Les conditions sont rudes pour l'Hermione et son équipage. La frégate a quitté La Rochelle le 21 février dernier direction sa première escale, Tanger au Maroc. Le Commandant Cario s'était alors réjoui de bénéficier de conditions de vent exceptionnelles pour sortir rapidement du golfe de Gascogne, redouté en hiver. Des vents d'Est (qui ont d'ailleurs glacé l'Europe ces derniers temps) on permit à l'Hermione de "degolfer" en seulement 2 jours avec une belle vitesse moyenne.
L'équipage s'attendait à pouvoir tirer de longs bords en Atlantique, mais ce système météorologique, baptisé "Moscou-Paris" a perduré. Cette haute pression s'étalant très largement sur l'Atlantique Nord a bloqué le passage classique des dépressions atlantiques, qui atterrissent généralement sur nos côtes ouest et celles de la Manche. Elles ont alors glissé en bordure de cet anticyclone pour échouer inhabituellement dans l'entonnoir de Gibraltar : des côtes portugaises au Maroc. L'endroit même où se trouvait l'Hermione.
L'équipage a donc agi en conséquence en descendant les vergues les plus hautes sur le pont pour diminuer le fardage et donc le roulis de la frégate. L'arrimage des canons a été doublé et des lignes de vie ont été installées sur le pont. "Depuis dimanche dernier, nous affrontons des creux de plus de 4 à 8 mètres et des vents jusqu'à 50 nœuds (90 km/h), avec une houle de travers. À plusieurs reprises, le commandant a dû mobiliser sur le pont l'ensemble des 78 membres de l'équipage pour manœuvrer le gréement et les voiles en toute sécurité. Aucun dégât n'est à déplorer à bord et l'équipage s'est très bien comporté, malgré la fatigue" a déclaré Yann Cariou, commandant de l'Hermione.
Vu que la situation météorologique ne devrait pas franchement s'améliorer ces prochains jours, la décision a été prise de se mettre à l'abri ou dans un port le long des côtes espagnoles ou portugaises. Mais les côtes étant trop exposées au vent d'Ouest Yann Cariou a donc décidé, en concertation avec l'association Hermione — La Fayette, armateur du navire, de poursuivre vers le Maroc dans l'idée de mouiller dans la baie de Tanger.
Mais au vu des conditions météo, la rade ne se présentait pas comme le meilleur abri. L'équipage a donc continué sa route et traversé le Détroit de Gibraltar pour mouiller en baie Fnidek sous Ceuta. L'Hermione a enfin pu jeter l'ancre dans la nuit du 2 au 3 mars.
L'équipage qui n'a pas arrêté de manœuvrer, de jour comme de nuit, est fatigué et va désormais pouvoir se reposer. L'Hermione devrait y rester au mouillage jusqu'à la date de son escale tangerine (9 au 12 mars) à moins que les conditions météo s'améliorent. Elle pourra alors reprendre la mer et les gabiers pourront ainsi continuer leur formation.