Qu'est-ce qui t'a motivé à prendre le départ ?
Je naviguais en régate et en croisière. Quand j'ai découvert le Mini ça alliait les deux : le plaisir d'être en mer sur plusieurs jours et le côté régate. C'est différent que de rentrer tous les jours au port.
C'est mon conjoint qui m'a fait découvrir le Mini. J'ai fait une Transgascogne avec lui en 2011 et 6 mois après j'achetais mon Mini. Je voulais retrouver l'ambiance de la classe, l'ambiance des pontons. Comme on est en solitaire, on va beaucoup plus facilement vers les autres. On vit un peu les mêmes histoires, les mêmes difficultés pendant la course. Il y a une espèce de proximité qui se crée et qui ne se crée pas autant dans les courses d'équipages. Après je n'ai jamais fait de course d'équipage au large. J'ai bien aimé l'ambiance, j'ai bien aimé le support qui est super fun et bien sûr être en mer, en course.
Tu as trouvé dans cette classe ce que tu étais venu chercher ?
Oui complètement. Et surtout c'est diversifié, il y a de tous les profils. Des futurs pros ou des gens comme moi qui sont là plus pour l'aventure, des budgets différents, des boulots différents. C'est vraiment ça que je cherchais. Je n'étais pas parti dans l'idée : je vais faire la Mini-Transat. J'avais envie de toucher à ce bateau, de tester. La Mini-Transat n'était pas un objectif en soi dès le début. J'y suis allé très progressivement. D'abord : est-ce que j'allais aimer le solo ? On n'est jamais sûr. Au début j'avais juste envie d'essayer. Puis je me suis rendu compte qu'il y avait tout type de personnes qui faisaient ça, alors pourquoi pas moi.
Donc je me suis lancé, j'ai fait une, puis deux courses en double la première année. Puis j'ai eu un problème au genou, j'ai fait ma qualif', j'ai eu un petit garçon. Ça a été une période entrecoupée d'autres évènements. L'année dernière j'ai navigué et je me suis rendu compte que j'arrivais à la fin du projet, mais je ne voulais pas le terminer comme ça. Au fond j'avais envie d'aller jusqu'au bout.
Donc cette transat marquera la fin de ton parcours en Mini ?
Oui, j'aimerais bien vendre le bateau. Ça fait 5 ans, c'est un super bateau, mais j'ai envie de le vendre. Mon conjoint a un Figaro donc je repartirai naviguer un peu avec lui. Mais je vais me mettre un peu en stand-by parce que c'était une année un peu sport. Après on verra. Je me suis autorisé cette aventure, ça a été pas mal de concessions financières, de concession de temps, de concessions familiales. Le bateau ne va pas disparaitre de ma vie, les courses non plus, mais ce n'est pas un objectif professionnel pour moi.
Raconte-nous les bons, et les moins bons moments que tu as vécu à bord ?
Le moment le pire et le plus beau moment ont été pendant la qualif'. Le plus beau moment c'était au large de Marseille, un coucher de soleil – ou un lever, je ne sais plus… - rose et violet avec des minis méduses bleues. Il y en avait un champ plein avec le ciel tout rose. J'étais juste bien … un moment magique.
Il y a eu plusieurs moments difficiles, mais le pire c'était toujours pendant la qualif'. Je savais qu'il y avait une cartouche qui arrivait, il fallait que je m'arrête. Il y avait force 9 annoncé. En qualif', on n'est pas en course, on est seul. C'était trop violent pour ma traversée de la Sardaigne à Naples. Je venais de passer une nuit en mer difficile au-dessus de la Sardaigne, il n'y avait plus trop de vent, ça allait repartir dans 12 heures, mais trop fort. Il fallait s'arrêter au port, ça me déprimait. Il restait encore la moitié du parcours de la qualif'. Je me disais "mais qu'est-ce que tu fous là …". Un gros moment de bad.
Pourquoi as-tu choisi ce bateau ?
Le Pogo 2 ? Parce que c'est un bateau facile, polyvalent. Et celui-là parce qu'il me plaisait bien. J'adorais son nom [Mini Doudou NDLR], il était bien entretenu, il n'avait pas été trop utilisé même s'il a déjà fait une transat.
L'as-tu personnalisé ?
Juste la déco intérieur. Même si ce n'est pas une optimisation. Par contre par rapport aux autres, je suis beaucoup plus cosy. Je n'ai pas un jetboil, j'ai la cuisine standard des Pogo 2. C'est plus pour le côté confort. Après j'ai une pile à combustible, mais je fonctionne essentiellement aux panneaux solaires. J'ai 100 watts sur le tableau arrière et 2 x 50 watts que je déplace à l'extérieur. Quand il y a du soleil, il n'y a que ça qui fonctionne. Ça marche vraiment bien. La pile c'est juste au cas où. Je me suis permis de la prendre parce que j'avais un sponsor, mais à la base je n'en avais pas.
Pour l'accastillage je suis équipée Karver. C'est un peu différent. Le bateau était équipé Karver donc je les ai appelés pour savoir s'ils étaient d'accord pour faire un partenariat. J'aimais bien leur matériel, ils étaient d'accord donc on a fait ce partenariat. Il n'y en a pas beaucoup qui sont équipés Karver.
Comment s'organise ta vie à bord ?
Je suis beaucoup à l'intérieur. J'ai pas mal de phases de repos, mais je me réveil souvent pour voir mes voiles et la situation.
Je me suis mis un rythme sur la paroi du roof. J'espère pouvoir le respecter : rentrer le point dans le journal de bord ; un peu d'hygiène ; un peu de check matériel ; les collations …
Quel est le programme de ces dernières heures avant le départ ?
Accueillir les gens qui sont venus visiter le bateau. C'est en mode vernissage. La famille qui vient, qui marque des petits mots. Demain lever et préparation mentale. J'ai un petit garçon donc ce sera lever 8h, pas le choix. À 11h30, on doit être ici, ça va aller vite.
Le bateau est prêt, j'ai envie de partir. Je me suis arrêtée de bosser depuis juillet, je prépare ça depuis tellement longtemps que je suis prête. J'ai hâte de partir, les conditions vont être correctes, il y a juste un peu de vent à venir au Finistère.