'était pas gagné, mais finalement en coupant le chargeur/convertisseur Victron, Chantal a pu cuisiner notre repas du soir. Tout est bien qui finit bien et nous allons rester deux jours à Santander.
Mauvaise météo
Ce vendredi 20 juillet 2018, nous avions pensé faire une autre étape, Gijon. En nous levant, nous sommes accueillis par un ciel bouché de chez bouché et de la pluie. Nous n'avons pas envie de faire 85 Nm dans ces conditions et nous reportons notre départ au lendemain. En cours de matinée, nous avons même allumé le chauffage, car à bord, il ne faisait pas chaud du tout.
Échouage à Santander
Dimanche 22 juillet 2018, les conditions météo semblent meilleures et nous quittons notre ponton. La sortie de la marina donne sur le grand chenal balisé. À la barre Chantal est distraite et alors que je suis occupé à ranger les amarres et pare-battage, Puck s'échoue sur un banc de sable. Je monte au fly bridge et tant bien que mal, je tente de nous dégager sans succès. Arrive le marinero et son Zodiac.
Chantal l'accueille au cockpit et moi depuis le fly, je suis toujours occupé à tenter de nous libérer des hauts fonds. Marche avant, marche arrière, mais toujours pas assez d'eau sous nos quilles et le mètre vingt de tirant d'eau.
C'est alors que les choses tournent mal. Le marinero, pas très fin, qui a reçu une de mes amarres pour me tracter laisse trop de mou dans la remorque qui vient se prendre dans l'hélice tribord. Je rage et je peste, mais par amour pour ma petite femme je n'en remets pas une couche : il est temps de trouver un plan B. Le marinero se sent éminemment responsable et il appelle le prof de plongée qui se trouve à la marina. Dix minutes se passent et enfin il est là et prêt à plonger.
Toujours demander le prix avant…
Mon inquiétude est de savoir si l'hélice ou la ligne d'arbre n'ont pas morflés. Un petit quart d'heure se passe et enfin les nouvelles sont bonnes. L'hélice est libre et apparemment il n'y a aucun dégât. D'habitude ce genre d'intervention se paie en cash et coute quelque chose comme 50/60 €. Surprise, surprise, il nous demande 300€. Il est trop tard pour discuter, car il aurait fallu le faire avant l'intervention. Il ne nous restait plus qu'à nous exécuter. Ainsi va la plaisance…
Mais la journée n'est pas finie. Dehors, la mer qui nous attend est une mer courte, cassante et par le travers. Une bonne demi-heure plus tard nous décidions de ne pas nous faire mal et de retourner dans le chenal pour y mouiller l'ancre. Pour cela, Santander est très bien. L'abri est bien protégé du vent et de la mer. Le soleil brille, les angoisses sont oubliées et nous posons l'ancre près de l'ancien club nautique.
Bonne Ambiance à Gijon
Lundi 23 juillet 2018, les prévisions météo sont optimistes. Nous pouvons partir pour Gijon. Il y a 80 Nm à faire. Dans de telles conditions, c'est un plaisir.
Gijon est une ville que nous connaissons. Pour l'approvisionnement c'est moyen mais l'ambiance est agréable avec les terrasses des bistrots peuplées d'Espagnols toujours prêts à faire la fête. Côté météo, cela se gâte à nouveau et nous y resterons trois jours. J'en ai profité pour faire faire la première vidange de mes moteurs par un agent Yanmar agréé.
Secoué à Rihadeo
Jeudi 26 juillet 2018, l'étape suivante nous mène à Ribadeo. À l'arrivée dans la baie de Ribadeo, la mer devint mauvaise et la capitainerie nous explique que même par beau temps c'est toujours ainsi lors de la renverse de la marée. Et de fait, la dernière demi-heure a franchement été pénible. On a été vachement secoué ! Ce joli petit patelin propose une marina située dans la ria. Elle n'est pas bien grande, mais elle est très bien abritée et cerise sur le gâteau, les frais de port sont divisés par deux.
Pas de souci particulier à régler aujourd'hui et comme il est encore tôt, Puck reçoit une bonne douche de rinçage.
Encore une dépression qui passe
Vendredi 27 juillet 2018, nous naviguons vers Viveiro. 63 Nm et un port très bien abrité. Il vaut mieux, car les prévisions annoncent 25/30 kN de vent avec des creux de 3 mètres pour le lendemain. Nos fesses sont bien garées et nous attendrons lundi pour connaitre l'évolution de cette énième dépression qui touche le nord Espagne. Pour notre facilité, Erosky (grande surface du nord) est en face de notre ponton. Ce sera l'occasion de faire de l'avitaillement.
