Début de stand-by
François Gabart et son trimaran Macif sont désormais prêts pour leur record de Tour du monde en solitaire en multicoque, détenu par Thomas Coville depuis le 25 décembre 2016. Le skipper vient de débuter sa période de stand-by et attend désormais la bonne fenêtre météo pour s'élancer autour du globe. Le skipper de Sodebo était parti le 6 novembre 2016 pour battre le record jusque là détenu par Francis Joyon de 8 jours 10 heures, 26 minutes et 28 secondes ! Avec un temps de parcours de 49 jours 3 heures 7 minutes 38 secondes, il passait donc sous la barre symbolique des 50 jours... Un défi difficile à relever.
"Aujourd'hui, une fenêtre météo s'envisage à peu près jusqu'à l'équateur. Ce que l'on cherche en premier, c'est un bon temps jusqu'à l'hémisphère sud. Au moment de partir, nous avons évidemment une petite idée sur ce qui nous attend au niveau de la transition entre l'Atlantique Nord et les dépressions de l'Atlantique Sud, mais cela reste très aléatoire. Il faut croiser les doigts pour que l'enchaînement se passe bien derrière", explique François Gabart.
Simplifier la procédure de départ
Avec son équipe et la cellule de routage, le skipper de Macif a simplifié au possible la procédure de départ, comme il l'explique "L'avantage d'un record en solitaire, c'est que nous n'avons pas la contrainte d'un équipage à rapatrier. En revanche, nous avons quand même une trentaine de personnes qui travaillent sur le projet et qui ont donc besoin d'une information claire. C'est aussi important d'informer le public, pour que les gens viennent éventuellement nous voir le jour du départ et qu'ils puissent suivre l'aventure."
Choisir le bon moment
Pour partir, on suit un code couleur, du rouge au vert, en passant par le orange. "Couleur rouge, cela signifie que rien ne se dessine, on indique à ce moment-là le nombre de jours devant nous durant lesquels nous sommes sûrs de ne pas partir. Cela pourra être très court comme cela pourra durer quatre-cinq jours, ce ne sera jamais beaucoup plus. Ensuite, on passe au orange si une fenêtre se dessine, et enfin au vert si on décide de partir" détaille François Gabart, qui décidera du go final.
La cellule de routage, un élément indispensable
Pour choisir le jour du départ, mais aussi pour faire les bons choix stratégiques tout au long de son parcours, François Gabart pourra compter sur l'expertise de Jean-Yves Bernot, routeur, avec lequel il travaille depuis le début du projet Macif. Ce dernier l'aidera dans son analyse météo et lui donnera les options de route à suivre en fonction des bulletins.
"Je connais Jean-Yves depuis mes débuts en course au large en Figaro, mais déjà, lorsque je faisais de l'Optimist, je lisais et relisais ses bouquins ! Au-delà de son expérience et de sa compétence qui sont indiscutables, c'est quelqu'un de très pédagogue, capable d'expliquer simplement des choses très compliquées".
C'était déjà lui qui était aux côtés du skipper de Macif lors de ses victoires sur la Transat Jacques-Vabre 2015 et The Transat bakerly en 2016 (le routage n'était pas autorisé sur The Bridge). Il a d'ailleurs noué une véritable relation de confiance avec celui qu'on surnomme "le sorcier" sur les pontons.
"Elle est totale et indispensable, parce que ce sera sans doute la personne avec laquelle je vais le plus échanger pendant le tour du monde. Jean-Yves sera mon équipier, mon alter ego à terre. Cette relation fonctionne dans les deux sens : je pense qu'il a également confiance en ce que je suis capable de faire sur le bateau et dans ma capacité à appliquer la stratégie qu'il me suggérera."
Jean-Yves Bernot sera par ailleurs entouré de Julien Villion, qui travaille avec lui depuis plusieurs années, mais également de trois membres de l'équipe du trimaran Macif : Antoine Gautier, Guillaume Combescure et Emilien Lavigne.
"L'idée est de s'appuyer sur l'expertise de Jean-Yves en routage pur, mais également sur des personnes ayant une bonne connaissance du trimaran MACIF. Antoine, Guillaume et Emilien travaillent sur le bateau toute l'année. Les deux premiers ont participé à The Bridge, ils sont à même de fournir des informations précieuses à Jean-Yves et Julien sur la façon de le mener dans telles ou telles conditions. C'est aussi la raison pour laquelle ces derniers ont beaucoup navigué à mes côtés lors de sorties d'entraînement. C'était important qu'ils prennent bien la mesure du bateau, qu'ils voient son comportement dans du vent, dans pas de vent, le jour, la nuit…"
Dès le début du stand-by et pendant tout le long du record, la cellule de routage sera opérationnelle sans interruption. L'objectif sera de proposer à François Gabart les meilleures trajectoires possibles pour battre ce record avec très peu de marge de manœuvre.
"Pendant le record, ils seront au travail en permanence, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à analyser les situations météo, à réfléchir, à faire tourner les routages, à me fournir des réponses si j'ai des questions, mais également à traiter les données qui arriveront du bateau", détaille le skipper de Macif. "C'est vrai que c'est un domaine que j'apprécie, j'aime bien y passer du temps, confronter mes points de vue, mais il faudra peut-être que j'accepte de temps en temps de me laisser davantage guider pour ne me concentrer que sur la performance", conclut-il.