François Gabart s'apprête-t-il à devenir le marin le plus rapide au monde en solitaire ? Lui qui était parti le 4 novembre dernier pour battre le record du tour du monde en solitaire sur son trimaran Macif n'en espérait pas tant, comme il nous l'avait confié lors d'une interview. "Oui c'est possible, mais ça va être très difficile, presque impossible. (NDRL : De battre le record de Thomas Coville). Ce n'est pas être défaitiste de dire ça. On peut y croire, mais ce qu'a fait Thomas est incroyable ! Le battre d'une seconde serait déjà exceptionnel. Si j'ai la chance de le battre de plus d'une seconde, ce serait génial. Si je le bats de plusieurs jours, c'est merveilleux."
Au départ, le jeune marin prend un peu de retard, passant l'Équateur le 10 novembre — au bout de 6 jours — en retard de 3 h 34 sur le temps de référence. Mais ensuite, il enchaine les succès, raflant tous les records :
— Record de distance en 24 h en solitaire avec 851 milles au compteur le 14 novembre
— Record absolu au Cap de Bonne-Espérance après 11 jours 22 heures et 20 minutes, le 16 novembre
— Record au Cap Leeuwin en 19 jours 14 heures et 10 minutes, le 24 novembre
— Record de la traversée du Pacifique en 29 jours 03 heures et 15 minutes, le 3 décembre
— Record de l'Équateur après 36 j 1 h et 30 min, le 10 décembre
Et grappillant mille après mille une avance incroyable sur son prédécesseur. Il enregistre d'ailleurs aujourd'hui 2691 milles d'avance ! Il est désormais en passe de devenir une légende avec un tour du monde express bouclé en 43 jours et un passage de ligne ce dimanche 17 décembre au matin. Pour l'instant, comme il l'explique, il est évolue désormais derrière une dorsale anticyclonique qui, comme lui, se déplace vers la Bretagne.
"Je suis juste derrière une dorsale anticyclonique, c'est le dernier obstacle entre Brest et moi. Je bute un peu dedans, mais heureusement, elle n'est pas statique et elle avance vers la Bretagne. Je vais avoir du mal à la doubler, donc l'enjeu, c'est d'essayer de grappiller tout ce que je peux sur cette dorsale en la contournant par le nord où il y a encore un peu de vent. Je vais donc avoir une route très nord, en passant probablement pas très loin de l'Irlande. Ensuite, en Mer Celtique, entre le Fastnet et l'Angleterre, j'espère que le vent va rentrer, ce qui me permettrait de finir avec un peu d'air. Comme la ligne d'arrivée est entre le Cap Lizard et Ouessant, il n'est pas impossible que je coupe la ligne plus vers le Cap Lizard, on verra avec la cellule météo en fonction de comment le vent revient dans la nuit de samedi à dimanche. Pour le moment, les ETA donnent plutôt une arrivée dimanche matin assez tôt, 5-6 h TU (6-7 h en France)."
Un retour à terre appréhendé
Retrouver la terre ferme quand on vient de passer plus de 40 jours en mer n'est un pas un moment facile. Alternant entre joie de retrouver ses proches et questionnement sur le fait de se retrouver fortement sollicité, François Gabart a surtout peur d'être très fatigué, comme il l'explique "J'ai bien évidemment hâte de retrouver la terre et mes proches, mais oui, il y a une petite appréhension. Elle est plus liée à mon état de fatigue assez avancé : je sais qu'il va y avoir du monde, des sollicitations, que la transition va être un peu brutale. Ce n'est pas si simple à gérer, parce que tu n'as pas envie de décevoir les gens qui viennent t'accueillir et en même temps, tu ne sais pas si tu auras l'énergie suffisante."