Records, navigations, chantiers... Chaque skipper de la désormais récente Classe Ultim 32/23 (et pas que...) chouchoute sa monture pour la fameuse Route du Rhum. Une transatlantique entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), aussi connue que le Vendée Globe, considérée comme le Graal des multicoques, qui se déroule tous les quatre ans. "La Route du Rhum est aux multicoques ce que le Vendée Globe est aux monocoques... c'est dire !" indique l'écurie Gitana dans son communiqué. Tous s'activent donc pour rendre leur bateau le plus performant possible. Ce sera aussi l'occasion de confronter tous ces trimarans géants de dernière génération, avant une course autour du monde dédiée fin 2019.
À commencer par Armel le Cléac'h, qui sillonne l'Atlantique en équipage sur son Maxi Banque Populaire IX, récemment mis à l'eau fin octobre 2017. Après une première transatlantique réalisée en moins d'une semaine, le skipper Banque Populaire a quitté la Guadeloupe le jeudi 15 février dans une configuration qui doit permettre lui permettre de s'essayer majoritairement au faux-solitaire. C'est-à-dire que les membres de l'équipage ne l'aident pas dans les manœuvres. Un entrainement incontournable pour la Route du Rhum.
François Gabart, revenu de son Tour du Monde en solitaire en grand vainqueur le 17 décembre 2017 récupère après un début d'année fatigant (plateaux TV, interviews...). Le record est bel et bien derrière lui, et désormais, son objectif c'est la Route du Rhum. Son trimaran Macif est désormais en chantier avec notamment l'objectif d'installer de nouveaux foils et sera remis à l'eau en juin 2017.
Francis Joyon aussi optimise son trimaran IDEC Sport (qui ne fait pas partie du Collectif Ultim). Le trimaran poursuit sa transformation. "Outre les révisions d'usage, le bateau subit de nombreuses modifications, les plus importantes depuis que le maxi-trimaran est entre les mains de Francis Joyon, l'objectif étant de disposer d'une monture fiable et optimisée pour la navigation en solitaire en vue de la Route du Rhum dont le départ sera donné le 4 novembre prochain. Pour cela un chariot et un rail neufs ont été installés, permettant ainsi un gain de 30 kg. De nouveaux safrans vont également prendre place. Quant aux foils d'origine, leur modification devrait assurer une poussée du bateau supérieure de 30 %. Enfin, le vélo signe également son grand retour, déjà présent sur Groupama 3, il permettra à Francis d'être plus performant lorsqu'il sera seul maître à bord.
Peinture, antifouling, le maxi-trimaran soigne également son allure et devrait être fin prêt pour sa mise à l'eau prévue dans un mois, suite à laquelle les entraînements reprendront afin de pouvoir apprécier tout le travail mené !" indique l'équipe du skipper sur son compte Facebook.
Gitana a quitté l'eau fin janvier pour sa nouvelle base sur le terre-plein de Keroman, non loin de la Cité de la Voile Éric Tabarly. Pendant 3 mois, le trimaran va être optimisé après une intense période de navigation : près de 15 000 milles entre sa mise à l'eau en juillet 2017 et sa sortie d'eau fin janvier. L'équipe s'est lancée dans un chantier de révision et de fiabilisation comme l'explique Pierre Tissier, directeur technique : "Le Maxi Edmond de Rothschild est passé au peigne fin. Nous démontons tous les systèmes pour révision (mécanique, hydraulique, électronique...) ou réparation, comme cela est le cas pour les foils. Après leur casse sur la Transat Jacques Vabre, nous avons pu identifier qu'il ne s'agissait pas de problèmes structurels, mais bien de défauts mécaniques. Nous avons minimisé l'impact de la mer sur le foil au vent et le blocage de ce dernier... ce défaut de conception sera rapidement gommé sur la base des foils existants qui sont réparables."
Ces 3 mois de chantier seront également l'occasion d'apporter quelques optimisations, à commencer par le système de barre ou encore la production d'énergie. Enfin, en vue du programme solitaire qui attend Sébastien Josse, l'ergonomie du cockpit sera affinée pour permettre au marin de disposer d'un bateau pleinement taillé pour le défi sportif qu'est la Route du Rhum.
Pour s'entrainer, Sébastien Josse a choisi un programme d'entraînement essentiellement tourné vers le large. "L'objectif étant de préparer la Route du Rhum, soit une traversée de plus de 3 000 milles, nous avons programmé deux transatlantiques entre mai et juillet. Un aller entre Cadix et San Salvador, qui offre des conditions de navigations très proches de celles de la Route du Rhum et un retour au départ de New York pour éprouver le bateau dans les conditions un peu plus viriles de l'Atlantique Nord. L'idée est de partir sur des tracés connus avec des références de timing, mais pas nécessairement sur un mode record. Pour faire des records, il faut avoir les conditions météorologiques parfaites et pour cela faut avoir du temps à consacrer au stand-by, ce qui n'est pas notre cas cette année" explique le skipper.
Depuis le 18 décembre, Sodebo Ultim' (Thomas Coville) est également en chantier à Vannes (Multiplast) et y passera tout l'hiver. Qu'adviendra-t-il d'Yves le Blévec, dont le trimaran Actual a chaviré le 14 décembre 2017, et qui pour l'instant se concentre sur sa saison en Mach6.50. Le bateau est désormais perdu, mais le Actual a confirmé son adhésion au sein de la Classe Ultim 32/23.