Les multicoques de croisière sont souvent lourds et volumineux. Prendre la barre, souvent hydraulique, n'offre aucun plaisir, à tel point que l'on en arrive à rapidement la confier au pilote automatique. Cette description est valable sur un catamaran. Mais totalement inexacte dès que l'on parle de trimaran.
Un seul safran sur la coque centrale
Prenons l'exemple du Neel. Ce trimaran (disponible en 3 modèles : 45, 51 et 65 pieds avec bientot un nouveau modèle attendu : le neel 47) a fait le choix de n'avoir qu'un seul safran installé sous la coque centrale. Ce choix architectural est dicté par plusieurs objectifs dont le premier est d'offrir le meilleur touché de barre aux navigants.
En effet, le Neel est équipé d'un seul safran très profond. Sa longueur ne nuit pas au tirant d'eau puisqu'il est protégé par l'aileron de quille. Étroit et profond, le profil est efficace sans forcer sur la barre.
Un chemin de drosse direct
Avec un seul safran, le chemin des drosses est très simple. Restant dans la coque centrale, elles reviennent vers un seul secteur avec un cheminement très simple depuis la barre à roue. Cela évite les frottements, exactement comme la barre d'un monocoque. Les angles très faibles des drosses offrent un circuit court et efficace. En plus les drosses et le secteur restent très accessibles dans la coque centrale. Cet accès facilite les réglages pour obtenir la meilleure tension et limiter le jeu.
L'adoption de 2 safrans (un sur chacun des flotteurs) aurait impliqué d'imaginer un circuit complexe vers les 2 secteurs, obligeant à passer en barre hydraulique ou bien de passer en système de câbles push/pull, deux solutions techniques qui suppriment toutes sensations de barre. Voilà pourquoi elles n'ont pas été retenues.
Retour dans la barre
Un trimaran navigue comme un monocoque : il gîte. Moins qu'un monocoque, certes ! Mais le voilier prend tout de même entre 6 à 8° de gîte. Au près, le flotteur sous le vent qui s'enfonce dans l'eau sert de plan antidérive.
À la barre, les sensations sont identiques au monocoque. Le bateau réagit, il est vivant. Même le Neel 51, répond aux moindres sollicitations du barreur. Le bateau "parle" avec des remontées d'information dans la barre.
C'est souvent lors d'essai du bateau que les langues se délient et que les sourires apparaissent : les barreurs sont enchantés et ne veulent pas céder leur place. Cette question du "plaisir de barre" est un réel sujet que se posent les prospects dans l'acquissions de ce type d'unité. Avec un Neel, on ne pense pas systématiquement à enclencher le pilote automatique, même si ce dernier reste très performant et confortable.