Erwan Le Draoulec (Emile Henry) s'impose sur cette 2e étape de la Mini-Transat La Boulangère, entre Las Palmas et le Marin (Martinique). En franchissant la ligne d'arrivée ce jeudi 16 novembre à 2 h 50'15'' (heure française), il remporte la victoire en série.
Déçu de sa 4e place sur l'étape 1 entre La Rochelle et Las Palmas, le plus jeune skipper qui compte 20 printemps a pris tous les risques pour prendre la tête de la flotte, jusqu'à reléguer ses plus proches adversaires à près de 100 milles. Ainsi, le benjamin de la course sur son Mini Emile Henry a repoussé très loin les limites de ce que pouvait encaisser son bateau. Barrant de préférence la nuit pour essayer de prendre le meilleur sur ses concurrents, il n'a pas hésité à se faire mal. Mais il y a aussi pris peu de plaisir, comme il l'a expliqué à son arrivée...
"J'avais emmené un livre, je n'ai jamais pensé à le lire. Je barrais, je mangeais, je dormais, je faisais mes besoins, une véritable vie animale. C'était un cauchemar, le bateau était trempé en permanence. Je n'ai jamais affalé, j'allais à l'avant pour consolider mon bout-dehors. Pour dormir quand j'étais sous pilote, je mettais mon casque avec des livres audio, j'ai réécouté tout Harry Potter. C'était le seul moyen d'éviter le stress alors que le bateau filait parfois à 18 nœuds sous pilote. Mais je n'ai jamais rien lâché. Il y a juste les deux derniers jours où dans les grains j'ai affalé le grand spinnaker. Je me disais que ce serait trop bête si proche du but de tout casser. Mais auparavant, j'ai vraiment attaqué. Je savais que je risquais de démâter, mais j'étais parti dans l'idée que je n'avais que vingt ans, et que j'aurais l'occasion d'en refaire une de Mini-Transat. Je n'en ai pas profité, je n'ai pas eu de plaisir. J'aimerais bien retraverser l'Atlantique, mais tranquillement pour profiter. Le moment clé de la course, ce fut juste après le passage du Cap-Vert. Avec Clarisse, on a bien négocié le dévent des îles et à la nuit tombée, j'ai attaqué comme un fou, d'autant plus que je savais que Tanguy Bouroullec s'en était moins bien sorti. Cette nuit-là, j'ai fait des pointes à 23 nœuds. C'est incroyable ce qu'on peut leur faire subir à ces bateaux. Ensuite, dans mon coin, je n'appelais plus personne, je me suis préoccupé de ma course uniquement. Le résultat est là, mais j'étais tellement sous tension que je n'ai pas vraiment eu de plaisir..."