François Gabart est rapide et aligne des vitesses entre 30 et 40 nœuds. Il a d'ailleurs passé plusieurs heures à plus de 40 nœuds (74 km/h) et atteint des pointes à 46 nœuds (85 km/h). Ayant accumulé plusieurs milles d'avance sur Thomas Coville dès le départ, il a ensuite pris du retard sur le recordman du tour du monde, cumulant près de 170 milles de retard. En effet, s'il frisait les 45 nœuds en pointe et les trente nœuds de moyenne jusqu'aux Canaries et possédait une avance de 120 milles à l'entrée du Pot-au-Noir, il enregistrait deux jours après 140 milles de débours au passage de l'équateur.
La Zone de Convergence Tropicale (ZCIT) que François Gabart a dû traverser en plus d'une journée n'a clairement pas été favorable, surtout que pour s'en extraire, le solitaire a dû réaliser une parabole vers l'Ouest qui l'a fait frôler la longitude 34° Ouest dans une position moins favorable pour déborder ensuite les côtes brésiliennes. En comparaison, Thomas Coville avait pu avaler ce Pot-au-Noir quasiment sans ralentir et en sortant sur le trentième, soit près de 200 milles plus à l'Est.
C'est donc avec un léger retard — mais en adéquation avec son temps de passage qu'il a franchi ce 10 novembre 2017 l'Équateur.
Le skipper du trimaran Macif aura donc mis moins de 6 jours pour franchir ce cap symbolique. Il a passé la ligne séparant l'hémisphère nord de l'hémisphère sud après 5 jours 20 h 45 min, avec un retard de 3 h 34 sur le temps de référence de son prédecesseur (5 j 17 h 11' 52" par Thomas Coville).
"C'était un de nos critères de départ : nous nous étions dit que si nous avions une météo qui pouvait nous permettre de descendre à l'équateur en 6 jours, il fallait partir. Il y a quand même un peu de déception de ne pas battre le record, d'autant que j'y croyais, mais c'est la vie et il y en a un qui est plus gros, plus beau, après…"
En effet, la configuration météorologique de l'hémisphère Sud apparaît très favorable pour la suite de ce tour du monde en solitaire… Et il aligne de nouveau des vitesses à plus de 20 nœuds, réduisant ainsi le retard à 60 milles...
François Gabart va devoir grignoter les milles pour passer à plus de soixante milles des rives de Recife afin de ne pas se retrouver dans la zone tampon due à la percussion des alizés d'Est sur le relief brésilien. Une configuration qui l'oblige à maintenir un cap un peu plus Sud-Est dans une brise désormais stabilisée au secteur Est. Mais d'ici 24 heures, le trimaran pourra commencer à libérer les écoutes dans un vent qui va progressivement s'orienter au Nord-Est devant Salvador de Bahia, puis franchement se renforcer en prenant une composante Nord à l'approche du cap Frio : une dépression est en cours de formation au large de l'Argentine !
C'est ce phénomène météo qui peut en quelques heures totalement inverser la tendance, car il devrait glisser ensuite vers les Quarantièmes Rugissants en repoussant l'anticyclone de Sainte-Hélène. En naviguant sur le dos de cette dépression dans deux jours, François Gabart peut très rapidement entrer dans les mers du Sud et franchir la longitude du cap de Bonne-Espérance en moins de deux semaines, ce qui serait alors une superbe entame pour aborder l'océan Indien, puis le Pacifique. Et cette fois avec une avance de plus d'une demi-journée sur le temps de référence !