Pour cette course en double, je pars avec Robinson, un ami qui a - entre autres - travaillé et navigué en Classe 40'. Il a une solide expérience en voile, mais par-dessus tout, on arrive très bien à s'entendre même si nous n'avions encore jamais navigué ensemble.
Un départ joliment venté
On part jeudi 4 à 14h dans un thermique bien établi à 15-20 nœuds. Après une bouée de dégagement au fond de la baie de Concarneau, la flotte de 50 bateaux est partie plein ouest, a remonté en louvoyant la baie d'Audierne et a passé le raz de Sein pour aller chercher la ''Basse du Lys'' en face de la presqu'ile de Crozon. Jusque-là tout va bien, on est dans le match et on passe la bouée de nuit bien positionné à notre place dans le peloton. Il est temps de mettre cap au sud !
Le vent disparait
Nous contournons la chaussée de Sein au petit matin alors que la pétole commence à s'établir. Nous prenons la décision d'envoyer le spi médium plutôt que le spi max, car il est beaucoup plus facile à maintenir gonflé grâce à son guindant plus tendu : un spi qui ne porte pas n'apporte pas de vitesse, mais ralentit d'autant le bateau. Jackpot !
Nous reprenons grâce à cette option tactique une poignée de places. Malheureusement notre échappée sera de courte durée. Le vent montant un peu, il est temps de changer de voile et de passer sous spi max. Mais nous ne parviendrons pas à nous maintenir aux mêmes vitesses que nos concurrents qui nous remontent un par un. À la tombée du jour, le bilan de ce bord sous spi n'est pas glorieux et nous attaquons la nuit en passant les Glénan dans la queue de flotte.
Avec la tombée du jour, le vent est revenu et nous passons la majeure partie de la nuit sous code 5 en tenant une bonne moyenne de vitesse. Nous passons le phare des Birvideaux – au nord de Belle Ile – en fin de nuit.
Le jour le plus long
À nouveau, au lever du jour le vent nous abonne. C'est une très longue journée qui s'annonce. Il n'y a pas un souffle d'air. Nous estimons notre position en arrière de la flotte, mais sans connaitre notre position réelle. Robinson – mon équipier dont c'est la première course en Mini - dira d'ailleurs que c'est ce qu'il a trouvé le plus déroutant : ne pas avoir de météo et ne pas savoir où l'on se trouve par rapport aux autres. Pour couronner le tout, le vent bascule de plus en plus au nord. Cela nous permet certes de terminer la journée au portant, mais annonce surtout qu'une fois la bouée des ''bœufs'' atteinte il faudra repartir au près.
Ça n'a pas manqué, nous passons une fois encore la marque de nuit, et repartons au près sur le chemin du retour.
De nuit au près sans réels choix tactiques
Si tout va bien pour cette dernière nuit en mer, elle reste longue et fastidieuse. Nous commençons à ressentir la fatigue accumulée et il n'y a pas grand-chose à faire pour l'équipier de quart. De nuit, au près, le pilote est beaucoup plus efficace que nous. Nous avons juste à surveiller les shifts (variations) de vent et à adapter le réglage des voiles aux variations de force du vent. Peu d'options stratégiques s'offrent à nous cette nuit, une fois que la décision a été prise de passer à l'extérieur de Belle-Ile.
Passage de la ligne de nuit
Le dernier jour de course, le vent est là. Maintenant que nous avons passé Belle-Ile, une nouvelle opportunité stratégique s'offre à nous, celle d'aller à la côte. Ce fut une bonne option qui nous permet de profiter de l'adonnante de la cote et d'une mer moins formée.
Nous finirons la course à 22h45 par une bataille mémorable avec Bubulle (#250) que nous rattrapons une centaine de mètres avant la ligne. Nous sommes le 21ebateau de série arrivé (29 au total), mais nous sommes hors temps comme la plupart des concurrents : la ligne a fermé à 14h. À cette heure-là, seuls 4 protos avaient coupé l'arrivée, tous les autres seront classés hors temps !
Une course idéal pour parfaire sa stratégie
La Duo Concarneau est une belle course, très complète : il faut gérer les courants de Sein, les dangers de la cote et il y a de longs bords de large avec des choix stratégiques. Le niveau de la Classe Mini reste très élevé. Pour preuve, la majeure partie des concurrents se tient en quelques heures après quatre jours de course…