Un don qui donne son nom au phare
Un siècle après la mort de son grand-oncle Charles-Marie Le Dall de Kéréon (enseigne de vaisseau de la Royal mort guillotiné à l'âge de 19 ans en 1794), Amiclée Lebaudy offre 580.000 francs à l'administration pour la construction d'un phare entre Molène et Ouessant, à condition qu'il porte le nom de Kéréon. C'est environ plus de la moitié du prix de la construction. L'administration accepte et lance la construction.
Construit sur la Pierre hargneuse
Le phare est bâti sur un rocher qui porte le nom de Men Tensel (la Pierre Hargneuse en breton). Il est à 2 milles au sud-est de l'île d'Ouessant, dans le passage du Fromveur (dont le nom breton signifie "grande frayeur", un passage connu pour ses très violents courants de marée qui peuvent atteindre 9 nœuds)
Le palace des Enfers
Entamée en 1907, sa construction dura 10 ans dans des conditions extrêmes, voyant même la mort de son chef de chantier. Grâce aux dons, le phare eu le droit à ce profil massif et fut doter d'une salle avec un plancher orné d'une rose des vents en marqueterie et des lambris en chêne de Hongrie.
Cette riche finition le fit surnommer "le Palace des enfers" par ses gardiens. Alimenté en pétrole jusqu'en 1972, il est désormais électrifié grâce à une éolienne et est automatisé. Depuis 2004, date de la dernière relève, il ne reçoit plus la visite et l'entretien des gardiens. Heureusement classé au titre des monuments historiques le 31 décembre 2015 avec d'autres phares monument, il sera ainsi préservé.
Délimite le passage du Fromveur
Toujours en service, sa hauteur est de 41m (38m par rapport au niveau de la mer) et sa portée de 17 milles. Son feu blanc avec un secteur rouge, 1 éclat long-1 éclat court toutes les 24 secondes, signale les récifs à fleur d'eau qui se trouvent dans son Sud.
Sa situation dans cette zone mal pavée, balayée par les courants et les gros coups de vent du large, en fait une vedette pour les photographes. Nombreux sont ceux qui ont immortalisé ce phare au cœur de la tempête. Les photos les plus connues sont celles de Jean Guichard qui a consacré sa vie de photographe aux phares.