Découverte de l'équipage
Après une pleine journée de voyage en train, en avion et en covoiturage depuis le Sud-Ouest de la France, me voici arrivé à Fort William, point d'entrée du canal calédonien et lieu de départ du SailCaledonia. C'est le moment de faire connaissance avec mon équipage. A peine déposé mon sac à l'auberge de jeunesse, je file le retrouver au pub. Si j'avais déjà croisé Claude, le skipper et concepteur du Multimono au Nautic de Paris, c'est ma première rencontre avec le reste de l'équipage. Parti de Pornic avec Alain et Jean-Jacques, il est arrivé la veille avec le bateau en remorque. Retraités, ils ont pu prendre quelques jours pour monter en camionnette jusqu'en Ecosse. Philippe vient d'arriver comme moi en avion. Après un premier haggis, la panse de brebis farcie, spécialité écossaise, nous rejoignons nos lits pour profiter d'un vrai matelas avant une semaine de camping.
Découverte du bateau et mise à l'eau
La matinée du samedi est consacrée à la mise à l'eau et au contrôle des équipements de sécurité. Je découvre Loustic, notre bateau, prêt sur sa remorque, ailes déployées. C'est en effet une caractéristique du Multimono, le modèle de voilier conçu par Claude, ancien professeur d'éducation physique. Il propose ainsi à un public néophyte une façon sécurisée de faire du rappel. Malheureusement, ces appendices ne plaisent pas au comité de course. Il nous demande de les démonter pour respecter l'esprit traditionnel, au grand dam de Claude qui tentera de négocier jusqu'au bout. Sérieux britannique oblige, le contrôle du matériel de sécurité est scrupuleux sur chacun des bateaux. Cela nous vaut de courir trouver une corne de brume, celle du bateau étant restée à Pornic.
1ère régate: une défaite avec la manière
En fin de journée, une régate sur le loch "salé" est lancée pour rejoindre notre premier bivouac, à l'entrée du canal calédonien. Malheureusement, le vent est aux abonnés absent. Dans la pétole, les voiles de Loustic ne font pas le poids face aux avirons. Nous découvrons que les règles autorisent de coupler voile et pagaies en simultanée. Pour la première et dernière fois, nous nous entêtons à refuser de pagayer et arrivons très peu après nos concurrents. Une défaite avec la manière !
Premier bivouac
A quelques pas de Fort William, nous plantons la tente face aux montagnes enneigées et au Ben Nevis, plus haut sommet du Royaume-Uni. Après une première chaleureuse soirée au club de rugby, chacun rejoint son sac de couchage. Pour entamer la première journée complète, le petit déjeuner est servi sur la péniche Ros Crana qui nous suivra tout au long du voyage.
Les escaliers de Neptune
Il est temps d'entamer l'un des passages emblématiques du canal calédonien. Les escaliers de Neptune sont une volée de 8 écluses construites entre 1807 et 1811. Elles permettent de monter de 19,5 m en seulement 457 m de longueur, un exploit qui restera inégalé jusqu'à l'ouverture du canal de Panama. La reine Victoria aurait marqué son ennui face à la lenteur de l'opération lors de l'inauguration. Bien que je convienne que cela peut être répétitif, le décor et la taille des écluses vues depuis un petit bateau donnent un charme certain à l'expérience, surtout au sein d'une joyeuse flotille de 16 voiliers.
On sort les avirons!
La journée se passe entièrement sur un canal. Pour la dernière portion, le comité lance une course d'aviron. Si le Multimono est conçu avec des postes d'aviron fixe, Claude, passionné de sport, a tenu à adapter des bancs coulissants pour l'occasion. Seul problème, ils sont interdits en course, nos concurrents des voiliers traditionnels étant dotés de bancs fixe. Qu'à cela ne tienne, nous bloquerons les bancs le temps de la régate et profiterons de la force de nos jambes en convoyage. C'est en tout cas la théorie à ce stade du SailCaledonia. Face à des bateaux légers, des concurrents affûtés et un vent de face, nous terminons en milieu de tableau. Une nouvelle nuit face à des paysages mêlant campagne et montagne, nous aide à méditer sur les modifications à apporter à nos bancs de nage, tout espérant que la météo du lendemain nous permette de hisser les voiles.