À faire soi-même, on économise !
Après l'achat du Mooring 474 PC à Tortolat, il ne nous restait plus qu'à retrousser nos manches et opérer les quelques 2500 heures de main-d'œuvre nécessaires au "lifting".
Nous sentant un peu lassés par le poids des ans, nous commençâmes par solliciter deux ou trois devis, afin d'éventuellement faire partager les joies et satisfactions du refit à quelques courageux artisans de rencontre.
La réception des premiers chiffrages modifia considérablement notre vision du projet. Il fut promptement décidé de revenir à la bonne vieille méthode de nos vingt ans : se "taper" un max de boulot nous-mêmes…
Et le courage revint
Une ToDoList longue comme le bras !
Sitôt installés à bord, une 'liste de travaux à faire" fut dressée.
Ce n'était déjà pas de la listounette de bricoleur, genre "fermer les volets", ou "changer la caisse du chat".
Il y avait déjà du "lourd" là-dedans… Et, on voyait bien que ce n'était qu'un début.
Pour commencer, il nous fallait, au plus vite, aller chatouiller quelques embruns pour en savoir un peu plus sur le comportement "à la mer" de notre Lady.
Une première navigation de cent milles (Tortolat – Saint-Martin), droit dans le vent, en l'occurrence un brave alizé d'une vingtaine de nœuds, nous renseigna, sans hésitation, sur les quelques lignes suivantes de LA liste.
La Lady, un bateau de Mickey ?
Avant de partir, un vieux capitaine noueux, tout décrépi, tout usé de la carcasse, se déplaçant avec peine et une canne en bois, ayant décelé notre projet d'acquisition de la Lady nous avait déclaré, en aparté et en anglais : "Vous allez acheter ça ???!!! Mais c'est un bateau de Mickey… C'est tout juste bon pour faire le cacou dans les iles et lutiner des coquines, mais on ne peut pas aller en mer avec ça…". Un philosophe, off course.
C'était occulter un peu prestement le fait que ces canotes, non contents d'avoir été étudiés dans un cabinet d'architecture de renom, et de porter la signature d'un architecte connu et respecté, sont tous venus aux Caraïbes par la mer depuis leur chantier de construction de Capetown, en Afrique du Sud. Une petite traversée de 6000 milles, tout de même…
Le fly est en trop !
Rock'n roll : C'est pourtant le vocable qui vient à l'esprit pour qualifier ce convoyage Tortola / Saint-Martin, effectué avec des conditions ordinaires, soit un alizé d'une vingtaine de nœuds.
C'est que, perché au premier étage, là où se trouve le poste de pilotage, l'inconfort est manifeste.
Impossible de s'abriter de la pluie dans les grains, et nécessité absolue de se cramponner tout le temps pour ne pas se faire éjecter de son poste de pilotage.
J'avais déjà une bonne aversion, auparavant, pour le côté "verrue inesthétique" de cet étage incongru, lui reprochant d'enlaidir considérablement le bateau.
Cette navigation de seulement quelques heures ne me fit pas changer d'avis.
Honnêtement, je ne me voyais pas faire des quarts de nuit dans ce contexte.
Il est devenu rapidement très clair que l'ablation pure et simple s'imposait, et dans les plus brefs délais.
Cette première navigation fut donc la seule accomplie dans cette configuration.
Cure d'amaigrissement sévère
Une semaine plus tard, j'avais démonté tous les instruments, câbles électriques et autres tuyaux hydrauliques, et transféré le poste de pilotage dans le carré, à la table à cartes.
Premier chantier "copieux", duquel allaient découler deux ou trois changements du même tonneau…
Sur toit tout a débarqué. Le poste de pilotage après son transfert a disparu. Tous les appareils ont été démontés et déplacés "en bas", à l'exception du volant remplacé par la molette d'un pilote.
Le bimini, "chapeau de Lady" (environ 400 kg !!!) a pris son envol et atterri sur le toit de l'"House-boat" du voisin.
Et la barre ?
L'opération de "descente" au rez-de-chaussée du poste de pilotage avait fait une "laissée pour compte" : la barre à roue .
La Lady ne pouvait, désormais, s'orienter qu'avec l'aide de ses deux moteurs.
Situation tout à fait supportable, certes, mais un peu inhabituelle et pas très recommandée.
La table à cartes avant et après le déménagement
Il fut décidé de l'équiper d'un deuxième pilote, doté, celui-là, d'un bouton moleté qui contrôle les gouvernails par simple rotation. En somme, une mini-barre à roue de deux centimètres de diamètre…
Le nouveau poste de barre ainsi constitué se révéla très vite beaucoup mieux adapté à notre style de navigation. Nous y sommes à l'abri par tous les temps, les mouvements du bateau y ont une moindre amplitude, et tout est à portée de main (on peut, simultanément, contrôler le bateau, siroter une bière et caresser un sein ! C'est vous dire…).
Équipé d'un fauteuil de bureau de bonne facture, il vous accueille pendant des heures sans fatigue.
Dans l'épisode suivant, l'auteur nous explique comment il a amélioré la visibilité du poste de barre.