30 litres/heure à 10 nœuds
J'ai fait le point sur la consommation de gasoil de ces 500 premiers Nm. Notre vitesse moyenne a été de 10 kN sauf dans la traversée du golf ou nous avons poussé le bateau à une moyenne de 13 kN. À 10 kN, nous sommes a 2200 RPM ce qui correspond au couple maxi de nos V8. Dans ces conditions, les deux moteurs avalent 30 litres de l'heure. Je sais que tout cela n'est pas forcément raisonnable, mais au point de vue des chiffres, cela est conforme aux tests du chantier. Nous étions prévenus et il ne faut pas se plaindre !!!
Un convoyeur pour la fin du trajet
Ce matin, il est 06H00 et alors que je me lève, Chantal m'annonce qu'avec cette météo pourrie qui nous poursuit depuis notre arrivée en Espagne ne pourrons pas arriver à Cannes dans les délais sauf si nous nous faisons mal en naviguant 24/24 heures. Cette perspective ne l'enchante pas du tout ! Depuis le temps que nous naviguons à nous deux, nous avons toujours pris la mer en étant parfaitement en accords et jamais en forçant la décision. Cela tombe sous le sens, nous ne le ferons pas et nous allons contacter Gilles Wagner (directeur de Privilège Marine).
Avec Gilles, l'entente est très bonne et son côté hyper positif me va bien. La solution est simple, le bateau sera pris en charge par un skipper professionnel. C'est ainsi que le 6 aout, nous avons abandonné notre PUCK, loué une voiture et pris la route de la maison. Notre moral n'était pas au beau fixe, mais nous savions que notre bateau était dans de très bonnes mains de Gulf Stream, une société rochelaise qui a très bonne réputation.
Le bateau est arrivé à Valencia le 11 aout 2018. Le skipper et son aide ont laissé le bateau dans un parfait état et ils ont déposé un rapport détaillé sur les petits défauts et les petites pannes qu'ils ont connus durant le convoyage. Rien de très important, mais des problèmes qui devront être réglés par le SAV Privilège.
L'électronique des moteurs Yanmar en défaut
Du côté des moteurs, aucun souci. Les Yanmar 8 cylindres tournent comme des horloges. Le seul souci est venu du système synchro (une fonction qui règle les 2 moteurs au même régime en n'agissant que sur une manette des gaz). Son fonctionnement est totalement aléatoire : les moteurs sont en régime croisière, la synchro est enclenchée et soudainement les moteurs se retrouvent au point mort. Pour y remédier, il suffit de repasser par le neutre, de relancer les régimes moteurs et ensuite d'enclencher à nouveau le mode synchro. C'est gênant, mais pas irrémédiable.
Une croisière aux Baléares pour finir l'été
Quelques jours plus tard, le moral était revenu et notre bateau était libre de naviguer un bon trois semaines avant de partir pour Cannes. Nous avons rejoint nos amis aux Baléares. C'est ainsi que le 18 aout 2018, nous avons pris le chemin d'Ibiza. Une mer d'huile nous a accompagné tout au long de notre traversée et vers 16H00, nous sommes arrivés à la cala Barbate où nous avons mouillé l'ancre. Ensuite San Antoni, cala Tarida et cala Conte...
Exposition au salon nautique de Cannes puis SAV avant l'hivernage
Retour à Valencia le 2 septembre 2018. C'est un peu la mort dans l'âme que nous avons de nouveau abandonné notre bateau. Les skippers pour convoyer le catamaran vers Cannes sont prévus le 7 septembre 2018. Nous retrouverons Puck après le salon et les quelques jours de SAV aux alentours du 22 septembre 2018.
L'été touche à sa fin, mais l'automne et même l'hiver à Valencia réservent toujours de très belles journées dont nous allons profiter pour naviguer et préparer le prochain printemps 2019.
Parmi les taches importantes qui concernent l'entretien du bateau, nous prévoyons une sortie de l'eau pour effectuer le carénage des coques. Il va falloir prospecter le coin pour trouver un travel lift assez large et un devis raisonnable pour rendre à notre Puck des coques polies comme neuves et faire l'entretien de tous les équipements du bord. Le secret des navigations heureuses réside dans une surveillance constante et un entretien qui ne fait pas l'économie de remplacer et rénover ce qui doit être fait.