Mon bateau est l'Ofcet 6.50 #880, c'est le 4ème bateau de la série des Ofcet. Il a été mis à l'eau fin 2014 et mis à disposition de Julien Pulvé qui terminera premier de la seconde étape de la Mini-transat 2015 (2ème au classement général). Il a traversé une seconde fois l'Atlantique aux mains de Boris Pelsy en 2017. Après ces 2 transats, certaines pièces commencent à fatiguer et nécessitent de l'entretien. Mais il arrive que les failles ne soient pas repérées à temps et se transforment en avaries. Petit tour d'horizon des galères d'un Ministe.
Rupture d'une barre de flèche
Lors d'un convoyage entre les Sables et La Rochelle pour participer à un weekend d'entrainement, je naviguais par environ 20 nœuds de vent dans une mer très calme (protégé par l'ile de Ré). En plein milieu de la nuit, la barre de flèche tribord du second étage a cédé. J'ai immédiatement affalé le solent et réduit aussi vite que possible la grand-voile jusqu'au 3ème ris (jusqu'à aujourd'hui, c'est l'unique fois où j'ai dû ariser jusqu'au 3ème ris). J'ai lancé un Pan pan pan à la VHF. Le Cross est rapidement entré en contact avec moi pour que je leur expose la situation. Pour le moment je ne demande pas d'assistance mais dois monter au mat pour libérer la barre de flèche toujours fixée au hauban V2D3. J'avais pris possession du bateau à peine deux semaines plus tôt et n'étais pas encore équipé de baudrier. L'ascensions au mat a été plutôt périlleuse : sans sécurité sur un bateau balloté par les vagues à 3h du matin. A ne pas reproduire chez soi ! J'ai libéré la barre de flèche en cassant l'embout (je suis monté sans le bon embout de tournevis et n'avait pas vraiment envie de faire un aller-retour pour aller le chercher …).
J'ai rejoint La Rochelle sous GV seule arisée à 3 ris. La fin de la nuit a été longue mais je n'ai pas eu d'encombre supplémentaire. Par chance le mat est resté debout !
Je tiens à préciser que durant toute la durée de l'opération le CROSS a été très présent, me suivant à l'AIS et prenant régulièrement de mes nouvelles jusqu'à mon arrivée à La Rochelle. Très professionnel et rassurant dans ce genre de situation.
Problème d'électronique
L'électronique : Ma bête noire ! Indispensable au navigateur solitaire, il est notre meilleur ami à bord … temps qu'il fonctionne correctement ! J'ai eu des soucis lors de la Pornichet Select 6.50 où mon pilote n'a jamais démarré, me forçant à utiliser mon pilote de spare toute la course. Il a fallu renoncer à tout espoir de résultat correct.
Même si je n'ai pas de certitude quant à l'origine de la panne, je soupçonne un mauvais contact d'un fil qui a bougé lors des contrôles sécu. Lors de ces contrôles, il est demandé de sortir le bib situé à l'arrière. Pour le refixer, il faut se glisser dans la galerie sous le cockpit où est également installé tout l'électronique. Quelque chose s'est probablement accroché et a tiré sur un fil.
Après la course j'ai repris toutes les connections et le pilote a refonctionné correctement … jusqu'au weekend dernier, lors d'un entrainement avant la Mini Fastnet.
Cette fois ci le problème est différent. Ce sont les informations vents qui présentent des signes de défaillances mettant en défaut le calculateur et donc le pilote. Dans l'ordre : les informations qui nécessitent les données de vent se coupent une à une, l'afficheur NKE freeze, le calculateur bip, signalant que le pilote a été déconnecté.
Une solution a été proposé par l'électronicien des Sables d'Olonne (Robin Marine) : débrancher un par un les périphériques jusqu'à trouver celui qui fait bugger la centrale de nav'. On a logiquement commencé par la girouette, ce qui semble résoudre le problème, mais - évidement - prive des informations de vent. On m'a prêté une girouette pour faire des essais et confirmer que la source du problème vient bien de là-haut. Je n'ai pas encore testé, affaire à suivre …
Talonner : L'erreur stupide
À vouloir trop couper les angles, on finit par passer trop près des côtes. Il m'est arrivé de talonner en rasant d'un peu près les plages de l'ile de Ré. La quille a frotté contre le sable, le bateau s'est couché et le safran tribord a tapé contre des cailloux. Ce jour-là, on naviguait en double. On a affalé le spi en urgence et on a fait giter le bateau au maximum. Mon équipier a sauté à l'eau (safran qui touche = moins d'un mètre d'eau) pour essayer de pousser le bateau et le sortir de cette mauvaise passe.
Nous avons rapidement libéré le #880. De retour au port j'ai constaté les dégâts : la quille n'a rien, mais l'extrémité du safran est abimé. Ce n'est "que" du composite, il sera rapidement réparé.
C'est une faute stupide qui aurait pu être facilement évitée. La prochaine fois je serai moins gourmand. Mais je me rassure en me disant que même Tabarly a déjà talonné.
Comme tous les bateaux, un Mini demande de l'attention et beaucoup de temps pour le maintenir en forme. Un entretien rigoureux et soigneux permet de limiter les déconvenues et les risques d'avaries. Mais parfois la panne survient là où on ne s'y attend pas. Je pense qu'après deux années de course j'aurai encore beaucoup d'autres histoires de galères à raconter et ces quelques péripéties ne sont qu'un début.